La croisade pro-extrémistes d’Elon Musk suscite colère et inquiétude en Europe
Déjà proche de Giorgia Meloni en Italie, le patron de Tesla et soutien de Donald Trump irrite en soutenant les néonazis de l’Afd en Allemagne ou l’extrême droite au Royaume-Uni. L’internationale chère à Steve Bannon n’est pas morte. Les démocrates s’en offusquent et s’en inquiètent, Guy Verhofstadt en tête.
Notre ancien Premier ministre Guy Verhofstadt, désormais retraité du parlement européen et président du Mouvement européen international, est scandalisé. “Musk soutient un agitateur extrémiste emprisonné après les Allemands de l’Afd, écrit-il sur X, le réseau… d’Elon Musk. Et quoi ensuite?… Nier l’Holocauste?”.
Le sage libéral commente de la sorte un post épinglé par Musk réclamant la libération de Tommy Robinson, un activiste d’extrême droite britannique condamné en octobre dernier à dix-huit mois de prison ferme. Cette décision de justice faisait suite à des propos diffamatoires tenus à l’encontre d’un réfugié syrien, après que le justice lui ait déjà intimé l’ordre d’arrêter.
Ce n’est pas la première intervention de Musk dans les affaires Européennes et cela commence à irriter fortement.
“Un test pour les Européens”
“2025 sera un grand test pour les Européens”, “soulignait avant cela Guy Verhofstadt. En citant les dangers qui nous assaillent: interférences étrangères, populisme, impérialisme russe, Trump, crise de la productivité. “Les pro-Européens doivent être aussi audibles et radicaux que les nationalistes”, soulignait-il.
Fin décembre, notre ancien Premier ministre relayait déjà un message de Jens Spahn, député de la CDU allemande, s’indignant du soutien affiché publique par Elon Musk à l’Afd, alors que des élections législatives anticipées ont lieu chez nous voisins le 23 février. “L’Afd veut quitter l’OTAN, réactiver Noth Stream 2, est anti-US, pro-Poutine et pro-Russie. Est-ce cela que les Etats-Unis veulent, une Allemagne qui se détournent d’eux et se tournent vers la Russie?”
Elon Musk est de longue date un proche de Giorgia Meloni, la Première ministre “post-fasciste” italienne. Il soutient Nigel Farage, chantre du Brexit et leader d’un parti anti-migrants au Royaume-Uni. Les Britanniques, d’ailleurs, s’offusquent désormais ouvertement de son ingérence, alors qu’ils multiplient les messages affirmant que le gouvernement travailluset est illégitime et qu’il faut de nouvelles élections.
“Une offensive antidémocratique”
Ce faisant, Elon Musk marche sur les traces de Steve Bannon, mandaté par Donald Trump lors de son premier mandat présidentiel pour réunir une “internationale nationaliste” en nouant les contacts avec les partis d’extrême droite. Marine Le Pen (Rassemblement National) ou Tom Van Grieken (Vlaams Belang) faisaient aussi partie de cette “famille” au même titre que de nombreux représentants d’Europe centrale et de l’Est.
Ancien journaliste, partisan des théories du complot, Steve Bannon est sorti de prison peu avant la réélection de Trump. Selon des médias américains, il aurait vivement critiqué Musk lors d’une de ses interventions en lui suggérant “d’analyser l’histoire politique moderne” – preuve, s’il en fallait encore une – que la place prise par l’entrepreneur ne satisfait pas tout le monde chez les partisans de Trump.
Dans sa chronique du jour, l’éditorialiste du monde Sylvie Kauffmann évoque cette “offensive antidémocratique” d’Elon Musk: “En bon langage diplomatique, cela s’appelle de l’ingérence, du type de celle en provenance de Moscou, que les gouvernements européens dénoncent régulièrement. S’ingérer dans les campagnes électorales par la désinformation, par le financement de partis extrémistes ou par des campagnes de dénigrement pour déstabiliser les régimes démocratiques, c’est une méthode dans laquelle excelle le Kremlin. Que Washington ou Mar-a-Lago se l’approprient est encore plus déstabilisateur.”
Mais elle s’interroge, aussi: “Combien de temps durera le tandem Trump-Musk ? Elu pour quatre ans, M. Trump a souligné récemment que M. Musk ne pourrait jamais l’être : il n’est pas né aux Etats-Unis. Grande dame du journalisme technologique, Kara Swisher est encore plus cruelle : Elon Musk « aurait pu être le prochain Steve Jobs, écrit-elle. Il a choisi de devenir Howard Hughes », l’excentrique milliardaire texan mort dans la démence en 1976.”
Elon Musk va-til se brûler les ailes?
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