La Belgique sera-t-elle au prochain sommet des alliés de l’Ukraine à Paris ? “Je pense qu’il va m’inviter”

Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi la tenue d’un sommet le 27 mars à Paris avec Volodymyr Zelensky et des alliés de Kiev, dans le cadre de la coalition des volontaires. La Belgique en sera ?
“L’objectif pour moi jeudi c’est d’abord qu’il y ait un engagement réitéré et explicite et peut-être un peu spécifié sur les soutiens de court terme à l’Ukraine”, a-t-il affirmé à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles.
Ce nouveau sommet, qui fait suite à une première édition à Londres début mars, interviendra après des pourparlers conduits par les États-Unis avec la Russie et l’Ukraine en vue d’assurer une trêve limitée, prévus lundi en Arabie saoudite.
Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer tentent de mettre en place cette coalition de pays soutenant l’Ukraine depuis que le président américain Donald Trump a ouvert des discussions directes avec la Russie le mois dernier dans le but de mettre fin à trois ans de guerre.
“On a fait un gros travail avec les Britanniques sur les conditions d’encadrer le cessez-le-feu et donc là je pense que ça va être l’occasion d’en discuter et de le préciser”, a déclaré Emmanuel Macron.
“L’objectif ensuite est de préciser les différents niveaux de soutiens à l’Ukraine après la paix, celui à une armée ukrainienne et celui éventuellement de déploiement”, a-t-il ajouté.
“Je pense qu’il va m’inviter”
“Je pense qu’il va m’inviter”, a répondu à Belga le Premier ministre belge Bart De Wever, interrogé à l’issue du sommet. Il souligne l’apport, parmi les pays partageant des positions pro-ukrainiennes, de pays non-UE comme le Canada, le Royaume-Uni, la Norvège, l’Islande, l’Australie, “le Japon peut-être, il y a aussi un rapprochement de l’Inde, j’ai l’impression”.
“Ce monde nouveau, très rapidement créé de par les actions de M. Trump, comporte beaucoup de risques et de défis, mais aussi beaucoup d’opportunités. Ma question est: volontaires pour faire quoi ?”, a exposé Bart De Wever.
“J’ai plaidé pour plus de structure dans ce groupe. M. Macron a pris la main, je lui en suis très reconnaissant parce qu’il a montré le visage de l’Europe au moment où on avait vraiment besoin d’un visage de pouvoir, alors que Trump déteste les institutions de l’Union européenne (…) J’espère que cette structure va nous aider encore pour faire face à des défis non seulement militaires, mais aussi sur le plan économique, des tarifs… Ça reste à voir…”
Avoirs russes
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, l’UE a imposé une série de sanctions à l’encontre de Moscou, dont un gel des avoirs russes. Quelque 210 milliards d’actifs de la Banque centrale de Russie sont ainsi bloqués dans l’UE. Le sujet est sensible pour la Belgique, puisqu’une grande partie de cet argent est logé au sein de la société Euroclear, basée à Bruxelles.
Ces avoirs génèrent des revenus et les Vingt-sept avaient décidé d’utiliser ces “profits exceptionnels” pour rembourser des prêts à l’Ukraine. Des voix se sont élevées ces dernières semaines pour aller un pas plus loin en confisquant les avoirs russes gelés.
Interrogé mercredi en comité d’avis sur les questions européennes, le Premier ministre belge Bart De Wever a qualifié de “non-sens” la possibilité de confisquer la “tirelire de Poutine”, un acte qu’il voit comme “dangereux” pour la Belgique.
“Il faut être extrêmement prudent, certainement en tant que Belge”, a-t-il souligné, pointant les risques juridiques, financiers, voire systémiques d’une confiscation de cet argent. Les montants immobilisés représentent près de la moitié de notre PIB, a-t-il invoqué. “Sans parler du fait que confisquer des moyens souverains d’une banque centrale est un acte de guerre”, a-t-il ajouté.
Immobilisés jusqu’à la fin du conflit
Maintenir gelés les avoirs russes permet en outre de les utiliser comme monnaie d’échange pour négocier avec Moscou, a expliqué un diplomate, mercredi.
“Soumis à la législation de l’UE, les avoirs de la Russie devraient rester immobilisés jusqu’à ce que la Russie mette fin à sa guerre d’agression contre l’Ukraine et la dédommage pour les dégâts causés par cette guerre”, stipulent les conclusions du Conseil européen publiées jeudi.
Les dirigeants se disent également prêts à “accroître la pression sur la Russie, notamment par de nouvelles sanctions et en renforçant l’application des mesures existantes, y compris de nouveaux moyens et mesures pour contrer leur contournement, afin d’affaiblir sa capacité à continuer à mener sa guerre d’agression”.
Comme lors du sommet extraordinaire du 6 mars, le chapitre de conclusions sur l’Ukraine a été adopté à 26, sans la Hongrie. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban -proche de Vladimir Poutine et pro-Trump-, a décidé de ne plus suivre la position européenne dans ce domaine.
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