La Belgique de De Wever soutient l’Ukraine, mais veut apaiser l’hystérie face à Trump

Bart De Wever a accueilli Volodymyr Zelensky, ce jeudi 6 mars. (Belga)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le Premier ministre a assuré le président ukrainien Volodymyr Zelensky de son soutien. Après avoir été absent de la séquence intense des derniers jours. Son ministre de la Défense, Theo Francken, insiste sur la nécessité de préserver le lien avec les Etats-Unis. La Belgique joue l’équilibriste. Du côté francophone, on entend surtout Maxime Prévot, moins Georges-Louis Bouchez.

Cela valait bien une photo et un message de circonstance. Avant le Sommet européen, notre Premier ministre, Bart De Wever, a accueilli le président ukrainien, Volodymyr Zelensy, à Bruxelles.

L’occasion d’affirmer le soutien de notre pays: “L’Ukraine peut continuer à compter sur notre soutien. Notre pays ne peut pas accepter que des décisions concernant l’avenir de l’Ukraine et la sécurité de l’Europe soient prises sans l’Ukraine et ses alliés européens”. Pour autant, la Belgique reste en retrait sur ce dossier.

Zelensky, chahuté dans tous les sens ces dernières semaines avec les incidents à répétition avec le président américain, Donald Trump, a également rencontré la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, en préambule au Sommet. Avec ces mots: “Nous sommes très reconnaissants de ne pas être seuls. Et ce ne sont pas seulement des mots. Nous le ressentons. C’est très important que vous ayez envoyé un signal fort au peuple ukrainien.” Parlait-il de Bart De Wever? Pas sûr.

La Belgique face à “l’hystérie”

Le baptême du feu de notre Premier ministre est poussif. Lors de sa première apparition au Conseil européen, il avouait lui-même avec humour que certains se demandaient qui il est. Informé par visio-conférence après la première rencontre importante de Paris, absent du Sommet de Londres initié par la France et le Royaume-Uni, il skiait ces derniers jours. Le voilà désormais confronté au débat existentiel européen.

Son ministre des Affaires étrangères, Maxime Prévot (Les Engagés), a occupé le devant de la scène, y compris durant sa mission économique en Inde. Messages? “L’Europe doit pouvoir compter sur elle-même plutôt que sur d’autres pour assurer sa défense”. Mais aussi: “Il ne s’agit pas de tourner le dos aux Etats-Unis, mais de ne plus regarder que dans une seule direction”. Un exercice d’équilibriste

Il est vrai que les sensibilités au sein de l’Arizona témoignent d’une volonté de garder raison dans contexte très émotionnel. “Quelle hystérie”, s’écriait voici cinq jours Theo Francken (N-VA), ministre de la Défense. En précisant: “Je ne jette pas 75 ans d’OTAN après cinq semaines de Trump.” Le nationaliste rappelait que jusqu’à preuve du contraire, les garanties de sécurité américaine restent de mise, au-delà du discours disruptif du locataire de la Maison Blanche.

Ce 6 mars, le même Theo Francken parle d’un “jour historique” pour l’Europe qui “réveille sa sécurité”.

“Les États-Unis restent un allié, ça c’est sûr, ramasse Bart De Wever. Dans l’OTAN, il faut regarder au-delà d’une administration, d’un président. Mais on ne peut pas nier que M. Trump a plein de surprises et ce sont surtout des mauvaises surprises pour nous. Donc renforcer le pilier européen dans l’OTAN, ça me semble très nécessaire et très urgent.”

Un laboratoire de l’Europe

Comme toujours, notre pays est un laboratoire de l’Europe, qui rassemble ses sensibilités. Pas de discours solennel voire “guerrier” comme ce fut le cas du président, Emmanuel Macron, face aux Français. Pas de grande gesticulations, mais la nécessité d’adopter une voie médiane.

En Europe, les partisans de la ligne dure face à Trump et Poutine doivent également composer avec l’Italie de Giorgia Meloni, qui réaffirme sa foi en “l’Occident’, voire du Hongrois Viktor Orban, davantage enclin à croire en la volonté pacifique des deux présidents américain et russe.

Certes, la Belgique ne pèse pas grand-chose, désormais, mais sa ligne de crêtre diplomatique reste intéressante à suivre.

Et, cela dit en passant, on entend moins Georges-Louis Bouchez, président du MR, sur ce sujet pourtant brûlant. Cela, aussi, est peut-être significatif.

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