La BCE souffle le chaud et le froid

Christine Lagarde, BCE © Getty Images
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

La BCE maintient ses taux, salue la baisse des pressions inflationnistes, mais souligne en même temps que celles-ci sont encore présentes. Difficile donc de dire ce que la BCE décidera en septembre.

Comme on s’y attendait, la Banque centrale européenne a décidé, lors de sa réunion de ce jeudi, de ne pas toucher à ses taux directeurs. Le taux de la facilité de dépôt reste ainsi à 3,75%, le taux principal de refinancement se maintient à 4,25% et le taux de la facilité de prêt marginal à 4,50%.

Pas de clarification

On attendait cependant une clarification sur ce que ferait la BCE à la rentrée, en septembre. Allait-elle poursuivre directement son cycle de baisse des taux entamé en juin ? Mais rien n’est moins sûr.

D’un côté, le conseil des gouverneurs observe que « les informations disponibles confirment globalement la précédente évaluation des perspectives d’inflation à moyen terme. Si, parmi les mesures de l’inflation sous-jacente, certaines ont augmenté en mai sous l’effet de facteurs ponctuels, la plupart ont été stables ou ont légèrement diminué en juin ». C’est donc une bonne nouvelle. La BCE s’attendait à ce que la hausse des salaires ne se répercute pas directement sur les prix de vente, mais soit en partie financée par les marges des entreprises. Et c’est ce qui s’est passé. Il n’y a donc pas eu de spirale prix-salaire.

Autre élément qui pourrait assouplir la BCE, c’est la constatation qu’à l’heure actuelle, sa « politique monétaire maintient des conditions de financement restrictives ». Cela signifie que la politique actuelle continue à combattre l’inflation et que si les tensions inflationnistes s’apaisent, la BCE pourrait lâcher du lest.

L’inflation encore au-delà des objectifs

Mais rien n’est simple. « Les tensions sur les prix d’origine interne demeurent fortes, les prix des services augmentent à un rythme élevé et l’inflation globale devrait rester supérieure à l’objectif   pendant une grande partie de l’année prochaine » souligne la BCE. L’objectif est en effet de ramener la hausse des prix à environ 2%, mais nous n’y sommes pas encore. Les projections des économistes de la BCE donnent pour cette année un indice des prix harmonisé en hausse de 2,5%, pour passer à 2,2% en 2025 puis 1,9% en 2026. La dynamique haussière des prix des services, notamment, se poursuit.

« Le Conseil des gouverneurs est déterminé à assurer le retour au plus tôt de l’inflation au niveau de son objectif de 2 % à moyen terme. Il conservera les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif, aussi longtemps que nécessaire, pour atteindre cet objectif. », ajoute la BCE. Si aucune bonne nouvelle sérieuse n’intervient cet été, la réunion de rentrée pourrait maintenir les taux européens encore au niveau actuel pour s’assurer d’étouffer l’inflation. Lors de la conférence de presse qui a suivi cette décision, la présidente de la BCE, Christine Lagarde a une fois encore souligné que les décisions de la BCE dépendraient des données statistiques, et qu’aucune tendance sur la direction des taux n’était fixée.

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