Javier Milei l’économiste fou qui veut faire exploser l’Argentine

Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Dollarisation et « bitcoinisation », réduction drastique de l’administration et des impôts, le programme politique du nouveau président argentin va méchamment secouer le pays.

L’élection à la présidence du pays  d’un libertaire ultralibéral, un anarcho-capitaliste, un ennemi des banques centrales, un défenseur du bitcoin et de la dollarisation, risque de chahuter méchamment l’économie argentine et sans doute tout le continent latino-américain.

D’abord un retour en arrière. Si Javier Milei a pu être élu, c’est parce que la politique économique argentine a failli : avec un taux d’inflation qui cette année, selon la banque d’Argentine, devrait atteindre 185 % et avec un près d’un Argentin sur deux (40,1% pour être précis) vivant sous le seuil de pauvreté c’est à dire avec moins de 1,9 dollar par jour, la population était à bout et prête à un grand changement.

Le fruit de l’hyperinflation

Avant la pandémie, 80 pesos argentins permettait d’avoir un dollar. Cet été, il en fallait 660. Et après l’élection de Javier Milei, il en faut 1100.  Pauvreté, désillusion et hyperinflation on l’a vu en Allemagne dans les années 30, ne pousse pas l’électeur vers les partis traditionnels.

Le changement, le voilà : il s’appelle Javier Milei, est diplômé en économie, et a fait de la tronçonneuse un symbole politique. Il veut couper dans les dépenses publiques, éradiquer une classe politique qu’il dit corrompue et fermer, ni plus ni moins, la banque centrale. Il est bien décidé à abandonner l’outil de politique économique, estimant que tout est dans la liberté de l’individu.

Milei est influencé par l’économiste américain Murray Rothbard, qui est un des pères fondateurs de l’anarcho capitalisme et du libertarianisme. Son principe premier est celui de la non-agression, personne n’a le droit d’utiliser la violence physique (ou de menacer de l’utiliser) à l’encontre d’une autre personne ou de sa propriété. En conséquence, l’État n’a pas le droit de porter atteinte à la liberté et de lever des impôts. Javier Milei prend donc position pour des baisses drastiques des impôts, la suppression des subventions publiques, la privatisation et la libéralisation totale de l’économie. Il se dit en faveur du marché des organes. De même, le peso, clame-t-il, «  est la monnaie émise par les politiciens argentins et vaut donc moins que des excréments. Ce déchet n’est même pas bon comme fumier ». Milei, que ses propres partisans appellent « el loco » (le fou), a promis de faire exploser le système.

Comme Trump et Bolsonaro

En fait, sous ses dehors anarchiques, Javier Milei a également repris, pour cajoler l’extrême droite conservatrice, une série de recettes de Donald Trump et de Jair Bolsonaro, deux personnages dont il se dit d’ailleurs très proche. Javier Milei, qui a lui aussi été vedette de télévision, prône par exemple la suppression, sauf exception, du droit à l’avortement (qui est une « atteinte au droit de propriété du fœtus) et la liberté de port d’armes. Quant au changement climatique, il l’appelle « l’agenda socialiste » et il n’y croit pas.

 Difficile de dire ce que sera l’Argentine sous son programme, sinon que l’on craint un chaos plus important encore qu’aujourd’hui, et un défaut de paiement massif. Mais les supporters du bitcoin sont aux anges. La montée de Milei dans les sondages puis son élection a boosté la crypto monnaie, qui valait 28.000 dollars le 22 octobre et qui en vaut aujourd’hui 35.000.

En revanche, les banquiers espagnols suent de grosses gouttes. Les banques ibériques sont les plus exposées au risque argentin. Elles ont des créances totalisant 24 milliards de dollars.

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