Janet Yellen est arrivée à Pékin: de nombreux sujets de friction économique sont au menu

Janet Yellen

La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen est arrivée jeudi à Pékin pour un voyage de quatre jours en Chine destiné à stabiliser les liens économiques entre les deux puissances rivales.  

Sa venue intervient au moment où certains responsables politiques américains appellent à un “découplage” des deux économies pour réduire la dépendance de Washington au géant asiatique, dans un contexte de montée des tensions géopolitiques.

Voici leurs principaux sujets de friction.

Réduction de la dépendance

La montée des tensions géopolitiques entre Pékin et Washington et les risques qu’un conflit ferait peser sur les chaînes d’approvisionnement mondiales poussent certains responsables politiques américains à prôner un “découplage” des deux économies pour réduire la dépendance au géant asiatique.

Cette vision remet radicalement en question la mondialisation effrénée, les délocalisations et transferts de technologies qui prévalaient depuis quatre décennies entre les deux pays.

L’administration Biden parle plutôt d’une volonté de “réduire les risques”, une formulation plus diplomatique qui n’implique pas de couper nécessairement tous les ponts.

Mais dans l’ensemble, il s’agit de “la même chose”, indique à l’AFP la chercheuse Lindsay Gorman, du cercle de réflexion américain German Marshall Fund (GMF).

L’objectif, selon elle? “Arrêter la montée en puissance” chinoise.

Semi-conducteurs

Il s’agit du principal point de friction.

Ces dernières années, Washington a mis sur liste noire des entreprises chinoises pour les couper des chaînes d’approvisionnement en technologies américaines, en particulier ses puces les plus avancées.

Les semi-conducteurs font vivre l’économie mondiale moderne et se nichent dans tous types d’appareils électroniques, des ampoules LED aux voitures ou smartphones. 

La Chine, qui cherche à devenir autonome dans ce domaine, estime que ces mesures visent à maintenir la suprématie américaine et entraver son développement.

Pékin a annoncé lundi des restrictions sur les exportations de deux métaux rares, indispensables aux semi-conducteurs et dont elle est le principal producteur. 

Cette mesure dévoilée avant l’arrivée de Janet Yellen est largement perçue comme des représailles.  

Dette

La dette sera aussi au menu des discussions, qu’il s’agisse de l’importante ardoise américaine envers Pékin ou de la stratégie controversée de la Chine de prêter aux pays en développement, qui ont depuis du mal à rembourser.

“La question est de savoir si la Chine est sur le point de parvenir à un accord avec le Sri Lanka ou le Ghana sur les conditions d’une restructuration officielle de la dette”, explique à l’AFP Brad Setser, ancien haut responsable du Trésor et désormais au Council on Foreign Relations (CFR), un centre de réflexion américain.

La visite de Mme Yellen est donc une opportunité pour Washington pour coordonner les efforts avec Pékin dans l’aide aux pays en développement endettés.

Technologies

C’est un autre champ de bataille: ces dernières années, les groupes technologiques chinois suscitent la méfiance à l’international, en raison des implications pour la sécurité nationale de leurs liens avec le gouvernement chinois.

Washington a mis en garde notamment concernant les équipements de Huawei, l’un des géants du secteur, estimant qu’ils peuvent servir d’outils pour l’espionnage d’Etat, ce qu’a vivement nié Pékin.

Quant au réseau social TikTok, propriété du Chinois ByteDance, il a suscité l’inquiétude des parlementaires américains sur la sécurité des données pour les usages américains et le potentiel de cette application comme outil de propagande du Parti communiste chinois.

Taxes 

Les taxes douanières mises en place dans le cadre de la guerre commerciale lancée par l’ex-président américain Donald Trump rajoutent aux tensions entre les deux puissances.

Pour Lindsay Gorman, il est peu probable que Washington accepte de les alléger, “surtout pas de façon unilatérale”.

“En fonction de ce qui a été dit publiquement, je ne pense pas que ce soit la priorité dans l’agenda” de Mme Yellen à Pékin, estime-t-elle.

Climat d’affaires 

Enfin, le climat d’affaires pour les entreprises américaines présentes en Chine est de plus en plus semé d’embuches, à l’image des perquisitions et enquêtes lancées ces derniers mois à l’encontre de certaines d’entre elles.

La nouvelle mouture de la loi anti-espionnage, plus stricte et entrée en vigueur le 1er juillet, est source de “beaucoup d’inquiétudes pour les groupes étrangers”, note Edward Alden, du CFR.

“Si le dialogue reprend, alors les investisseurs étrangers vont reprendre un peu confiance dans le fait que l’investissement en Chine est un projet sur le long terme”, ajoute-t-il.

A l’inverse, si tout indique que la relation prend le chemin d’un découplage, “le plus intelligent pour les investisseurs étrangers sera de chercher l’issue de secours”.

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