Jamie Dimon, banquier le plus connu du monde, et futur ministre des Finances de Trump ?
Le candidat républicain à la présidence songe à l’emblématique patron de la toute-puissante banque JP Morgan, Jamie Dimon, véritable icône à Wall Street, pour diriger l’économie et les finances de l’Oncle Sam. Portrait.
Déjà après l’élection de Donald Trump, il avait été approché par pour être secrétaire au Trésor. Jamie Dimon refusera-t-il une deuxième fois ? Le CEO de JP Morgan a certainement écouté l’interview de Donald Trump publiée ces jours-ci par Bloomberg. Dans un entretien accordé à l’agence de presse américaine publié mardi, l’ancien président Donald Trump laisse entendre, en effet, qu’il qu’il songe à nommer le big boss de JP Morgan au poste de secrétaire au Trésor, s’il remportait l’élection du 5 novembre : “J’ai beaucoup de respect pour lui, oui. (…) Est-ce que j’envisagerais de le nommer ministre des Finances si je gagnais les élections ? Oui bien sûr”, dixit Donald Trump.
L’oreille du pouvoir
Info ou intox ? En coulisses à Washington, Jamie Dimon a en tous cas l’oreille du pouvoir. A 68 ans, c’est le seul patron de banque américain à avoir survécu à la crise financière de 2008. Et cela fait maintenant 20 ans qu’il dirige sa banque avec une énergie que même un cancer de la gorge et une attaque cardiaque n’ont pas entamée. Dans la foulée de la débâcle de 2008, Jamie Dimon avait même été qualifié de “banquier préféré” de l’ancien président Barack Obama. Parce que le financier de Wall Street s’était débarrassé des subprimes avant leur effondrement. La forteresse JP Morgan avait alors résisté et même sauvé le système bancaire américain en reprenant, à l’appel des pouvoirs publics, les banques en déroute Bear Stearns et Washington Mutual.
Et puis, rebelote l’an dernier, avec la crise des banques américaines régionales. Alors que la hausse brutale des taux d’intérêt secoue le système mondial, Jamie Dimon est une nouvelle fois appelé en urgence, cette fois-ci par Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, et reprend First Republic en perdition. De quoi conforter son statut d’interlocuteur incontournable qui a le sens du devoir pour garder le système financier américain en ordre. Un système financier au sommet duquel trône bien évidemment encore un peu plus JP Morgan qui a craché un bénéfice net de 50 milliards de dollars en 2023. Si bien que, même de ce côté-ci de l’Atlantique, l’homme est courtisé. Décoré de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron, Dimon n’a en effet jamais raté aucun sommet Choose France (Choisissez la France) visant à vanter les mérites du pays aux yeux des investisseurs étrangers. Depuis le Brexit, il a d’ailleurs sensiblement gonflé les effectifs de JP Morgan à Paris, notamment.
Une aura incroyable
Mais l’inoxydable patron de JP Morgan n’est pas seulement un banquier influent et hors-normes. C’est aussi, avec son physique à la Richard Gere, un excellent communicant. Un CEO qui aime bien dire ce qu’il pense. Et quand le banquier new-yorkais parle, les marchés financiers écoutent. Avec attention. Surtout qu’il n’hésite pas à faire des mea-culpas. Comme en 2012, lorsque les spéculations malheureuses d’un trader font perdre 6 milliards de dollars à JP Morgan, révélant des failles béantes dans la gestion des risques de la banque : “On a été des laxistes, idiots”, reconnaît le big boss.
Devenu au fil des années un véritable leader d’opinion, Jamie Dimon n’hésite pas non plus à user de son incroyable aura pour s’engager dans le débat public. Chaque année, dans sa lettre aux actionnaires très attendue, le banquier aux penchants démocrates livre une sorte de discours à la Nation, n’hésitant pas à s’exprimer sur des thématiques que l’enseignement, l’immigration, la fiscalité, ou encore les crypto-monnaies qu’il compare à de l’argent “qui va aux régimes corrompus, au trafic de drogue, à l’industrie du sexe ou du terrorisme”.
Revirement
Alors, le banquier le plus puissant de la planète se lancera-t-il enfin en politique ? Depuis longtemps, la rumeur lui prête des ambitions pour la chose publique. Bien sûr, JP Morgan n’a pas réagi aux déclarations de Trump. Certains ont toutefois observé un revirement à Davos en janvier dernier. Pour la première fois, Jamie Dimon, après avoir soutenu Nikki Haley, a déclaré que Trump avait “en quelque sorte raison” à propos de l’Otan, de l’immigration et de la Chine, et que sa réforme fiscale avait bien fonctionné. Par ailleurs, le contingent des pro-Dimon grossit. Récemment, c’est Bill Ackman, patron du fonds d’investissement Pershing Square, qui a désigné le banquier de Wall Street comme un candidat idéal après le premier débat présidentiel. Mais il faudra alors être disponible dès janvier 2025, ce qui pourrait être assez difficile. Surtout quand on dirige l’une des plus grandes banques du monde.
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