Plusieurs hauts responsables du régime iranien ont été tués. Les infrastructures nucléaires visées. Le président américain était au courant, mais son pays n’a pas participé. L’impact économique risque d’être important. Une riposte iranienne attendue.
Israël a frappé durement l’Iran. C’était dans l’air, alors que les négociations avec les Etats-Unis sur le programme nucléaire iranien étaient moribondes. Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait ajouté une dose d’inquiétude, jeudi, en affirmant que l’Iran s’était dérobé à ses responsabilités pour la première fois.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, Israël est passé à l’acte. Les infrastructures nucléaires ont été touchées, mais plusieurs hauts dignitaires iraniens ont également été tués, dont le chef d’Etat Major Mohammed Bagheri et le chef des Gardiens de la Révolution, le général Hossein Salami.
Au moins six experts de la filière nucléaire ont été tués vendredi dans l’attaque israélienne, selon l’Iran.
Le “coeur du programme nucléaire”
Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dit avoir frappé “le cœur du programme nucléaire militaire” iranien et affirmé que les oprations pourraient se prolonger “plsuieurs jours”.
Le site d’enrichissement d’uranium de Natanz a ainsi été visé “plusieurs fois”, selon la télévision d’Etat iranienne qui a montré une épaisse fumée noire s’élevant de l’installation. L’AIEA, gendarme nucléaire de l’ONU, a confirmé que le site avait été visé et qu’il surveillait “de près la situation profondément préoccupante en Iran”.
Trois sites militaires dans le Nord-Ouest ont également été la cible des frappes, d’après la télévision iranienne.
“Plus de 200 avions de combat de l’armée de l’air israélienne, disposant d’informations précises du département du renseignement, ont attaqué plus de 100 cibles dans tout l’Iran, y compris les repaires de hauts dirigeants militaires iraniens”, écrit l’état-major israélien
“Ces derniers mois, les renseignements accumulés ont montré que le régime iranien s’approchait du point de non-retour” dans l’acquisition de l’arme atomique, justifie l’armée israélienne dans un communiqué.
“La convergence des efforts du régime iranien pour produire des milliers de kilos d’uranium enrichi (…) dans des installations souterraines permet d’enrichir de l’uranium à des niveaux de qualité militaire, ce qui lui permet d’obtenir une arme nucléaire dans un court laps de temps”, précise encore le communiqué.
“Nous avons mené de premières frappes couronnées de succès et, avec l’aide de Dieu, nous allons accomplir bien plus encore“, déclare le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. “Nous avons frappé le haut commandement, nous avons frappé des scientifiques de haut niveau qui encouragent le développement de bombes atomiques, nous avons frappé des installations nucléaires”, a-t-il ajouté.
Donald Trump “informé”, l’Iran va riposter
Donald Trump a déclaré à un journaliste de Fox News avoir été informé que l’armée israélienne allait bombarder l’Iran. “L’Iran ne peut pas avoir la bombe atomique, et nous espérons revenir à la table des négociations. Nous verrons bien. Plusieurs dirigeants ne reviendront pas”, a déclaré cyniquement le président des Etats-Unis, selon la chaîne américaine.
L’Iran a averti qu’il avait le “droit légal et légitime” de répondre aux attaques meurtrières menées vendredi par Israël contre plusieurs villes et installations nucléaires du pays.
“Répondre à cette agression est le droit légal et légitime de l’Iran, conformément à l’article 51 de la charte des Nations unies », a déclaré le ministère des affaires étrangères dans un communiqué, ajoutant que les forces armées iraniennes “n’hésiteront pas à défendre la nation iranienne avec toutes leurs forces”.
L’Iran a déclaré que les Etats-Unis seraient “responsables des conséquences” des attaques meurtrières menées par Israël.
“Cette nuit, Israël a pris des mesures unilatérales contre l’Iran. Nous ne sommes pas impliqués dans les frappes contre l’Iran, et notre priorité absolue est de protéger les forces américaines dans la région“, rétorque le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio
La Jordanie a fermé son espace aérien des drones venant de Syrie et d’Irak auraient déjà été interceptés. “L’Iran a lancé environ 100 drones en direction du territoire israélien que nous nous efforçons d’intercepter”, a déclaré le général de brigade Effi Defrin dans une déclaration télévisée.
Les attaques israéliennes soulignent la nécessité de poursuivre le programme nucléaire de la République islamique, dit le gouvernement iranien dans un communiqué. “On ne peut s’adresser à un régime aussi prédateur qu’avec le langage de la force, poursuit-il. Le monde comprend désormais mieux l’insistance de l’Iran à propos de son droit à l’enrichissement [d’uranium], à la technologie nucléaire et à la puissance balistique.”
Le pétrole flambe
Les cours du pétrole ont flambé de plus de 12%, faisant redouter de fortes perturbations sur les approvisionnements d’or noir. Plus tard dans la journée, la hausse affiche 7% environ (voir graphique en direct en bas d’article, chiffre de la barre inférieure).
Le marché pétrolier avait déjà été porté ces derniers jours par les tensions géopolitiques entre l’Iran et les Etats-Unis, avant de nouveaux pourparlers attendus entre les deux pays autour du programme nucléaire iranien.
Devant le regain de tensions géopolitiques, l’or jouait ainsi son rôle habituel de valeur refuge: vers 08h30, il grimpait de 1,17% à 3.425 dollars l’once.
Appels à la retenue
Dans les rangs européens, la préoccupation est vive.
“Les informations sur ces frappes sont préoccupantes et nous exhortons toutes les parties à faire un pas en arrière et à réduire d’urgence les tensions”, écrit le premier ministre britannique, Keir Starmer, dans un communiqué. L’escalade ne sert personne dans la région. La stabilité au Moyen-Orient doit être la priorité. C’est le moment de faire preuve de retenue, de calme et de revenir à la diplomatie.”
Par ailleurs, l’Arabie saoudite a condamné vendredi les frappes israéliennes meurtrières contre l’Iran, les qualifiant d'”agressions” et de “violations flagrante” du droit international. Le royaume “exprime sa ferme condamnation (…) des agressions israéliennes flagrantes contre la République islamique d’Iran, pays frère, qui portent atteinte à sa souveraineté et à sa sécurité et constituent une violation flagrante du droit (…) international”, a affirmé le ministère saoudien des Affaires Etrangères dans un communiqué.