Israël et l’Iran ont échangé des frappes jeudi pour la septième nuit consécutive, Donald Trump n’excluant pas une entrée en guerre des États-Unis pour briser le programme nucléaire de Téhéran.
« Je ne cherche pas à me battre. Mais si le choix est de se battre ou qu’ils aient la bombe nucléaire, il faut faire ce qu’il y a à faire », a déclaré à la presse le président américain, qui sera briefé sur le conflit jeudi, jour férié aux États-Unis, dans la « Situation Room », la salle de crise en sous-sol de la Maison Blanche où se prennent les décisions militaires les plus sensibles.
Répondant à M. Trump, qui la veille avait appelé l’Iran « à capituler sans conditions », le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a proclamé mercredi que son pays ne se rendrait « jamais ».
L’armée israélienne, qui a acquis la maîtrise de l’espace aérien iranien, poursuit toutefois son offensive et a annoncé jeudi une nouvelle « série de frappes sur Téhéran et d’autres secteurs de l’Iran ».
Elle a appelé à évacuer les villages d’Arak et de Khondab, situés à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Téhéran, près d’installations nucléaires, en vue de frappes sur celles-ci.
L’agence semi-officielle Mehr a indiqué que la défense anti-aérienne avait été activée dans le centre de Téhéran.
Par la suite, les sirènes d’alerte ont également retenti en Israël et la police a fait état de « plusieurs impacts », notamment dans le secteur de Tel Aviv, après des tirs de missiles iraniens. De violentes explosions sourdes et continues ont été entendues par des journalistes de l’AFP.
Un hôpital du sud d’Israël a été touché, selon le ministère israélien des Affaires étrangères.
« Des missiles de pointe vrombissent au-dessus de Tel-Aviv », a indiqué l’agence Fars, tandis que la télévision d’État iranienne diffuse des images en direct de Tel-Aviv.
Déclenchée le 13 juin par Israël, qui a assuré que Téhéran s’approchait du « point de non-retour » concernant l’acquisition de la bombe atomique, la guerre a fait au moins 224 morts en Iran, selon un bilan officiel.
Les salves de missiles et de drones tirées en riposte par l’Iran ont fait 24 morts au total en Israël, selon le gouvernement.
« Dommages irréparables »
M. Trump a assuré que des dirigeants iraniens étaient entrés en contact avec les États-Unis pour négocier, affirmant qu’« ils ont même suggéré de venir à la Maison Blanche ».
L’Iran a rapidement démenti.
Les États-Unis, qui ont déployé un troisième porte-avions, le Nimitz, vers la zone, sont les seuls à détenir la bombe GBU-57, unique arme susceptible d’atteindre le cœur profondément enfoui du programme nucléaire iranien, à Fordo.
« Je vais peut-être le faire, peut-être pas », a déclaré M. Trump à des journalistes, interrogé sur l’éventualité d’une intervention américaine.
Mercredi, l’ayatollah Khamenei, au pouvoir depuis 1989, a averti les États-Unis qu’une intervention de leur part conduirait à des « dommages irréparables ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre « toute intervention militaire supplémentaire », qui aurait « des conséquences énormes » pour toute la région.
“400 missiles balistiques “
Selon le ministère israélien de la Défense, l’aviation a détruit le « quartier général de la sécurité intérieure » à Téhéran.
Téhéran a de son côté annoncé avoir tiré dans la nuit de mardi à mercredi des missiles hypersoniques Fattah contre Israël, comme la nuit précédente.
Depuis le 13 juin, l’Iran « a tiré environ 400 missiles balistiques » sur Israël, dont 20 ont touché des zones civiles, ainsi que 1 000 drones, selon des chiffres fournis par un responsable militaire israélien mercredi soir.
Les autorités iraniennes ont durci mercredi les restrictions imposées à Internet, accusant Israël de « violation » du réseau « à des fins militaires ».
Depuis le 13 juin, Israël a frappé des centaines de sites militaires et nucléaires, tuant les plus hauts gradés de son appareil de sécurité ainsi que des scientifiques du nucléaire.
M. Trump a également affirmé être en capacité de tuer l’ayatollah Khamenei lui-même.
Mais lors d’une rencontre avec la presse, le président russe Vladimir Poutine a estimé mercredi que les frappes « consolident » le pouvoir à Téhéran, et a assuré que ses « amis iraniens » n’avaient « pas demandé » d’assistance militaire à Moscou.
M. Trump a indiqué avoir écarté une proposition de médiation du dirigeant russe, lui ayant conseillé de s’occuper d’abord de « la médiation pour la Russie (et l’Ukraine, ndlr) ».
L’Iran, qui dément vouloir fabriquer l’arme nucléaire, accuse Israël d’avoir cherché à torpiller les négociations nucléaires entre Téhéran et Washington.
À Téhéran, de nombreux magasins ont fermé depuis le début de la guerre et de longues files se sont formées aux abords des stations-service.
À la frontière avec l’Irak, un chauffeur de camion de 40 ans, parlant sous le pseudonyme de Fattah, a fait état de « pénuries de nourriture, comme le riz, le pain, le sucre ou le thé », soulignant que les stations-service « sont bondées et que les prix ont augmenté ».