Il faudra du temps avant que l’Europe puisse se passer de l’aide militaire américaine

Alors que l’administration Trump perd toutes ses parties de poker menteur avec le Kremlin, le spécialiste allemand de l’électronique militaire Hensoldt estime qu’il faudra du temps avant que l’Europe puisse se passer de l’aide militaire américaine, appelant à davantage de partenariats industriels, sans négliger les États-Unis.
“Il ne sera possible qu’à moyen terme pour l’Allemagne et l’Union européenne d’atteindre une autonomie en matière d’armement, sans dépendre des capacités américaines”, a affirmé mardi soir Oliver Dörre, président du directoire de Hensoldt, devant le Club de la presse économique de Francfort.
Hensoldt, basé à Taufkirchen, près de Munich, fournit des radars utilisés dans la guerre en Ukraine pour protéger la population contre les attaques aériennes russes.
Malgré les incertitudes concernant l’engagement américain en Europe, il s’agit de “poursuivre notre collaboration de confiance avec l’industrie américaine, notamment avec Lockheed Martin”, dans le domaine des systèmes de commandement maritime et des technologies radar, a précisé M. Dörre.
Il a plaidé pour une meilleure coopération entre les entreprises du secteur, en Allemagne et en Europe, plutôt qu’une concurrence acharnée. Selon lui, il est également nécessaire d’harmoniser en Europe les procédures de commande de matériel, encore trop disparates d’un pays à l’autre.
Le fonds spécial de 100 milliards d’euros lancé en Allemagne début 2022, au début de la guerre d’agression russe en Ukraine, “a donné une impulsion importante, mais des déficits majeurs en matière de capacités subsistent au sein de l’armée”, a ajouté le dirigeant, ancien officier de la Bundeswehr pendant plus de 20 ans.
L’Allemagne s’apprête à accroître significativement ses dépenses militaires après l’adoption, mardi, par les députés, du plan d’investissement du chancelier désigné Friedrich Merz.
Les besoins du pays sont estimés “entre 300 et 500 milliards d’euros pour des investissements dans le matériel, les coûts d’exploitation associés, les infrastructures et le personnel supplémentaire, sans même compter les futures exigences de l’OTAN”, a estimé M. Dörre.
“Je réponds par un + nous sommes prêts + au + quoi qu’il en coûte + du chancelier désigné”, a-t-il ajouté.
Hensoldt, qui a investi “un milliard d’euros sur (ses) propres fonds” ces dernières années pour renforcer ses capacités de production, a recruté 1 000 personnes l’an dernier et prévoit d’en recruter autant cette année, selon M. Dörre.
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