Les délégations russe et ukrainienne se retrouvent ce lundi à Istanbul pour de nouvelles discussions directes visant à trouver une issue à la guerre déclenchée par l’invasion russe en février 2022.
Chaque camp doit y présenter sa « vision » d’un règlement du conflit, même si une résolution semble encore éloignée. Voici un aperçu des positions officielles de Moscou et Kiev avant cette réunion, placée sous médiation turque.
Les revendications territoriales de Moscou
Depuis le début du conflit, Vladimir Poutine maintient des exigences maximalistes. Il insiste pour que le processus de paix s’attaque aux « causes profondes » de la guerre, au premier rang desquelles la volonté de l’Ukraine de rejoindre l’OTAN, alliance perçue par Moscou comme une menace existentielle à ses frontières.
La Russie réclame la reconnaissance de l’annexion de quatre régions ukrainiennes qu’elle contrôle partiellement — Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia — ainsi que celle de la Crimée, annexée en 2014. Fin mars, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé que cette reconnaissance internationale était une condition « impérative » pour un règlement du conflit.
Le Kremlin avance plusieurs justifications à son offensive de février 2022 : la prétendue « protection » des populations russophones de l’est de l’Ukraine, ainsi que la « dénazification » du pays, que Moscou accuse d’être sous l’influence d’Occidentaux hostiles.
La Russie exige également l’arrêt des livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine et l’éloignement des groupes ultranationalistes ukrainiens. Fin mars, Vladimir Poutine a évoqué la possibilité d’une « administration transitoire » en Ukraine sous l’égide des Nations Unies, ce qui impliquerait le départ du président Volodymyr Zelensky.
Le président russe ne reconnaît d’ailleurs pas la légitimité de M. Zelensky, arguant que son mandat de cinq ans a expiré en mai 2024, bien que l’organisation d’élections soit rendue impossible par la guerre. Il considère par ailleurs que la révolution de Maïdan, qui a porté au pouvoir des autorités pro-occidentales en 2014, constituait un « coup d’État » contre le président prorusse en place à l’époque.
Les exigences de sécurité de Kiev
En Ukraine, la question des concessions territoriales divise profondément. Depuis 2014, la population a consenti d’immenses sacrifices humains et matériels pour préserver les frontières définies à l’issue de l’URSS en 1991.
Volodymyr Zelensky a un temps évoqué la possibilité d’un « échange » territorial avec Moscou, portant sur certaines zones frontalières tenues par Kiev dans la région russe de Koursk. Mais ces positions ont été abandonnées après que les forces ukrainiennes ont été repoussées fin avril.
Kiev maintient comme exigence centrale le retrait total des troupes russes de son territoire, y compris de la Crimée. Le président ukrainien affirme publiquement que cette péninsule majoritairement russophone, annexée par Moscou en 2014, fait partie intégrante de l’Ukraine, comme le stipule explicitement la Constitution du pays.
Plus largement, M. Zelensky appelle ses alliés à garantir la sécurité de l’Ukraine afin de prévenir toute future agression après un éventuel accord de paix. Dans cette perspective, la principale demande de Kiev reste l’adhésion à l’OTAN — une option fermement rejetée par Moscou et écartée également par le président américain Donald Trump.
À défaut, l’Ukraine a évoqué, avec ses partenaires européens, la possibilité de déployer un contingent militaire occidental sur son sol, sous l’égide de l’OTAN, en cas d’accord de paix. Là encore, Moscou s’y oppose fermement.
Vers un cessez-le-feu ?
Pour initier un processus diplomatique, Kiev réclame depuis plusieurs semaines, à l’instar de Washington et des Européens, un cessez-le-feu « inconditionnel » de 30 jours, préalable à toute discussion.
Jusqu’à présent, Vladimir Poutine a rejeté cette proposition, estimant qu’un arrêt temporaire des combats permettrait aux forces ukrainiennes, actuellement en difficulté, de se réarmer avec l’aide occidentale.
L’Ukraine demande également la libération de tous les prisonniers de guerre ainsi que le retour des milliers d’enfants transférés en Russie depuis le début du conflit.
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