Grandeur et démesure : Arkadag, une nouvelle ville à 5 milliards de dollars
Le Turkménistan va dépenser près de 5 milliards de dollars, soit plus du dixième de son PIB annuel, pour la construction d’une ville nommée en l’honneur de l’homme fort de ce pays reclus et autoritaire d’Asie centrale, l’ex-président Gourbangouly Berdymoukhamedov, a-t-on appris mercredi de source officielle.
Ex-République soviétique recouverte par les sables et bordant la mer Caspienne, le Turkménistan tire ses richesses de la vente de ses immenses réserves de gaz. Ce pays de quelque six millions d’habitants est dirigé depuis plus de 16 ans par les Berdymoukhamedov.
La ville nouvelle en cours de construction a été nommée Arkadag en décembre, en l’honneur de Gourbangouly Berdymoukhamedov, président entre 2006 et 2022. Cet ex-dentiste de 65 ans, connu pour sa démesure et son culte de la personnalité, porte le titre de Héros-Protecteur (Arkadag).
“La première phase de construction de la ville d’Arkadag coûte environ 3,3 milliards de dollars et selon nos estimations, la deuxième phase coûtera environ 1,5 milliard de dollars”, a déclaré lors d’une conférence de presse le représentant du comité étatique en charge de la construction de cette ville, Derïagueldi Orazov.
D’après la même source, le coût exact sera défini après l’appel d’offres. Mais il dépasse déjà largement le chiffre de 1,5 milliard annoncé en février 2020. A titre de comparaison, le PIB turkmène est d’environ 45 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.
Aucune date d’ouverture n’a été définie pour Arkadag, qui doit accueillir à terme 73.000 habitants et se situe à une trentaine de kilomètres de la capitale Achkhabad, dans une zone sismique. Cette ville “d’importance étatique”, statut que n’a même pas la capitale, entend être une ville intelligente.
Gourbangouly Berdymoukhamedov a chargé le gouvernement d’étudier l’inscription d’Arkadag au livre Guinness des records, ville qu’il estime être la “plus belle, plus originale et plus grande de la région”. L’actuel président turkmène, Serdar Berdymoukhamedov, âgé de 41 ans, a été élu en 2022, mais semble gouverner dans l’ombre de son père, désigné “chef de la nation turkmène”. Car loin de se mettre en retrait, Gourbangouly Berdymoukhamedov a supprimé la chambre haute du Parlement et a été nommé président d’un organe suprême ayant la mainmise sur les grandes orientations de la politique intérieure et extérieure turkmène.
Des organisations internationales des droits humains accusent le gouvernement turkmène de dépenser sans compter les revenus tirés des ressources naturelles dans des projets grandioses apportant très peu de bénéfices pour la population.
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