Friedrich Merz annonce un accord de gouvernement : voici le plan de bataille de l’Allemagne

Le conservateur Friedrich Merz a dévoilé mercredi son accord de gouvernement avec les sociaux-démocrates pour “faire avancer l’Allemagne” confrontée à “des défis historiques”, de la menace russe à la guerre commerciale de Donald Trump.
M. Merz a précisé vouloir que “le nouveau gouvernement puisse commencer son travail début mai”.
La feuille de route du gouvernement de coalition pour les quatre années à venir a été établie après des négociations “menées dans un contexte de tensions politiques mondiales croissantes (…) où de nombreuses forces, à l’intérieur comme à l’extérieur, travaillent (…) contre nous en Allemagne”, a mis en avant le futur chef du gouvernement en présentant l’accord à la presse.
Gouverner avec la gauche d’Olaf Scholz
Un mois et demi après les élections législatives, les conservateurs du camp CDU/CSU s’apprêtent à prendre les rênes du pays dans une alliance avec le centre gauche du chancelier sortant Olaf Scholz, sévèrement battu dans les urnes.
La pression est grande pour la première puissance européenne qui fait face à une somme d’urgences rarement vues depuis la réunification : relancer l’économie en récession depuis deux ans, barrer la route au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) qui font jeu égal avec les conservateurs dans les sondages, soutenir le renforcement de la défense européenne face au désengagement américain.
Autant de priorités déclinées mercredi par Friedrich Merz et ses futurs partenaires de coalition.
Défense
Le futur gouvernement allemand promet un “soutien complet” à l’Ukraine sur le plan militaire et diplomatique face à la guerre d’agression de la Russie et veut augmenter fortement les dépenses de défense dans les années à venir, indique le contrat de gouvernement de coalition scellé entre les deux partis.
“L’agresseur russe Poutine ne montre aucune volonté de mettre fin à la guerre et de faire taire les armes”, a justifié Friedrich Merz en conférence de presse.
Dans le contrat de coalition de 140 pages, les signataires soulignent “les défis historiques” auxquels fait face l’Allemagne.
“La politique des années à venir déterminera en grande partie si nous continuerons à vivre dans une Allemagne libre, sûre, juste et prospère”, est-il écrit.
“Les dépenses pour notre défense doivent augmenter de manière significative et rigoureuse jusqu’à la fin de la législature”. Le document ajoute que “pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne et l’Europe doivent être en mesure d’assurer elles-mêmes leur sécurité de manière beaucoup plus étendue”.
Immigration
Dans un sondage publié mercredi par l’institut Ipsos, l’AfD arrive désormais en tête des intentions de vote à 25%, soit près de cinq points de plus que son résultat record aux législatives, tandis que les conservateurs reculent à 24%.
Merz promet notamment un “nouveau cap dans la politique migratoire”, affirmant notamment vouloir mettre fin à l’immigration irrégulière et suspendre le regroupement familial.
La conclusion des négociations devrait rassurer les autres pays européens, impatients de voir l’Allemagne se doter d’un nouveau capitaine pour affronter les défis économiques et sécuritaires du moment.
Guerre commerciale
Les Vingt-sept peaufinent leur riposte à l’avalanche de droits de douane imposés par Donald Trump, auxquels l’économie allemande, fortement dépendante des exportations, est l’une des plus exposées.
Le futur chancelier allemand Friedrich Merz a défendu mercredi “une réponse européenne commune”.
Dans leur contrat de coalition, conservateurs et sociaux-démocrates disent vouloir à court terme réduire les droits de douane “des deux côtés de l’Atlantique”, avant de viser à “moyen terme” un “accord de libre-échange” avec Washington.
Mercredi, les tensions commerciales sont encore montées d’un cran avec les premières mesures de riposte annoncées par la Commission Européenne, qui va taxer en retour une série de produits américains comme les motos, le soja et la volaille.
“L’Allemagne est de retour sur la bonne voie”, a également affirmé Friedrich Merz, répondant à la question d’un journaliste lui demandant s’il avait un message pour le président américain.
“L’Allemagne remplira ses obligations en matière de défense”, a-t-il assuré, les Etats-Unis exigeant des autres pays membres de l’Otan qu’ils augmentent leurs dépenses militaires pour les faire passer à 5% de leur PIB. Berlin “sera à nouveau un partenaire très fort au sein de l’Union européenne et nous ferons avancer l’Union européenne”, a ajouté le futur chancelier en anglais.
500 milliards
Selon des informations de presse, les postes de ministres des Affaires étrangères et de l’Économie devraient revenir aux conservateurs tandis que le SPD décrocherait les Finances et Défense, avec le maintien à ce poste du populaire Boris Pistorius.
Le gouvernement tripartite de M. Scholz s’était effondré début novembre en raison de différends budgétaire devenus insurmontables entre son parti, les Verts et les libéraux du FDP.
Un problème que n’aura pas le probable nouveau gouvernement.
Face aux bouleversements mondiaux, M. Merz a réussi à faire adopter début mars un plan géant d’investissements de plusieurs centaines de milliards d’euros afin de réarmer et moderniser le pays.
L’Allemagne va assouplir son “frein à l’endettement”, qui limite la capacité d’emprunt du pays, pour les dépenses militaires et pour les régions.
S’y ajoute un fonds spécial – hors budget – de 500 milliards d’euros sur douze ans pour moderniser les infrastructures et relancer la première économie européenne. Il s’agit de rénover routes, ponts, chemins de fer, écoles, installations énergétiques.
Cette initiative du futur chancelier, applaudie par ses pairs européens, lui vaut cependant d’intenses critiques en Allemagne, y compris notamment dans les rangs des conservateurs, tant Friedrich Merz s’était posé en garant de l’orthodoxie budgétaire durant la campagne électorale.
Dans un discours, le chef de file des conservateurs a promis de “rétablir très rapidement la compétitivité du pays” et de “tout faire pour créer de nouveaux emplois en Allemagne” afin de sortir de la récession qui la frappe depuis deux ans.
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