France: quels Jeux et enjeux pour 2024?

Le résultat des élections européennes pourrait inciter le président à se débar­rasser de sa Première ministre. © Getty Images

Les Jeux olympiques marqueront une brève pause dans la lutte pour la succession du président Emmanuel Macron.

L’année 2024 sera celle où Emmanuel Macron cherchera à rétablir son leader­ship en Europe, et où la France commencera à se projeter dans la course à sa succession. Ces deux événements auront pour toile de fond les Jeux olympiques de Paris, qui serviront à la fois de vitrine mondiale pour la France et de test de sa capacité à s’unir en tant que nation à un moment de fracture.

En 2017, le président français fraîchement élu a exposé sa vision d’une Europe plus “souveraine” et autonome dans un discours à la Sorbonne. En 2024, Emmanuel Macron tentera de raviver cet élan pionnier. Alors que l’Europe commémorera en France le 80e anniversaire du débarquement, il l’exhortera à se réveiller face aux nouveaux risques géopolitiques, notamment la possibilité que l‘Amérique réélise un président moins engagé en faveur de la sécurité européenne. Attendez-vous à entendre parler de l’”autonomie stratégique” de l‘Europe, dans des domaines allant de la défense à l’industrie.

Emmanuel Macron se fera également le champion de l’intégration de l’Ukraine dans l’UE et l’Otan. Son pays, quant à lui, commencera à penser à son successeur. En 2027, lors de la prochaine élection présidentielle, Emmanuel Macron devra se retirer après deux mandats, à l’âge de 49 ans seulement.
La grande question est de savoir qui, du centre politique élargi, peut le remplacer et affronter Marine Le Pen sur la droite dure.

Les candidats en lice sont Edouard Philippe, ex-Premier ministre, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et Bruno Le Maire, ministre des Finances. Les sondages suggèrent qu’Edouard Philippe est le mieux placé. Mais d’autres auront leurs chances, notamment Jean Castex, un autre ex-Premier ministre, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, ou même Gabriel Attal, l’ambitieux ministre de l’Education de 34 ans.
Emmanuel Macron n’approuvera pas de successeur aussi longtemps avant le scrutin, préférant montrer que son emprise reste ferme. Son programme de réformes à l’intérieur du pays comprendra une tentative d’atteindre le plein emploi et une nouvelle “planification verte” dirigiste, y compris des investissements dans les transports publics, de nouveaux réacteurs nucléaires et la production de batteries.

Compétition darwinienne

Le président laissera ses rivaux s’affronter dans une compétition de type darwinien pour tenter d’émerger comme le candidat le mieux placé pour battre Marine Le Pen. Le parti de cette dernière, le Rassemblement national (RN), transformera le vote pour le Parlement européen en juin en un appel à la sanction d’Emmanuel Macron à mi-parcours. Le RN pourrait bien arriver en tête du scrutin, ce qui raviverait les craintes d’une résurgence de la droite dure en vue de 2027. Cela pourrait également inciter le président Macron à se débarrasser de sa Première ministre, Elisabeth Borne.

Malgré la polarisation politique, la France tentera de se rassembler à l’occasion des Jeux olympiques, qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août. Une cérémonie d’ouverture somptueuse sera organisée à Paris, le long de la Seine. La période précédant les Jeux sera marquée par des disputes concernant les lignes de transport inachevées, le prix des billets et les craintes liées au terrorisme. Mais une fois l’événement entamé, les Français apprécieront le spectacle. Emmanuel Macron espère vivement que l’esprit de rassemblement perdurera.

Sophie Pedder, cheffe du bureau parisien de “The Economist”
Traduit de « The World in 2024 », supplément de The Economist

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