France: Macron “hanté par Mitterrand”, son camp se divise, la majorité “introuvable”

Emmanuel Macron a demandé à Gabriel Attal de rester Premier ministre pour "garantir la stabilité", le temps de trouver une issue.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président français temporise et se rend au Sommet de l’OTAN. Ses proches le disent imprégné de son prédécesseur socialiste. Le “macronisme” est-il menacé de disparition? Et que faire des enjeux économiques?

Le président français Emmanuel Macron temporise après les élections législatives qui n’ont donné de majorité absolue à aucun camp, mais une majorité relative au Nouveau Front Populaire, tandis que le parti présidentiel, Ensemble, sauvait les meubles. “Il se mitterrandise. Il laisse du temps au temps”, décode au Monde l’ancien sénateur LR Pierre Charon. Le philsophe Bernard-Henri Levy évoque lui aussi un locataire de l’Elysée “hanté” par la figure de son prédécesseur socialiste.

Lui aussi avait accompli deux mandats – des septennats à l’époque – et lui aussi avait dû composer avec une cohabitation. Le quotidien rappelle d’ailleurs que François Mitterrand avait été contraint de laisser la nouvelle majorité choisir Jacques Chirac, tandis qu’il privilégiait Jacques Chaban-Delmas. C’était en 1986. Près de quarante ans plus tard, Emmanuel Macron veut garder la main et, faute de majorité absolue, peut espérer jouer un rôle dans la désignation d’un Premier ministre. Même si le Nouveau Front Populaire garde la main et dit vouloir présenter un candidat à Matignon pour le début de la semaine.

Une majorité “introuvable”

Pour Ensemble, qui reste au centre du jeu malgré tout, la majorité reste “introuvable”.  On n’a pas réussi à la faire en 2022 alors qu’on avait besoin de 40 voix seulement. Là, il nous en faut 130“, soupire-t-on dans l’entourage du Premier ministre, Gabriel Attal, prolongé pour garantir “la stabilité de la France”, le temps qu’une solution se dégage.

Les adversaires du camp présidentiel constate que celui-ci se divise entre les partisans d’un regard à droite et ceux d’un virage à gauche, comme si “l’expérience” d’un centre dominant le jeu touchait à son terme. Jean-Francois Copé, figure importante des Républicains, était cinglant sur LCI: “Emmanuel Macron, c’est fini”. Et de critiquer la “désinvolture présidentielle”: “J’aimerais au moins qu’il vienne reconnaître que c’était une erreur”. A vrai dire, cela est peu probable que le locataire de l’Elysée redescende sur terre.

D’autres se montrent davantage constructif. L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin appelle les Républicains à rejoindre Ensemble pour “former un bloc central”. Pas sûr que le parti gaulliste cède à cette sirène-là.

Projet par projet

Les personnalités du Nouveau Front Populaire affirment leur volonté de vouloir travailler à partir du parlement, “projet par projet”. C’est là, affirme Marine Tondelier, figure montant de l’écologie, que l’on pourra mettre en oeuvre “le choc de pouvoir d’achat” promis par la gauche. “On construit des compromis en permanence dans la vie, prolonge Yannick Jadot, sénateur Les Écologistes. Le programme du NFP c’est la base de discussion. Nous sommes le premier groupe à l’Assemblée.”

Mais les partisans de Jean-Luc Mélenchon continuent de faire monter la pression en affirmant que leur leader est candidat à Matignon et en réclamant “notre programme, rien que notre programme”. Et bien des observateurs voient mal comment un front allant des LR au PS pourrait voir le jour, du moins rapidement.

En attendant, les autres pays européens s’inquiètent d’un risque de paralysie bien réel, les marchés commencent à parter cette inquiétude et tous les économistes se demandent coment il est possible d’oublier à ce point l’enjeu budgétaire et économique. Dans la foire d’empoigne actuelle, au-delà des promesses, on ne dit pas grand-chose.

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