France: la crise financière après la crise politique?

François Bayrou, Premier ministre français. (Photo by GAIZKA IROZ/AFP via Getty Images)
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Les marchés craignent la possibilité de la chute du gouvernement français. Les taux français montent et les actions bancaires chutent. Ce qui ne fait pas les affaires de la Belgique, qui possède encore un paquet d’actions BNP.

François Bayrou, le Premier ministre français, a décidé de soumettre son gouvernement à un vote de confiance le 8 septembre. Une décision kamikaze, pour certains, tant son gouvernement, reposant sur une minorité au Parlement, est impopulaire. Un sondage Ipsos/BVA suggère que six Français sur dix sont en faveur d’un changement.

Ce coup de poker, le vieux briscard de la politique française, président du Modem (centre droit), a décidé de le tenter pour faire passer en force son projet de budget, très contesté à gauche et à l’extrême droit.

Au bord du sur endettement

Ce projet vise à réaliser 44 milliards d’euros d’économie  et en réduisant le déficit public à 4,6% du PIB en 2026 et moins de 3% en 2029.

Le déficit public français a été de 5,8% l’an dernier et devrait, selon la Commission européenne, atteindre 5,6% cette année. C’est quasiment le plus mauvais élève de la classe européenne. Le trou budgétaire est plus grand que chez nous, ce qui n’est pas peu dire. « Notre pays est en danger parce que nous sommes au bord du surendettement », clame le Premier ministre français.

Le nouveau budget 2026 soumis aux députés repose sur quatre axes.

Budget amer

Il y a celui de la réduction des dépenses publiques. Le texte prévoit un gel des dépenses de l’État en 2026 au niveau de 2025 (sauf pour la défense et le service de la dette). Il prévoit aussi la suppression de 3 000 emplois publics et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Et il annonce une « année blanche ». Il n’y aura pas d’augmentation des prestations sociales, des barèmes fiscaux, ni des retraites en 2026.

Le deuxième axe est fiscal.  Il s’agit donc d’augmenter les recettes. Le gouvernement veut créer une « contribution de solidarité » pour les Français les plus fortunés. Il veut réformer l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités aisés. Et il veut lutter contre les niches fiscales inefficaces et la fraude sociale et fiscale.

Sacrilège, des congés en moins !

Le troisième axe touche à la sécurité sociale. Le gouvernement français veut économiser 5 milliards d’euros des dépenses de santé. Parmi les mesures pour y arriver, il y a le doublement de la franchise annuelle sur les médicaments, à 100 euros. Et le non-remboursement des médicaments sans lien avec les affections longue durée.

Le quatrième axe est macro-économique. Il s’agit d’augmenter la productivité, pour doper la croissance. La mesure qui fait jaser dans les chaumières est la suppression de deux jours fériés (le lundi de Pâques et 8 mai) pour augmenter la productivité. Le gouvernement veut aussi créer un fonds pour soutenir l’investissement dans les entreprises. Il envisage aussi de lever une taxe sur les petits colis pour favoriser les circuits courts et les commerces de proximité.

L’action BNP chute

Ce budget d’austérité est déjà rejeté par la gauche et l’extrême droite. Une majorité du parlement s’y oppose donc.

Le gouvernement français est dès lors en sursis. Et les marchés financiers s’inquiètent. Le taux français à dix ans s’affiche désormais à 3,51%, soit 20 points de base (1%=100 points) de plus que notre taux belge, que se situe ce mardi à 3,30%.

Pas de chance pour l’État belge, qui est encore actionnaire à hauteur de 5,6% du groupe BNP Paribas. Car ces turbulences politiques secouent le secteur bancaire français (puisque les banques françaises détiennent un gros portefeuille d’obligations de l’État français, et que ces obligations perdent de leur valeur). L’action BNP cède presque 6% ce mardi. Société Générale dévisse de plus de 8%.

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