La France annonce un service national volontaire, mais se montre beaucoup moins généreuse que la Belgique

France’s President Emmanuel Macron meets service personnel after he unveils a new national military service at the military base in Varces, French Alps, Thursday, Nov. 27, 2025. Thomas Padilla/Pool via REUTERS
Caroline Lallemand

Emmanuel Macron a annoncé jeudi la création d’un service national volontaire de dix mois pour les jeunes de 18 à 25 ans. Une initiative qui fait écho au succès inattendu rencontré par la Belgique avec son propre dispositif lancé par le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA).

“La peur n’évite jamais le danger. La seule façon de l’éviter est de s’y préparer”, a déclaré le président français jeudi lors d’un discours au sein de la 27e Brigade d’Infanterie de Montagne de Varces, dans les Alpes. Face aux menaces russes et aux risques accrus de conflit, la France ressuscite ainsi un service national, supprimé en 1997, mais sous une forme purement volontaire.

Le dispositif français montera progressivement en puissance : 3.000 jeunes la première année dès l’été 2026, avec un objectif de 10.000 par an en 2030, puis 42.500 en 2035. Les volontaires, à 80% âgés de 18-19 ans, effectueront dix mois de service (un mois de formation, neuf au sein de l’armée) et seront rémunérés 800 euros par mois minimum, logés, nourris et équipés.

Un fort engouement belge

La Belgique a pris de l’avance. Début novembre, le ministre de la Défense Theo Francken (N-VA) a envoyé une invitation à 150.000 jeunes de 17 ans pour promouvoir le service militaire volontaire belge. Le succès a dépassé les attentes : près de 1.250 jeunes se sont déjà inscrits aux séances d’information pour les 500 places disponibles. La Défense espère atteindre 3.500 inscriptions.

L’attractivité financière du dispositif belge y est pour beaucoup. Les jeunes recrues perçoivent plus de 2.000 euros nets par mois – soit davantage que le salaire minimum belge  – auxquels s’ajoutent chèques-repas, remboursement des frais médicaux et gratuité des transports en commun. En Belgique, le service dure 1 an et les volontaires sont également logés, nourris et peuvent rentrer chez eux le weekend.

Une même volonté de ne pas envoyer les jeunes au front

Dans les deux pays, les gouvernements ont dû rassurer face aux polémiques. Emmanuel Macron a promis que les volontaires serviront “exclusivement sur le territoire national”, après avoir assuré qu’il ne s’agit pas “d’envoyer nos jeunes en Ukraine”. Une mise au point rendue nécessaire après les propos du chef d’état-major français, le général Fabien Mandon, qui avait estimé que le pays devait être prêt à “accepter de perdre ses enfants”.

En Belgique aussi, l’envoi massif de courriers a déclenché une vive polémique. L’opposition de gauche (PTB, PS, Ecolo) y voit une “militarisation des esprits” et une campagne de communication politique à grande échelle. Theo Francken a tenté d’apaiser : “Non, je ne vais pas envoyer notre jeunesse au ‘front’. Il n’y a pas de front. La Belgique n’est pas en guerre. L’OTAN n’est pas en guerre.”

Le service national universel français enterré

En France, ce nouveau dispositif militaire signe également l’abandon du service national universel (SNU), cher au président Macron. Promesse de campagne en 2017 au nom de la “cohésion nationale”, lancé en 2019, le SNU destiné aux mineurs de 15 à 17 ans n’a jamais pu être généralisé. Il “n’est aujourd’hui plus adapté au contexte stratégique” créé par l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, reconnaît l’Élysée.

Une tendance européenne

France et Belgique s’inscrivent dans une tendance continentale. Douze pays en Europe ont préservé ou rétabli la conscription obligatoire. Face à la dégradation de la situation stratégique, une demi-douzaine d’autres ont décidé de rétablir un service volontaire.

Ces initiatives reflètent un virage politique clair des deux côtés de la frontière : face aux tensions avec la Russie, l’engagement militaire des jeunes devient une priorité, parfois au détriment d’autres formes d’engagement citoyen.

Le service citoyen sacrifié au profit du militaire

Le contraste est saisissant en Belgique. Pendant que le gouvernement fédéral investit massivement dans le service militaire, la Région wallonne s’apprête à abandonner le service citoyen suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle invalidant la loi fédérale. Le ministre-président wallon Adrien Dolimont (MR) avait annoncé mi-novembre que la Région ne pourrait plus soutenir ce dispositif qui permet à des jeunes de 18 à 25 ans de travailler durant six mois dans des associations, écoles ou hôpitaux. Face à l’absence de financement pour 2026, la plateforme a enclenché une procédure Renault fin de la semaine dernière menaçant de licencier ses 36 employés. Lundi, sous la pression de l’opposition et d’un partenaire de majorité (Les Engagés), Dolimont a fait volte-face : “Il n’y aura pas d’arrêt brutal du service citoyen en Wallonie”. Une subvention wallonne dont le montant n’est pas encore connu sera versée en 2026.

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