En 2026, Donald Trump pourrait bien avoir besoin d’alliés

U.S. President Donald Trump gives a thumbs up while boarding Air Force One, as he departs for Israel, at Joint Base Andrews, Maryland, U.S., October 12, 2025. REUTERS/Evelyn Hockstein © REUTERS
/ /

Si le côté imprévisible de Donald Trump peut présenter des avantages, il faut maintenant s’attendre aux inconvénients.

Les relations de Donald Trump avec le monde en 2026 seront, de manière prévisible, imprévisibles. Sa capacité à déjouer les attentes, à brandir de grands bâtons, à agiter d’énormes carottes puis à changer d’avis lui a donné une large marge de manœuvre pour obtenir des concessions. Nombre de pays ont d’ailleurs accepté des tarifs commerciaux biaisés, craignant de perdre l’accès au marché américain. D’importants alliés européens, ainsi que des partenaires asiatiques essentiels comme le Japon et Taïwan, ont augmenté leurs dépenses de défense, redoutant d’être moins soutenus par les États-Unis. Israël et le Hamas ont accepté un cessez-le-feu sous pression. Trump affirme avoir réglé huit conflits en huit mois, de l’Afrique à l’Asie du Sud-Est, y compris un début de confrontation entre l’Inde et le Pakistan, en appliquant le principe de la “paix par la force”.

L’incohérence du président est devenue une vertu. “Nous devons être imprévisibles”, disait-il lors de sa campagne de 2016, il s’est depuis lors employé à tenir cette promesse. Personne ne dira qu’il suit une idéologie ou une stratégie claire. “America First” a le sens que Trump choisit de lui donner.

“Nous devons être imprévisibles dès à présent”, déclarait Donald Trump lors de sa campagne de 2016.

Mais il a des inclinations reconnaissables. L’Amérique est unique et puissante, dit-il : “Nous n’avons pas besoin d’eux. Ils ont besoin de nous. Tout le monde a besoin de nous.” Préserver l’ordre mondial n’est donc qu’une arnaque destinée à “nous dépouiller”. Les déficits commerciaux sont des subventions que les pays doivent rembourser via des tarifs. Le pétrole, le gaz et les minéraux critiques doivent être sécurisés – dans le cas du Groenland, même par une annexion potentielle. L’usage de la force – bref, violent et surprenant – déséquilibre les adversaires. Il faut tenir à l’œil le Venezuela : une grande offensive pour renverser le régime pourrait tourner au fiasco. Une partie des forces américaines quittera l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient en 2026. Les largesses économiques, ainsi que l’accueil des migrants expulsés des États-Unis, vous valent des faveurs ; froisser les amis de Donald Trump vous attirera son hostilité.

Quels alliés pour Trump ?

Le président Trump a depuis longtemps un faible pour la Russie. Il découvre aussi que les États-Unis ont besoin d’accéder au marché chinois et aux minéraux rares que le pays fournit. Si les avantages de l’imprévisibilité étaient visibles en 2025, les désavantages risquent d’apparaître en 2026.

La promesse de Donald Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine dès son premier jour au pouvoir risque de ne pas être tenue lors de sa première année non plus. Le dirigeant russe semble davantage intéressé par une amitié avec la Chine qu’avec les USA. Trump pourrait donc bientôt découvrir qu’il a besoin d’alliés. Mais il ne le réalisera peut-être que lorsqu’il traversera une grande crise.

Les amis de l’Amérique l’aideront-ils encore après avoir été maltraités ? Certains n’auront guère le choix. Les alliés européens craignent la Russie, et les alliés asiatiques craignent la Chine. Mais il y aura plus de réticence dans la coopération. Et Donald Trump a antagonisé certains des plus grands pays “non-alignés”. Le Brésil et l’Inde font face à de lourdes sanctions, alors que les États-Unis les courtisaient depuis longtemps. Les pays pauvres d’Afrique et d’ailleurs disposent d’un poids numérique à l’ONU, mais ont souffert des coupes budgétaires dans l’aide américaine.

L’homme le plus puissant du monde est aussi le plus imprévisible. Et les pays chercheront inévitablement à couvrir leurs arrières ou à se rapprocher de la Chine, dont le dirigeant, Xi Jinping, paraît, en ces temps imprévisibles, assurément prévisible…

Anton La Guardia, rédacteur diplomatique de “The Economist”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire