Etats-Unis: les personnes à suivre en 2024

Fani Willis
La procureure de Fulton sera une des personnalités en vue de la politique américaine en 2024.
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Les candidats à l’élection présidentielle, évidemment, devraient attirer l’attention, mais aussi un très petit groupe d’électeurs.

Il fut un temps où la politique américaine proposait des candidats à la présidence électrisants ou du moins surprenants : Barack Obama, inconnu trois ans auparavant, s’est imposé face à Hillary Clinton ; John McCain a surmonté le mépris des conservateurs ; Donald Trump a fait ce qu’il a fait… Et ne l’oublions pas, Joe Biden lui-même, autrefois exclu en raison de son âge et de son centrisme passé, a fait le ménage en 2020.

Un nouveau cycle politique commence. La chronique d’une campagne annoncée, le triomphe du recyclage…

Le président Biden et l’ancien président Trump se préparent à jouer dans une suite que la plupart des Américains, et même ce qu’il reste de l’establishment de leurs partis respectifs, ne souhaitent pas voir.

De Kamala Harris…

Les yeux seront également tournés vers la vice-présidente, Kamala Harris. En règle générale, les vice- présidents n’ont pas beaucoup d’importance pour les perspectives d’un candidat. Mais comme Joe Biden est le président le plus âgé de tous les temps et qu’il aura 82 ans lors de sa deuxième investiture, les électeurs examineront Kamala Harris avec une attention toute particulière.

Jusqu’à présent, elle s’est avérée plus apte à enthousiasmer les démocrates de base que les électeurs indépendants. Sa cote de popularité est inférieure à celle de Joe Biden, qui est pourtant l’un des présidents les plus impopulaires de l’histoire moderne.

Malgré des principaux acteurs usés jusqu’à la semelle, cette suite promet : il y aura nouveaux décors, et même de nouvelles intrigues. Pour la première fois dans la politique présidentielle, les affaires judiciaires attireront plus l’attention que la campagne elle-même et pourraient s’avérer décisives. Donald Trump, premier président ou ancien président jamais inculpé, doit répondre de 91 chefs d’accusation dans quatre affaires et quatre juridictions. Dans le comté de Fulton, en Géorgie, où il doit répondre d’accusations liées à ses manœuvres pour renverser l’élection de 2020, le procès sera télévisé et retransmis sur le web.

…A Jack Smith

Cela contribuera à faire de Fani Willis, la procureure de Fulton, l’une des personnalités les plus importantes de la politique américaine en 2024, au même titre que Jack Smith, l’avocat spécial qui a engagé des poursuites fédérales contre Donald Trump en Floride pour la fuite de documents classifiés, et à Washington pour tentative de renversement de la démocratie.

Si des acquittements dans ces procès pourraient contribuer à ramener Donald Trump à la Maison Blanche, il serait faux de croire que des condamnations lui en fermeraient de facto les portes. Cela dépendra de la capacité du businessman à décrédibiliser les procureurs et le système judiciaire. Il ne ménage pas ses efforts pour faire endosser à Fani Willis et Jack Smith le rôle des méchants. Il qualifie la procureure Willis de corrompue et de raciste et traite l’avocat spécial de dérangé.

Au-delà de leur attitude ferme, la meilleure défense des procureurs résidera dans les révélations des témoins et dans les preuves. En fin de compte, sur un pays de 340 millions d’habitants, ce n’est pas une seule personne, mais une petite poignée, qui comptera le plus dans la politique en 2024.

James Bennet, chroniqueur à Washington pour “The Economist”
Traduit de “The World in 2024”, supplément de “The Economist”


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