Crise politique en France: François Bayrou pourrait-il réussir là où Michel Barnier a échoué ?
On le présentait et depuis ce vendredi matin, c’était une quasi-certitude : convié par téléphone ce matin à 5h à venir à l’Elysée discuter avec le président Emmanuel Macron, le patron du Modem (le parti centriste), François Bayrou a été nommé ce vendredi Premier ministre.
Un centriste
François Bayrou, c’est l’héritier du vieux centre démocrate-chrétien français de Jean Lecanuet dont François Bayrou se veut l’héritier. C’est aussi l’homme qui a mis ses troupes aux côtés d’Emmanuel Macron dès le départ. Sur le plan de la gouvernance, celui qui était jusqu’à aujourd’hui Haut-Commissaire au Plan se veut un héritier du gaullisme, c’est à dire d’un gouvernement dirigé par un leader fixant des objectifs clairs. François Bayrou, c’est enfin un homme politique dont le mantra a toujours été de préserver les finances publiques. Disons que dans le contexte actuel, ce n’est pas gagné.
Au sein de la gauche regroupée dans le Nouveau Front Populaire (NFP), les députés LFI, les plus radicaux, ont dès avant la nomination du centriste déclaré qu’ils allaient le censurer. La gauche la plus modérée reste en revanche très prudente.
Du côté de l’extrême-droite, la censure n’est pas brandie automatiquement. Le Rassemblement National (RN) indique que le gouvernement sera jugé sur pièce, comme celui de Michel Barnier. Quand on voit ce qui est arrivé à ce dernier, cela n’incite toutefois pas à l’optimisme.
Rapprochement avec Marine Le Pen
Deux éléments, toutefois, pourraient jouer en faveur du patron du Modem.
Le premier est qu’il a subi les mêmes procédures judiciaires et les mêmes réquisitoires incendiaires que Marine Le Pen. L’un et l’autre ont été mis sur la sellette pour détournement de fonds publics, le Modem ayant utilisé pour ses besoins propres les salaires versés par le parlement européen pour des assistants parlementaires qui en réalité ne l’étaient pas. Le parti a été condamné en février de cette année, ainsi que huit cadres, mais pas François Bayrou. Ce dernier a toutefois très mal vécu les violents réquisitoires du ministère public à son encontre. « C’est comme un camion de 30 tonnes que vous prenez en pleine figure », avait-il commenté récemment. Il est donc sur ce point sur la même longueur d’onde que Marine Le Pen, qui subit actuellement les mêmes attaques judiciaires pour des faits similaires.
L’autre point qui pourrait rapprocher le nouveau Premier ministre et le RN, c’est le désir de François Bayrou de modifier le système électoral français, aujourd’hui uninominal à deux tours.
Vers la proportionnelle ?
Le centriste veut y introduire la proportionnelle, ce qui favoriserait le RN, mais aussi certains partis de gauche.
Mais Michel Barnier, dans sa déclaration gouvernementale, avait déjà dit vouloir instiller une dose de proportionnelle dans le système. Cela ne l’avait pas empêché de tomber.
Aujourd’hui, donc, on voit mal, à moins d’un ralliement de la partie « modérée » de la gauche, qui offrirait alors au nouveau gouvernement une vraie majorité parlementaire, François Bayrou réussir là où Michel Barnier avait échoué.
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