La vidéo de l’arrivée du président français au Vietnam, prétendument “giflé” par sa femme, le fait réagir après deux autres détournements coupables. C’est le reflet d’un monde où l’on fait dire tout et n’importe quoi aux images. Et où l’on se concentre sur le futile alors que les défis sont immenses.
Il y a quelque chose de fascinant à voir les réseaux sociaux s’emballer pour tout et n’importe quoi. De fascinant et, surtout, de profondément malaisant. Le dernier épisode contraint le président français, Emmanuel Macron, de se justifier au sujet d’une prétendue scène de ménage.
La vidéo a été prise au moment de l’arrivée du président à Hanoï, pour une visite d’Etat au Vietnam. Au moment de sortir de l’avion, la main de son épouse Brigitte Macron, semble le frapper au visage. Il retourne brièvement dans l’appareil, puis revient et descend les escaliers, sans qu’elle lui prenne la main.
Le sujet devient viral, de très nombreux internautes et analystes s’en emparent pour décrédibiliser le chef de l’Etat, contraint de dire qu’il s’est “chamaillé” avec elle ou plutôt qu’ils ont “plaisanté”. Fin de la blague.
Des vidéos authentiques
Sauf qu’Emmanuel Macron est interrogé encore et encore au sujet de plusieurs vidéos le concernant, l’une où certains l’accusent de prendre en mains un sachet de cocaïne, l’autre où il se serait fait humilier par son homologue turc, Erdogan.
“Il y a une dizaine de jours, il y avait une vidéo totalement authentique où je retirais un mouchoir de la table, cela devenait un sachet de drogue que je partageais avec le chancelier Merz et le Premier ministre Starmer, constate Emmanuel Macron. Il y a huit jours, il y avait une vidéo totalement authentique où j’étais en train de serrer la main avec le président Erdogan et cela devenait une fameuse clé turque où mon doigt était saisi, l’expression d’un rapport de forces géopolitiques”.
Au sujet de la “gifle” de son épouse: “Nous sommes en train de nous chamailler et plutôt de plaisanter avec mon épouse et je suis surpris de cela, cela devient une espèce de catastrophe géoplanétaire où certains sont en train d’avoir des théories. C’est n’importe quoi.”
Les vidéos sont toutes vraies, reconnaît le président français. “Je ne démens rien du tout, mais dans le monde où l’on vit, on n’a pas tellement de temps à perdre“, constate-t-il.
Mabouls et fadas
Il prolonge: “Je vois beaucoup de mabouls passer leur journée à chercher des inteprétations. Si vous faites l’agenda de la semaine d’un président français, de Kiev à Tirana en passant par Hanoï… il faut que tout le monde se calme et s’intéresse au fond de l’actualité.”
L’important, dit-il, c’est d’avoir un rapport sain à l’actualité “pour nos compatriotes”. “Les réseaux sont tous les mêmes, dit-il. Les Russes sont de bons alliés, les extrêmes en France de formidables proxys et des tas de comptes anonymes à qui le caramel monte à la tête.”
“Des commentateurs d’actualité qui n’ont jamais vraiment aimé ce que je faisais disait ce matin que j’avais une diplomatie d’homme battu, continue-t-il. C’est pour vous dire à quels points ce sont des fadas.”
Au-delà du caractère anecdotique et “people” de ces détournements, l’avalanche sur les réseaux et l’exploitation pour discriminer un homme au coeur de l’enjeu européen témoignent de la menace réelle qui pèse sur nos démocraties. Fut-ce au départ d’un mouchoir sur une table ou d’une scène de ménage.