Du Touquet au silence: à quoi joue Emmanuel Macron?

Emmanuel Macron au Touquet, le 1er juillet. (Photo by Jeremy AUDOUARD / AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président français ne cesse de déconcerter les Français alors que le Rassemblement National est aux portes du pouvoir et que le front républicain balbutie. Parce que cela lui permet de garder le contrôle?

Il y a un mystère Emmanuel Macron depuis la dissolution de l’Assemblée Nationale. Quelle mouche a donc piqué le président de la République? Cette question, de nombreux Français se la posent, alors que le Rassemblement National est aux portes du pouvoir ou que l’ingouvernabilité menace, à l’issue du second tour des élections législatives.

Le Touquet “indécent”

Les analyses se perdent également en conjectures sur son attitude avant et après les deux tours. Il a appelé à “un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour”, mais les compte-rendus dans la presse de la réunion à l’Elysée du début de semaine le révèlent étonnamment en retrait, si ce n’est qu’il a invité les siens à éviter “toute forme de désunion”.

Pire: les images de son séjour au Touquet en veste d’aviateur, avec casquette et lunettes de soleil, tournent en boucle et donnent l’image d’un président déconnecté. Certains de ses proches les ont jugées “déplacées”, mais n’ont-ils pas tous demandé au président de se maintenir en retrait et de se taire, vu son impopularité? Ne serait-ce pas un pied de nez à ses détracteurs?

Garder le contrôle

Autour du président, des expressions différentes se font jour sur le sens à donner au “front républicain” qu’il appelle de ses voeux. Edouard Philippe, son ancien ministre à la tête d’Horizons, a souligné qu’il ne fallait pas voter ni pour le Rassemblement National, ni pour la France Insoumise.

La plupart des “macronistes”, estimant toutefois que l’heure est grave, n’émettent pas de telles réserves. Mais la stratégie en terme de désistement n’est pas claire: une fois un candidat est maintenu, une fois on le retire pour permettre l’élection, par exemple, de François Ruffin, rival potentiel de Jean-Luc Mélenchon.

Et si Emmanuel Macron, face à ce chaos apparent, ne voulait finalement que… garder le contrôle? Il “sera toujours là pour guider le pays”, laisse-t-on entendre. Et de fustiger les ambitieux: “Ceux qui pensent à 2027 aujourd’hui sont assurés de ne jouer aucun rôle en 2027”.

Au centre du jeu

Au détour d’une réunion, après le premier tour, le président aurait exprimé cette mise en garde:  “Il ne faut pas se tromper : c’est l’extrême droite qui est en passe d’accéder aux plus hautes fonctions, personne d’autre”. Comme s’il entendait rester le garant moral, démonétisé mais toujours bien là.

L’ancien président François Hollande a beau parler d’une “majorité en lambeaux”, Marine Le Pen annoncer son inéluctable démission, Emmanuel Macron semble ne pas être touché. Que l’extrême droite arrive au pouvoir ou qu’une improbable nouvelle majorité émerge, il devrait rester au centre du jeu. Pour contenir Jordan Bardella, pour éteindre l’incendie ou pour représenter la France.

Est-ce là le reflet d’un trip égotique hors-sol? Ou a-t-il encore d’autres cartes en main, avec l’objectif d’abîmer le RN en vue de 2027 ou de changer le système français pour l’adapter aux temps nouveaux, avec une VIe République? Les analystes se perdent en conjectures. Au Touquet, Macron imaginait peut-être la suite.

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