Droits de douanes: Trump sur le point de lancer les guerres commerciales

Le président américain, Donald Trump, mettra-t-il à exécution sa menace d’imposer le 1er février des droits de douane sur les produits canadiens et mexicains? La question est vendredi dans tous les esprits, alors que les conséquences pourraient être sévères pour les trois pays nord-américains.

À peine revenu à la Maison-Blanche, M. Trump a annoncé qu’il voulait imposer dès le 1er février 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, deux pays pourtant théoriquement protégés par l’accord de libre-échange qu’il avait signé durant son premier mandat.

Jeudi, il a affirmé qu’il déciderait dans la nuit s’il exempterait ou non de taxe le pétrole produit dans ces deux pays. Les produits chinois pourraient également être frappés par des droits de douane de 10 %, menace également M. Trump, qui a aussi réitéré jeudi ses menaces d’imposer des droits de douane “à 100%” aux BRICS si ce bloc de 10 pays (Brésil, Russie, Inde, Chine…) se passe du dollar dans les échanges internationaux.

Un impact économique inquiétant

Une situation qui inquiète les analystes, alors que l’économie américaine se porte comme un charme, avec une croissance de 2,8 % en 2024. Selon Oxford Economics, si ces droits étaient appliqués, l’économie américaine perdrait 1,2 point de pourcentage de croissance et pourrait plonger le Mexique dans la récession.

Pour Wendong Zhang, professeur à l’Université Cornell, si le choc ne sera pas si fort pour les États-Unis, il le sera sans aucun doute pour le Canada et le Mexique. “Dans un tel scénario, le Canada et le Mexique peuvent s’attendre à voir leur PIB reculer respectivement de 3,6 % et 2 %, les États-Unis de 0,3 %”, a-t-il estimé. Pékin aussi “souffrirait d’une escalade de la guerre commerciale existante, mais bénéficierait en même temps (des tensions entre les États-Unis), le Mexique et le Canada”.

Le président américain n’a pas précisé quel outil légal il utiliserait pour imposer ces droits de douane, les spécialistes envisageant cependant qu’il invoque l’urgence économique, qui lui permet de réguler les importations mais ouvre la voie à des recours en justice.

Une stratégie politique et économique risquée

Pendant la campagne, le candidat républicain avait dit vouloir imposer des droits de douane de 10 % à 20 % sur l’ensemble des produits importés aux États-Unis, et même de 60 % à 100 % sur les produits provenant de Chine. L’objectif était alors de compenser financièrement les baisses d’impôts qu’il souhaite appliquer durant son mandat.

Depuis son élection, le ton a évolué. Plutôt qu’un outil pour combler la baisse des recettes fiscales, les droits de douane sont devenus, comme durant son premier mandat, une arme brandie afin d’imposer des négociations et d’obtenir des concessions. Donald Trump a expliqué que ces mesures étaient une réponse à l’incapacité de ses voisins à freiner l’entrée de drogues, en particulier de fentanyl (un opioïde), et de migrants aux États-Unis.

La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, s’est montrée plutôt optimiste mercredi : “Nous ne pensons pas que cela arrivera. Mais si c’est le cas, nous avons un plan.” L’inquiétude existe malgré tout, notamment pour le secteur agricole, qui exporte largement vers les États-Unis. “Près de 80 % de nos exportations vont vers ce pays et en tout état de cause, tout ce qui pourrait provoquer un choc nous préoccupe”, a reconnu mardi auprès de l’AFP Juan Cortina, à la tête du Conseil national de l’agriculture.

Côté canadien, la possibilité de droits de douane a servi de révélateur à la crise politique qui rongeait d’ores et déjà le gouvernement du Premier ministre, désormais démissionnaire, Justin Trudeau. Le ministre canadien de la Sécurité publique, David McGuinty, était présent jeudi à Washington pour présenter les contours du plan visant à renforcer la sécurité de la frontière canado-américaine.

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