Droits de douane “réciproques” : Trump à l’assaut du commerce mondial

Donald Trump © Getty

Après l’acier et l’aluminium et avant l’automobile, le président américain compte passer à la vitesse supérieure mercredi, en annonçant ses droits de douane dits “réciproques”, qui vont changer les règles du jeu du commerce mondial.

Le 2 avril, qu’il surnomme “jour de la libération“, Donald Trump compte ériger de nouvelles barrières douanières qui devraient dépendre des taxes que les pays concernés imposent sur les produits américains, mais aussi d’autres facteurs.

Son plan précis reste un mystère, comme l’ampleur de la riposte des pays visés. Pékin et Ottawa ont commencé à répondre aux droits de douane les visant, l’Union européenne promet de faire de même.

Trump est persuadé que le monde entier “profitent” de son pays

Elles devraient cibler en priorité les pays avec lesquels les Etats-Unis ont une balance commerciale particulièrement déficitaire ou que la Maison Blanche accuse de “fermer leur marché” aux exportations américaines. Car le président en est persuadé, le monde entier, en particulier les alliés des Etats-Unis, “profitent” de son pays.

A bord de son avion dimanche soir, il a  assuré que ces nouveaux droits de douane concerneraient “tous les pays dont nous avons parlé”, sans donner plus de précisions. “Les droits de douane seront bien plus généreux, (…) ils seront plus doux que ceux que ces pays ont appliqués aux Etats-Unis d’Amérique au fil des décennies”, a-t-il toutefois ajouté.

Ces pays “nous ont arnaqués comme aucun pays ne l’a jamais été dans l’histoire et nous allons être beaucoup plus sympathiques qu’ils ne l’ont été à notre égard”, a poursuivi M. Trump. La barque des taxes américaines sur les importations s’alourdit quasiment de jour en jour. Dès le 3 avril 04H01 GMT, les Etats-Unis prévoient en plus d’imposer 25% de taxes sur les voitures fabriquées en dehors du pays.

Sachant que chaque vague peut se cumuler avec la précédente – les voitures chinoises seront ainsi davantage surtaxées pour l’instant que les européennes.

Taxer “amis” et “ennemis”

“Nous allons taxer les pays qui commercent avec le nôtre et prennent nos emplois, notre richesse, prennent beaucoup de choses depuis de nombreuses années. Ils ont tellement pris de notre pays, tant amis qu’ennemis. Et sincèrement, les amis ont souvent été bien pires que les ennemis”, avait insisté M. Trump mercredi, en annonçant les droits de douane sur l’automobile.

Le fait que les Etats-Unis importent plus qu’ils n’exportent est une obsession pour Donald Trump. C’est la démonstration selon lui que les autres pays abusent de l’accès au marché américain, sans faire preuve de la même ouverture chez eux.

Il considère que les barrières ne sont pas seulement douanières, comme en Chine ou en Inde, mais aussi réglementaires. Il vise aussi la fiscalité intérieure des Etats européens en jugeant trop élevé le niveau des TVA locales.

Les estimations du Laboratoire budgétaire de l’université de Yale penchent pour 5% de plus pour le Canada, 17% pour l’Inde, près de 19% pour la France ou l’Allemagne, et encore 13% pour la Chine, déjà pourtant particulièrement visée.

Impact pour les foyers

La Maison Blanche attend des recettes conséquentes: un responsable assurait mercredi à la presse que les nouveaux droits de douane devraient rapporter “des centaines de milliards de dollars, peut-être même un millier de milliards” sur une année pleine.

Il s’agit pour Donald Trump de financer au moins en partie les baisses d’impôts qu’il veut accorder aux Américains tout en maintenant, théoriquement, le système de retraite et de santé des seniors, ainsi que les dépenses militaires.

Dans sa logique, la hausse des prix engendrée par les droits de douane est compensée par un pouvoir d’achat accru par ailleurs, grâce à une fiscalité allégée mais aussi à la baisse des coûts de l’énergie devant découler de sa politique pro-énergies fossiles.

Selon les modélisations de l’université de Yale, la facture pourrait être salée pour les foyers américains. Elles envisagent une perte moyenne de revenu disponible de plus de 2.700 dollars, et plus de 3.000 dollars si les partenaires des Etats-Unis répliquent aux taxes imposées par Washington.

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