Les nouveaux droits de douane américains sont entrés, marquant une rupture avec 75 ans de libre-échange multilatéral. Le Canada, la Suisse, le Brésil ou encore l’Inde sont fortement pénalisés. L’Europe, relativement épargnée en apparence, aurait promis 600 milliards d’investissements en échange — une contrepartie jugée irréaliste.
Les nouveaux droits de douane américains, activés cette nuit, marquent un tournant historique dans la politique commerciale des États-Unis. Le président Donald Trump s’en est félicité sur les réseaux sociaux : « Des milliards de dollars affluent vers les États-Unis. »
Pour Bertrand Candelon, professeur en finances internationales à l’UCLouvain, il ne s’agit pas d’un simple ajustement : « Ce n’est pas la fin du libre-échange, mais la fin d’une méthode. Trump a mis fin aux négociations multilatérales pour revenir au bilatéralisme. Et ce bilatéralisme, c’est du poker menteur. »
Parmi les pays les plus taxés : le Canada (35 %), la Suisse (39 %), le Brésil et l’Inde (50 %). L’Europe semble mieux lotie avec ses 15 %, mais cette apparente clémence aurait un prix. La Commission européenne, par la voix d’Ursula von der Leyen, aurait promis 600 milliards d’investissements aux États-Unis en échange. Une annonce sans base juridique, qui inquiète.
« J’espère que ce n’est pas de l’argent public européen qui va partir sans contrepartie, » s’alarme Candelon. « Et de toute façon, on ne peut pas imposer à des investisseurs privés où ils doivent placer leur argent. »
Donald Trump a prévenu : si les investissements ne suivent pas, les tarifs augmenteront. Un usage politique des taxes, déjà vu selon Candelon : « Il a menacé le Canada, le Mexique ou la Colombie avec des hausses de droits de douane lorsqu’ils refusaient d’accueillir des migrants. »
Les droits de douane ont rapporté 97 milliards de dollars à l’État américain sur les six premiers mois de 2025, soit plus du double qu’en 2023. Mais ce protectionnisme aura un coût. « Ce sera long pour relocaliser. En attendant, les Américains vont payer plus cher leurs biens importés, et l’emploi ne va pas exploser. »
L’inflation américaine, actuellement à 2,8 %, pourrait grimper à 3,8 % d’ici la fin de l’année.