Donald Tusk et l’expérience de la gestion de crise

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L’ex-chef de l’UE Donald Tusk, chef de file de l’opposition polonaise qui a remporté la majorité lors des élections de dimanche, est un historien passionné de football qui a ses racines dans le mouvement anticommuniste.

Après son retour d’un séjour à Bruxelles, l’ancien Premier ministre s’est replongé dans la politique polonaise à la tête du parti centriste Plateforme civique, puis de la Coalition civique (une association avec deux autres partis pour les échéances de dimanche). Après Bruxelles, où pendant cinq ans il a présidé le Conseil européen, l’ex-Premier ministre a acquis une bonne expérience pour gérer les crises dans son pays comme en Europe. Il a replongé dans la politique polonaise pour relever le défi audacieux de s’attaquer au pouvoir nationaliste en place depuis huit ans, en vue des élections législatives du 15 octobre.

Un dirigeant habile

Ce politicien de 66 ans a de l’expérience dans la gestion des crises: jusqu’en 2019 à Bruxelles, il en a affronté plusieurs et de taille, allant de l’immigration aux problèmes économiques de la Grèce, en passant par les négociations sur le Brexit. Après avoir appris l’anglais pour assumer ce poste, il s’est forgé la réputation d’un dirigeant habile et au franc-parler avec un penchant pour des formules imagées. Lors du Brexit, il a prévenu: “Il n’y aura pas de gâteaux sur la table pour qui que ce soit, il n’y aura que du sel et du vinaigre”.  Jusqu’à l’an dernier, il a présidé la principale formation politique européenne, le Parti populaire européen (centre-droit).

Présent sur les médias sociaux, M. Tusk s’en prend souvent à ses principaux rivaux polonais, le parti populiste-nationaliste Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski dont il est une véritable bête-noire. M. Tusk dénonce les “scandales” successifs du pouvoir: de l’inflation très forte et persistante au durcissement de la loi sur l’avortement ou une fraude massive présumée aux visas. Pendant la pandémie, après un appel adressé aux deux adversaires de se faire vacciner ensemble, M. Tusk a aussitôt répondu présent, tout en ajoutant: “Je serais même prêt à le vacciner moi-même, pour la cause”.

Inimitié profonde

Les deux hommes se vouent une inimitié de longue date, Jaroslaw Kaczynski accusant Donald Tusk d’être “moralement responsable” de la mort de son frère jumeau Lech dans l’accident de l’avion présidentiel, en Russie en 2010. M. Tusk était Premier ministre quand cet accident a anéanti une grande partie de l’establishment polonais se rendant à Smolensk pour commémorer l’assassinat de milliers de Polonais par la police secrète soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Les enquêteurs ont conclu alors à une responsabilité partagée: erreur de pilotage, mauvais temps et un contrôle du trafic aérien défaillant.

Mais les nationalistes de M. Kaczynski ont accusé le gouvernement Tusk de négligences dans les préparatifs de la visite présidentielle et de lacunes durant l’enquête. Plus récemment, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine voisine par la Russie, le PiS a attaqué M. Tusk pour avoir conclu des accords gaziers avec la Russie à l’époque où il était Premier ministre. Le PiS a mis en place une commission pour enquêter sur les citoyens susceptibles d’avoir succombé à l’influence russe, en vertu d’une loi surnommée “Lex Tusk” qui, introduite juste avant les élections, devait cibler le leader centriste. Ce projet n’a pourtant pas abouti. La droite nationaliste l’accuse également d’indulgence, voire de dépendance face à l’Allemagne voisine.  Selon Jaroslaw Kaczynski, Berlin souhaite interférer dans la campagne électorale et installer Tusk au poste de Premier ministre.

“Faites attention aux ponts que vous brûlez”

L’inimitié de M. Tusk avec le PiS s’est illustrée sur la scène internationale lorsque le gouvernement de droite a tenté – sans succès – d’empêcher sa réélection au poste de chef de l’UE en 2017.  “Faites attention aux ponts que vous brûlez car une fois qu’ils sont détruits, vous ne pourrez plus jamais les traverser”, avait alors déclaré M. Tusk. Les racines de son caractère combatif remontent à son éducation à Gdansk, sur la mer Baltique, ville qui est devenue plus tard le berceau du mouvement Solidarité.

“Enfant, jeune, j’étais un hooligan typique…”, a-t-il déclaré un jour au Financial Times. Le football est resté une obsession, Donald Tusk étant capable de réciter de mémoire les résultats des grands tournois de football organisés ces dernières décennies.  Il est marié à Malgorzata Tusk, une historienne, et a deux enfants adultes, dont une fille qui est une blogueuse de mode bien connue.

M. Tusk est un fier Kachoub, une minorité slave de la région de Gdansk. Il a découvert ses racines à l’âge adulte, ce qui l’a incité à apprendre la langue.

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