Donald Trump, le retour: les suites sont souvent moins bonnes…

La première fois que Donald Trump a remporté la présidence, en 2016, cela a été un choc. Qu’il l’ait emporté à nouveau en 2024 est absolument irréel. © Getty Images

À quoi peuvent s’attendre les États-Unis pour le second mandat présidentiel de Donald Trump ?

La première fois que Donald Trump a remporté la présidence, en 2016, en défiant à la fois les élites républicaines et démocrates, cela a été un choc. Qu’il l’ait emporté à nouveau en 2024 – après avoir perdu en 2020, incité ses partisans à tenter d’inverser violemment sa défaite, maintenu son emprise sur son parti tout en affrontant une série de quelque 90 inculpations criminelles (avec à la clé des condamnations pour 34 chefs d’accusation), survécu à deux tentatives d’assassinat et surmonté un changement de candidat sur le ticket démocrate – est absolument irréel. Un seul président avant lui, Grover Cleveland, avait réussi à revenir à la Maison Blanche après en avoir été évincé. C’était il y a plus d’un siècle.

La plupart des présidents qui retrouvent leurs fonctions le font sans un contrôle unifié de leur parti au Congrès. Cependant, Donald Trump bénéficie d’un “trifecta”, c’est-à-dire des majorités républicaines à la fois au Sénat et à la Chambre des représentants. Cette configuration lui offre, une fois de plus, l’opportunité de faire adopter des lois plutôt que de se limiter à l’exercice du pouvoir exécutif. Sa victoire entraîne également l’abandon des poursuites judiciaires qui le visaient. Et il sera tentant pour lui de chercher à se venger de ses adversaires politiques.

Tax Cuts and Jobs Act

En 2017, Donald Trump avait dilapidé une bonne part de son capital politique en tentant d’abroger l’Affordable Care Act, aussi connu sous le nom d’Obamacare. Son accomplissement majeur, en réalité orchestré par ses alliés au Congrès, fut une importante réduction fiscale, le Tax Cuts and Jobs Act (TCJA). De nombreuses dispositions clés de cette loi expireront fin 2025, nécessitant l’adoption d’une nouvelle législation pour les prolonger ou les modifier.

Trump a promis diverses réductions fiscales qui, si elles étaient mises en œuvre, coûteraient collectivement des milliers de milliards de dollars au cours de la prochaine décennie. Toutes ces questions devront être résolues dans le cadre du prochain grand projet de loi fiscale. Donald Trump pourrait chercher à réduire les dépenses en faveur des énergies propres, approuvées par les démocrates, afin de combler une partie du déficit budgétaire.

Quelle que soit la direction que Trump fera prendre à l’Amérique, ses effets se feront sentir pendant des décennies.

Les guerres de Trump

Ce ne sera pas une période confortable pour les bureaucrates. L’hostilité de Donald Trump envers “l’État profond” s’est renforcée durant sa période loin du pouvoir ; ses alliés ont élaboré des plans afin d’éliminer ceux qu’ils considèrent comme des conspirateurs ou des sceptiques. Il utilisera son pouvoir exécutif pour annuler les décrets présidentiels de Joe Biden limitant les impacts environnementaux. Il émettra ses propres décrets présidentiels concernant l’immigration, visant à “fermer” la frontière sud et à restreindre le droit d’asile. Ayant promis des droits de douanes étendus contre la Chine, Trump ne tardera pas à montrer sa détermination, peut-être en invoquant des prérogatives de sécurité nationale pour les appliquer sans l’approbation explicite du Congrès. Toutes ces mesures seront contestées devant les tribunaux.

Malgré toute l’agitation et le stress entourant le retour de Donald Trump sur la scène nationale, sa première année pourrait avoir des répercussions encore plus profondes à l’étranger. Sous Joe Biden, l’Amérique a été l’un des principaux soutiens à la défense de l’Ukraine face à l’invasion russe. Trump a promis de régler le conflit dès son élection, avant même son investiture. Un nouvel apport d’aide militaire américaine semble improbable, ce qui transférerait davantage de responsabilités sur les épaules des Européens.

Contrôle des exportations

Bien que Donald Trump se montre hésitant à s’engager dans des guerres traditionnelles, il est enclin aux guerres commerciales. Il est donc probable qu’il intensifie la politique de Joe Biden en matière de contrôle des exportations sur des matériaux stratégiques, tels que les puces avancées utilisées pour l’intelligence artificielle, tout en imposant une série de nouveaux tarifs douaniers punitifs.

Ce mandat présidentiel sera le dernier de Trump. Il pourrait par conséquent réfléchir à son héritage, au-delà de la seule victoire sur ses ennemis politiques nationaux et de son désengagement sur la scène internationale. Après avoir transformé le parti républicain de l’intérieur – en un parti nativiste, protectionniste, sceptique envers l’interventionnisme militaire et, plus largement, envers l’engagement américain à l’étranger – sa victoire garantit que cette transformation idéologique sera durable.

J.D. Vance, le nouveau vice-président, âgé de 40 ans, est l’héritier évident du mouvement Make America Great Again, qui a redéfini le conservatisme américain, à condition qu’il parvienne à rester dans les bonnes grâces de Donald Trump. Quelle que soit la direction que Trump fera prendre à l’Amérique au cours des quatre prochaines années, ses effets se feront sentir pendant des décennies.

Par Idrees Kahloon, chef du bureau de Washington de “The Economist”

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