Des citoyens belges recrutés dans le cadre d’opérations de sabotage secrètes pro-russes

Image d'illustration générée avec l'IA

Une enquête sous couverture de VRT NWS met en lumière le recrutement en ligne d’individus en Belgique par des groupes pro-russes pour des actions de sabotage, de désinformation et de cyberattaques. L’objectif est de créer du chaos et de faire reculer le soutien des pays européens à l’Ukraine.

Une enquête de la VRT révèle que des groupes pro-russes recrutent en ligne des individus pour effectuer diverses missions de sabotage en Belgique et ailleurs en Europe. Ce recrutement passe principalement par la messagerie Telegram. Des administrateurs pro-russes y testent la loyauté des recrues avant de leur confier des tâches bien précises.

Un journaliste de la VRT a réussi à infiltrer l’un de ces groupes qui compte plus de 8 000 membres. Il s’agit d’un groupe qui a déjà paralysé des sites web, notamment de plusieurs communes belges et d’autres sites gouvernementaux, avant les élections locales. Ce journaliste a reçu pour première mission de coller des autocollants anti-OTAN dans le quartier européen de Bruxelles en échange de 50 dollars en cryptomonnaies.

Collage de stickers anti-OTAN dans le quartier européen

Les autocollants envoyés au journaliste infiltré provenaient d’une entreprise chinoise, ce qui rendait difficile l’identification des véritables commanditaires de l’opération. Bien que le journaliste de la VRT n’ait pas collé ces stickers, il a constaté que des messages similaires étaient visibles dans la ville. Cela prouve que d’autres recrues avaient exécuté la mission.

Un cas de sabotage plus grave a été révélé. En janvier 2024, un Ukrainien de 51 ans a reçu 4 000 dollars pour incendier une usine de peinture en Pologne. Heureusement, les autorités ont pu intervenir à temps, ce qui a empêcher l’attaque. L’homme a été arrêté et condamné à huit ans de prison.

Sabotage de véhicules

En Allemagne, des individus recrutés en ligne ont été payés jusqu’à 100 euros pour injecter de la mousse expansive dans les pots d’échappement de plus de 200 voitures, révèle encore la VRT. Cette méthode, bien que simple, a causé des dégâts significatifs. Elle visait potentiellement à perturber la mobilité de certains services ou groupes ciblés.

Dans des discussions privées au sein des groupes de hackers pro-russes, des membres se vantent de leurs exploits en matière de cyberattaques. Un exemple frappant mentionné dans l’enquête est la tentative de piratage d’une installation de traitement des eaux en Lituanie. Grâce aux journalistes lituaniens impliqués dans l’enquête, la VRT a pu confirmer qu’une tentative réelle de hacking avait bien eu lieu.

Un autre type de mission consistait à identifier des comptes pro-ukrainiens sur les réseaux sociaux et à les signaler à un bot automatisé. Ce système permet d’organiser des campagnes de harcèlement ou de signalements massifs pour faire suspendre ces comptes.

Des « agents jetables »

Selon la VRT, toutes ces actions – des cyberattaques aux actes de sabotage physique – s’inscrivent dans une stratégie plus large de guerre hybride menée par la Russie. L’objectif est de créer du chaos, d’alimenter la désinformation, et de faire reculer le soutien des pays européens à l’Ukraine. La Sûreté de l’État belge et l’OTAN confirment cette augmentation du recrutement en ligne.

James Appathurai, secrétaire général adjoint de l’OTAN pour l’Innovation, l’Hybride et le Cyber souligne que cette stratégie vise à compenser l’expulsion de diplomates russes en Europe et à déstabiliser les alliés de l’Ukraine. “De nombreux pays ont expulsé des diplomates russes soupçonnés d’espionnage. Depuis, la stratégie a changé : nous constatons une augmentation du recrutement en ligne pour des activités criminelles. Cela nous inquiète car ce recrutement est difficile à tracer », explique-t-il à la VRT.

La Sûreté de l’État belge met en garde contre l’usage croissant de ces « agents jetables » recrutés en ligne, souvent sans expérience ni compétences pour exécuter ces missions de sabotage parfois risquées. La VRT cite également l’ADIV (l’Agence Défense du renseignement militaire belge), qui alerte sur le fait que ces recrues ignorent souvent qui leur donne réellement les ordres. Ces derniers peuvent être remplacés facilement s’ils échouent ou sont arrêtés.

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