Dégradation de la note de la France par S&P: “un appel à la lucidité”

Roland Lescure © Alain JOCARD / AFP

La dégradation de la note de la France par S&P est “un appel à la lucidité, à la responsabilité” et, “pour convaincre” les agences de notation, “il faut qu’on vote un budget”, a estimé le ministre français de l’Economie Roland Lescure.

“Cette décision de modifier la note de la France (…) à A+, c’est la troisième en un an, les trois agences (Fitch, Moody’s et S&P, NDLR) ont dégradé” la note souveraine de la France, a souligné M. Lescure sur le media français Franceinfo. “Nous ne pouvons pas ignorer ce nuage. C’est au fond un nuage supplémentaire qui s’ajoute à un bulletin météo qui est déjà assez gris. C’est un appel à la lucidité, à la responsabilité”, a-t-il dit.

Vendredi soir, alors que sa décision était attendue fin novembre, l’une des plus grandes agences de notation, S&P Global Ratings, a annoncé abaisser d’un cran sa note de la France, à A+, en invoquant une incertitude “élevée” sur les finances publiques en dépit de la présentation d’un budget pour 2026.

Cette nouvelle dégradation de la note de la France intervient alors que la décision de l’agence Moody’s est attendue le 24 octobre. Elle a lieu un mois après que l’agence de notation Fitch a abaissé la note souveraine de la France, à A+, sanctionnant le pays pour son instabilité politique persistante et les incertitudes budgétaires.

L’incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée

“Pour les convaincre que nos estimations sont les bonnes, il faut qu’on vote notre budget”, a déclaré M. Lescure. “Il y a un débat parlementaire, je ne fais pas le match avant de l’avoir joué”, a-t-il ajouté. “C’est vraiment à nous, et quand je dis nous, c’est à la fois le gouvernement et le Parlement, de convaincre les observateurs, les agences de notation, les marchés financiers”, a-t-il relevé. “On a déposé un projet de budget pour 2026 mardi dernier. Ce projet vise à accélérer la réduction du déficit public à 4,7% du PIB (produit intérieur brut), on est à 5,4% cette année. (…) mais ce budget il faut qu’il soit voté”, a-t-il insisté.

“C’est un élément très important, très important, parce que le 4,7% de l’année prochaine, c’est une première marche. L’objectif absolu, c’est en dessous de 3% du PIB en 2029, ça va nous permettre de stabiliser la dette. Donc, effectivement, ça va demander des efforts”, a-t-il noté. “Malgré la présentation cette semaine du projet de budget 2026, l’incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée”, avait affirmé l’agence S&P vendredi soir.

Selon S&P, si cet “objectif de déficit public de 5,4% du PIB en 2025 sera atteint”, “en l’absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l’assainissement budgétaire sur (son) horizon de prévision sera plus lent que prévu”.

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