“Dans cinquante ans, l’Inde aura une plus grande économie que les États-Unis”

(Photo by Deepak Gupta/Hindustan Times via Getty Images) © Getty Images

En 2075, l’économie indienne devrait dépasser celle des États-Unis. Les caractéristiques de la démographie indienne seraient particulièrement favorables à la croissance du PIB, montre une étude de Goldman Sachs. Mais elles peuvent aussi être son talon d’Achille.

Dans les cinquante ans à venir, le sommet de l’économie mondiale pourrait être sérieusement bousculé. La première économie mondiale, les Etats-Unis, devrait glisser à la troisième place, devancée par la Chine (en 2035 déjà) et l’Inde (en 2075). L’Inde, cinquième économie du monde actuellement, dépasserait également l’Allemagne, le Japon (cette décennie encore) et toute la zone euro (en 2050). C’est ce qu’estime la banque Goldman Sachs dans un rapport qui se concentre sur la montée en puissance du pays le plus peuplé du monde.

En 2075, l’Inde aurait un PIB de 52.500 milliards de dollars (contre un peu plus de 3.000 milliards aujourd’hui). La Chine pèserait 57.000 milliards. L’économie des Etats-Unis doublerait en taille, pour atteindre 51.500 milliards de dollars. La zone euro aura un PIB de plus de 30.000 milliards, estime également la banque.

Quels facteurs vont faire exploser l’économie indienne ?

La force secrète viendrait d’une caractéristique démographique particulière. “Au cours des deux prochaines décennies, le taux de dépendance de l’Inde sera l’un des plus bas parmi les économies régionales”, écrit Santanu Sengupta, économiste spécialiste de l’Inde. Cela veut dire que la population indienne présente l’un des meilleurs rapports entre la population en âge de travailler et le nombre d’enfants et de personnes âgées. “C’est donc pour l’Inde l’occasion de mettre en place des capacités de production, de continuer à développer les services et de poursuivre la croissance des infrastructures”, analyse-t-il.

Mais ce n’est qu’un élément de l’équation. L’expert pointe aussi vers le progrès dans l’innovation et dans la technologie. Cela devrait améliorer la productivité des travailleurs et ainsi renforcer le PIB. Surtout avec une démographie croissante.

Puis le capital et l’investissement sont importants aussi, continue-t-il : “Stimulé par une démographie favorable, le taux d’épargne de l’Inde devrait augmenter avec la baisse des taux de dépendance, l’augmentation des revenus et le développement plus poussé du secteur financier, ce qui devrait rendre la réserve de capital disponible pour stimuler l’investissement”.

Il y a aussi des opportunités du côté des exports. 55 à 60% de la croissance du pays vient actuellement de la consommation intérieure, ce qui est assez bas pour la région. Augmenter les exports améliorerait aussi le déficit commercial. Le pays importe notamment beaucoup de matières premières. Avec une meilleure balance à ce niveau-là, il serait moins vulnérable aux impacts de hausses des prix des matières premières sur l’économie, par exemple, note Sengupta. Dans cette optique, il voit aussi l’énergie renouvelable comme une opportunité pour le pays.

Le talon d’Achille : la population

Malgré les aubaines que la situation démographique présente, il y a aussi des risques. Pour l’instant, le défi de cette population importante est d’utiliser la main-d’œuvre de manière productive et d’augmenter le taux d’activité. Sinon la situation peut plus peser sur l’économie que la porter.

“Le principal risque serait que le taux d’activité n’augmente pas. Le taux d’activité en Inde a baissé au cours des 15 dernières années”, note l’expert, ajoutant que le taux d’activité des femmes est particulièrement bas dans le pays.

Ajoutons qu’il existe un autre risque du côté de la population, en général. Lorsque la démographie est en chute, cela peut se répercuter sur le taux de croissance. Pour l’Inde, ce n’est pas prévu avant longtemps. Mais pour la Chine, c’est déjà le cas. C’est d’ailleurs l’élément que des économistes invoquent pour affirmer que le PIB chinois ne pourra jamais dépasser celui des États-Unis. L’Inde pourrait-elle ainsi même devenir la première économie mondiale ?

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