Daniel Noboa, d’héritier du roi de la banane à président d’Equateur
Fils de milliardaire, quasi néophyte en politique et jusqu’alors simple député, Daniel Noboa a accompli le rêve de son père, cinq fois malheureux prétendant à la magistrature suprême, en devenant à 35 ans le plus jeune président d’Equateur.
Loin d’être un tribun, peu loquace, Daniel Noboa, héritier de l’empire du roi de la banane Alvaro Noboa, est monté en puissance tout au long du scrutin grâce notamment à une présence intensive sur les réseaux sociaux. Arrivé en deuxième position au premier tour le 20 août (24% contre 35% à sa rivale de gauche Luisa Gonzalez) par surprise, il a joué la carte de la modernité dans une campagne marquée par l’assassinat de l’un des principaux candidats, un ex-journaliste au discours anti-corruption.
L’homme se dit de “centre gauche”, mais ce néo-libéral incarne l’élite politique équatorienne issue du monde de l’entreprise privée et proche de la droite. Il s’est présenté comme un soutien des petites et moyennes entreprises, parlant d’incitations fiscales et de facilités de crédit. Il a grandi dans les coulisses des campagnes électorales de son père, mais le teint hâlé et l’allure sportive, il a su se démarquer de l’ombre tutélaire de son géniteur qui, à genoux, Bible en main, demandait aux Equatoriens de voter pour lui.
“Les gens sont enthousiastes, motivés, ils veulent quelque chose de nouveau”, déclarait-il durant la campagne, désireux d’incarner le changement face à Luisa Gonzalez, 45 ans, qui s’est posé en héritière de l’ex-président Rafael Correa (2007-2017), en exil après sa condamnation pour corruption. Ce Correa qu’abhorre son père car il l’avait largement battu au second tour en 2006 (57%-43%).
“Nouvel Equateur”
Divorcé, il est remarié à une influenceuse en nutrition, Lavinia Valbonesi. Ce prospère homme d’affaires a étudié dans les meilleures universités américaines et est titulaire d’un diplôme d’administration publique de la Harvard Kennedy School et d’un master en gouvernance et communication politique de l’université George Washington. Employé pour la première fois à 16 ans comme superviseur d’un chantier de conteneurs, il crée à 18 ans sa première entreprise dans l’évènementiel, avant de rejoindre la Noboa Corporation, l’entreprise familiale, en tant que directeur des affaires commerciales et maritimes.
Ses seules expériences en politique sont deux années passées comme député et président de la commission économique au parlement. Une période durant laquelle ce “fils de” avait été mis en cause dans un présumé conflit d’intérêt pour avoir financé de sa poche le voyage de sept parlementaires en Russie, l’un des principaux marchés du juteux business de l’entreprise familiale du secteur de la banane. En outre, ses ennemis l’accusent d’évasion fiscale.
Il envisage déjà sa réélection
Daniel Noboa envisage déjà sa réélection en 2025 au terme du mandat théorique du président sortant Guillermo Lasso qui avait convoqué des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d’accusations de corruption. “Les problèmes de l’Equateur ne peuvent pas tous être résolus en 17 mois”, a-t-il avancé. Daniel Noboa promet un “nouvel Equateur” qui rompt avec les “vieilles méthodes du passé”. Partisan “d’une main ferme” contre les groupes criminels, il entend ramener “la paix” pour “reconstruire un pays qui a été gravement touché par la violence, la corruption et la haine”.
Il propose pour cela la “militarisation des ports et des frontières, de protéger les voies stratégiques d’exportation et de commerce”, ou encore de développer la “vigilance citoyenne”. Son grand projet: créer une agence du renseignement national qui chapeautera tous les organes de renseignement, y compris l’administration pénitentiaire (SNAI).
Son père Alvaro, 72 ans, avec lequel il partage une passion pour les voitures et les chevaux, lui avait écrit une lettre ouverte de soutien avant le second tour: “Tu étais avec moi, maintenant je suis avec toi pour obtenir la victoire méritée par droit de conscience”.