Croissance du PIB : pourquoi elle n’est pas liée aux heures travaillées

Illustration © getty

Alors que la productivité et la croissance économique sont souvent associées au temps passé au travail, une étude mondiale menée par deux économistes de Berkeley et de la Banque mondiale révèle que le lien entre PIB et nombre d’heures travaillées est loin d’être évident.

La croissance du produit intérieur brut (PIB) n’est pas “significativement associée” à celle du nombre d’heures travaillées, selon une étude récente menée par deux économistes de l’université de Berkeley et de la Banque mondiale.

Pour réaliser cette étude consultée par l’AFP, Emmanuel Saez et Amory Gethin ont eu accès à des données parfois confidentielles de l’Organisation internationale du travail (OIT), de la Banque mondiale ou encore d’Eurostat.

Les deux chercheurs ont compilé ces données afin de dresser un panorama inédit du nombre d’heures travaillées dans le monde, couvrant presque l’intégralité de la population mondiale (97%), à l’exception d’une vingtaine de pays parmi lesquels l’Algérie, l’Arabie saoudite, Taïwan ou la Corée du Nord.

La moyenne mondiale d’heures travaillées a ainsi été calculée à 42,8 heures par semaine pour une personne ayant un emploi.

Des écarts marqués selon les pays et les facteurs fiscaux

Les différences sont importantes entre pays : si les personnes ayant un emploi travaillent plus de 45 heures par semaine au Pakistan, au Bangladesh ou en Turquie, ce nombre se situe entre 30 et 35 heures en moyenne en Italie, au Royaume-Uni, en France ou en Allemagne.

De manière générale, on travaille moins d’heures dans les pays les plus riches et dans les plus pauvres, mais davantage dans les pays émergents, ont relevé les auteurs.

Les deux chercheurs ont par ailleurs observé l’évolution dans le temps des heures travaillées par pays et l’ont comparée à celle du PIB. Ils ont constaté que “la croissance du PIB n’était pas significativement associée à l’augmentation ou à la diminution des heures de travail”.

En revanche, “les impôts sur le travail sont fortement corrélés négativement avec le nombre d’heures travaillées”, ont noté les auteurs. Autrement dit, plus les impôts sur le travail sont élevés, plus le nombre d’heures travaillées est faible.

Enfin, Emmanuel Saez et Amory Gethin soulignent des écarts entre les genres : à l’échelle mondiale, les hommes représentent 65% du total d’heures travaillées, contre 35% pour les femmes.

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