Coup dur pour Poutine : il y aura-t-il un deuxième gazoduc géant vers la Chine ?
Poutine rêve d’un deuxième gazoduc vers la Chine. Le projet vient de subir un sérieux contrecoup avec le refus surprise de la Mongolie. Au point que les spécialistes se demandent s’il ne va pas tout simplement être enterré.
Le “Power of Siberia 2” est un pipeline de 2 600 kilomètres qui devrait relier les champs de gaz de la Sibérie occidentale et la Chine. Il est l’un des projets importants de Poutine et est au cœur d’intense négociation entre les deux puissances depuis plusieurs années. Il devrait permettre à la Russie de fournir annuellement 50 milliards de mètres cubes supplémentaires à la Chine, soit pratiquement autant que ce qui était auparavant fourni par ces mêmes champs de gaz à l’Europe via le gazoduc Nord Stream 1.
Mais, au grand regret de Poutine, cet ambitieux projet en reste au stade des discussions. Un projet qui semble aujourd’hui d’autant plus compromis que l’administration mongole vient de signifier son refus de façon soudaine. Plus inquiétant encore pour Poutine, le sujet ne sera pas officiellement abordé lors de la visite officielle du Premier ministre chinois Li à Poutine la semaine dernière. Ce blocage semble donc avoir eu l’aval tacite de la Chine.
Pourquoi cet important projet semble-t-il subitement remis en question ?
Du côté de la Mongolie, on ne donne pas de raison officielle à ce refus. Parmi les analystes, on suggère que cela viendrait de Pékin pour éviter que la construction du pipeline n’accroisse trop l’influence de la Russie en Mongolie. Car Gazprom souhaitait y garder le contrôle total de la construction du pipeline. Une indélicatesse qui se paierait aujourd’hui au prix fort. La Mongolie reste économiquement très dépendante de la Chine et veille à ne pas offenser Pékin. Xi Jinping ne craint pas non plus de jouer la montre et de se montrer intransigeant puisqu’il a d’autres fournisseurs de gaz. Il n’a pas besoin de gaz supplémentaire avant 2030 et craint aussi probablement d’être trop dépendant du gaz russe. En effet, si le pipeline est construit, la Chine importerait 40 % de son gaz depuis la Russie. Comme l’Europe avant la guerre en Ukraine. En position de force, il exige donc de payer le gaz au même prix que ceux que Gazprom pratique en Russie. Il voudrait aussi que Moscou paie de sa poche les 12,5 milliards que coûterait le pipeline.
Depuis 2019, lorsque le premier gazoduc “Power of Siberia” est entré en service, les exportations de gaz russe vers la Chine ont progressivement augmenté, atteignant 22,7 milliards de mètres cubes en 2023. D’ici l’année prochaine, ce chiffre devrait atteindre 38 milliards de mètres cubes.
Les déboires de Gazprom
Poutine par contre est nettement plus acculé. Car depuis l’invasion de l’Ukraine les cartes de l’approvisionnement énergétique mondial ont été redessinées. Si elle parvient à écouler une partie de son pétrole vers des pays comme l’Inde, la Turquie et la Chine, il n’en va pas de même pour son gaz. Ses exportations par gazoducs ont baissé de plus de 100 milliards de m3, entre 2021 et 2023. Une baisse radicale qui explique les déboires actuels de Gazprom. Des déboires qui ne risquent pas de s’arranger selon le Financial Times. La compagnie gazière ne devrait pas récupérer les volumes perdus en Europe avant 2035.
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Avec un Gazprom dans le rouge, ce gazoduc est donc financièrement crucial pour la Russie. De quoi accepter pas mal de couleuvres, car vendre au rabais vaut mieux que ne rien vendre du tout. La Russie serait donc déjà à la recherche de trajet alternatif, par exemple en passant par le Kazakhstan. En sachant qu’il faut plus ou moins quatre ans pour construire un tel gazoduc, 2030 reste un objectif atteignable.
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