Comment éviter que la France de droite soit dirigée par un gouvernement de gauche
Les appels à une alliance entre macronistes et Républicains se mutiplient. Un déjeuner entre Marine Le Pen et Edouard Philippe sème l’émoi. Gérald Darmanin pose ses conditions à une majorité. Ou comment reconstruite une droite post-gaulliste et éviter le Nouveau Front Populaire au pouvoir.
La France est sociologiquement à droite, mais en raison du front contre l’extrême droite, elle pourrait se retrouver avec un gouvernement de gauche… qui risquerait d’amplifier la colère et nourrir le Rassemblement National.
Cette quadrature du cercle, de nombreux ténors de la droite républicaine et du macronisme l’interrogent, alors que la France se trouve bloquée après le second tour des législatives et l’absence de majorité claire.
Un “bloc central” de centre-droit
Tandis que le Nouveau Front Populaire estime qu’il devrait former le nouveau gouvernement et envoyer un de siens à Matignon, plusieurs voix se sont élevées, ces derniers jours, pour appeler à la composition d’un “bloc central” de centre-droit en alliant les Républicains et les macronistes. Mathématiquement, cela permettrait de composer la première alliance à l’Assemblée.
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, fut le premier à soutenir l’idée. “Ce bloc central, s’il se rassemble, fait 222 députés environ, disait-il à BFMTV. Aujourd’hui, les LR peuvent imposer leurs thèmes et les textes à débattre au gouvernement et à Emmanuel Macron”. Ce bloc permettrait la constitution d’un gouvernement de “12-18 mois autour de 4-5 textes”.
Objectif, évidemment: revendiquer le poste de Premier ministre pour les Républicains. Plusieurs ténors ont abondé dans ce sens: Xavier Bertrand, Olivier Marleix, mais aussi Édouard Philippe, le patron de Horizons. Les ministres Aurore Bergé et Gérald Darmanin défendent aussi cette option qui “pourrait numériquement dépasser le bloc de gauche”, selon Mme Bergé. Résultat: Ensemble, le groupe présidentiel au parlement… est au bord de l’implosion, avec des candidats à la sensibilité de gauche prêtes à s’en aller, dont l’ancienne première ministre Elisabeth Borne.
Le déjeuner sulfureux Philippe – Le Pen
Le macronisme est-il mort? Edouard Philippe, ancien Premier ministre (décidément), a revendiqué son autonomie, dès avant le scrutin. La révélation d’un déjeuner entre le chef de file d’Horizons et de Marine Le Pen, voici quelques mois, fait grand bruit. Une rencontre cordiale au cours de laquelle nous avons surtout acté nos profonds désaccords, se justifie-t-il.
Mais plusieurs représentants du camp macroniste ont regretté ce rendrez-vous, qualifiant notamment cette rencontre de “mauvais signal”. “Il y a entre nous et l’extrême droite un fossé infranchissable” et “c’est un mauvais signal à l’égard du pays que de multiplier les signes qui vont dans leur sens”, a notamment fustigé le président du MoDem François Bayrou.
Le courroux de Gérald Darmanin
Autre révélateur de cette agitation: le positionnement du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Réélu grâce au désistement du Nouveau Front Populaire, et discret entre les deux tours, il se fait désormais plus critique, affirmant qu’il ne “voterait aucun texte” de la gauche si elle venait à vouloir gouverner via le parlement.
Personnellement, il a également la dent dure contre les écologistes: “Je ne peux pas accepter que Madame Rousseau des Verts puisse participer à un gouvernement ou que Madame Tondelier qui a invité (le rappeur) Médine aux Universités d’été qui a des discours extrêmement ambigus sur la laïcité, (ou) qui était du côté de ceux qui envoyaient des pavés sur la tête des gendarmes à Saint-Soline, puisse avoir ma voix”. Cap à droite, donc, pour l’ancien Républicain.
Pendant ce temps, Marine Le Pen souligne que son arrivée au pouvoir n’est que “partie remise”, en dénonçant le chaos parlementaire. CQFD.
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