Le géant américain de l’agroalimentaire Chiquita Brands met fin à ses opérations au Panama, annonçant le licenciement de la totalité de ses employés. En toile de fond : un conflit social majeur lié à la réforme des retraites, des pertes économiques colossales et une instabilité croissante pour les investisseurs du secteur agricole.
Chiquita Brands, multinationale américaine spécialisée dans la production et l’exportation de bananes, a annoncé la fermeture définitive de ses activités au Panama, confirmant le licenciement de ses 1.600 derniers salariés. Cette décision survient après plus d’un mois de grève générale dans les plantations, déclenchée par une réforme controversée des retraites.
“Abandon injustifié de poste”
Début mai, Chiquita Panama avait déjà procédé au licenciement de ses travailleurs journaliers, invoquant un “abandon injustifié de poste”. Les opérations à Changuinola, principal centre de production situé dans la province de Bocas del Toro, frontalière avec le Costa Rica, avaient été totalement suspendues. Un tribunal panaméen a ensuite jugé cette grève illégale, donnant un fondement juridique aux actions de l’entreprise.
Selon la ministre panaméenne du Travail, Jackeline Muñoz, l’entreprise a officiellement déposé une demande pour licencier l’intégralité de son personnel restant. « Il ne reste plus un seul salarié dans l’entreprise », a-t-elle déclaré, évoquant un « choc social majeur » pour l’emploi local. Le gouvernement s’est déplacé sur place pour tenter de négocier une sortie de crise.
Des pertes à plus de 75 millions d’euros
Chiquita estime ses pertes à plus de 75 millions de dollars, en raison des blocages routiers, de l’interruption des récoltes et du gel des exportations. Les tensions sociales ont également paralysé une partie de la région, qui dépend fortement de l’agro-exportation et du tourisme.
Les syndicats, à l’origine du mouvement, exigent le retour à l’ancien régime de retraite, jugé plus favorable, notamment sur les prestations de santé et le montant des pensions. Le gouvernement de José Raúl Mulino, récemment élu, a accepté de proposer un nouveau texte de loi pour rétablir certains droits sociaux, mais conditionne son examen parlementaire à la levée des barrages routiers — ce que les syndicats refusent sans garantie écrite.
La crise dépasse désormais le cadre de l’agriculture. Des grèves parallèles touchent le secteur du bâtiment et l’éducation publique, révélant un mécontentement social plus large face à des politiques perçues comme favorables aux intérêts étrangers, notamment à la suite d’un accord de défense avec les États-Unis prévoyant le déploiement de troupes pour la protection du canal de Panama.