Charles III, un roi milliardaire
Charles III , le roi du Royaume-Uni serait à la tête d’une belle fortune personnelle. Celle-ci serait estimée à 1,8 milliards de livres, soit 2 milliards d’euros.
La discrétion britannique sur ce sujet est légendaire. La valeur totale du patrimoine de Charles III, et donc de sa richesse personnelle, reste un mystère. Un mystère rendu encore plus opaque par l’exemption d’impôt sur les successions dont bénéficient les membres de la famille royale britannique.
Le roi, comme les autres membres actifs de la famille royale, fait partie de ce qu’on appelle parfois la «Firme ». Soit un véritable empire qui, selon Forbes, qui vaut plus de 28 milliards de dollars (près de 25 milliards d’euros). Il comprend le Kensington Palace (572 millions d’euros), le Crown Estate Ecosse (537,4 millions d’euros), le Duché de Lancaster (679 millions d’euros), le Duché de Cornouailles (1,18 milliard d’euros), Buckingham palace (4,5 milliards d’euros) et le Crown Estate (17,7 milliards d’euros)
Tout cela fait que c’est souvent le flou le plus total lorsqu’on cherche à établir la fortune du nouveau roi. Histoire de fêter à sa manière le couronnement de Charles III, qui aura lieu le 6 mai, The Guardian s’est tout de même lancé dans une estimation.
L’enquête complète de The Guardian est à lire en cliquant ici
Des tableaux et des timbres
Sur base d’un premier audit complet de ses biens, le quotidien avance que le nouveau roi est à la tête d’une fortune personnelle de 2 milliards d’euros. Soit trois fois plus qu’une estimation récente du Sunday Times qui l’estimait le 16 avril à 600 millions de livres (soit plus de 670 millions d’euros).
Cette fortune table sur quelques tableaux de grande valeur. Il posséderait ainsi un Monet, un Dali ou encore un Chagall. La liste des œuvres privées comprend aujourd’hui près de 400 pièces dont les 60 œuvres les plus importantes vaudraient à elle seule 24 millions de livres sterling (27 millions d’euros). Et encore, il s’agit d’une estimation basse. Le simple fait que ces objets appartiennent à la famille royale pourrait encore augmenter leur cotte.
Plus surprenante, la collection de timbres héritée de sa mère vaudrait 100 millions de livres (113.2 millions d’euros). Il est vrai qu’elle est, avec ces centaines de milliers de pièces, considérée comme la plus belle collection de timbres au monde. Un Graal absolu dans ce domaine.
Des voitures et des chevaux
Charles serait aussi à la tête d’une très belle collection de voitures de luxe telles que Rolls-Royce, Bentley ou Jaguar. Le Guardian a ainsi recensé 23 véhicules. Mais toutes ne sont pas sa propriété privée. Certaines appartiennent à d’autres ou ont été prêtées par les constructeurs. Enfin quelques voitures sont au «Crown Estate» («au nom de la Couronne»). Elles peuvent donc être utilisées par le roi, mais ne lui appartiennent pas. Dans un calcul prudent, The Guardian estime tout de même la flotte privée du roi à 6,3 millions de livres sterling (7.13 millions d’euros).
Le roi a aussi des chevaux de courses. Il s’agit d’environ 70 pur-sang estimés à pas moins de 27 millions de livres (30.56 millions d’euros) et dont certains ont été offerts à la reine par l’émir de Dubaï et l’Aga Khan. Charles en aurait déjà vendu plusieurs et aurait empoché ainsi 2,3 millions de livres sterling (2.6 millions d’euros).
Mais aussi des bijoux
Enfin il y a aussi une fabuleuse collection de bijoux issue en grande partie de la reine Mary, son arrière-grand-mère. Elle vaudrait au moins 533 millions de livres sterling (603 millions d’euros) pour 54 bijoux privés. Mais là encore, vu la popularité des Windsor, la valeur pourrait exploser si un de ces bijoux atterrissait en salle des ventes.
On notera aussi que cette collection se distingue des fameux joyaux de la couronne. Cette collection est faite de plus de 140 pièces composées de 23 578 pierres précieuses et estimée, a minima, à plus de 3 milliards de livres (3,4 milliards d’euros). Il y a d’un côté les bijoux de la Couronne, conservés à la Tour de Londres, et de l’autre ceux qui appartenaient à la Royal Collection (la collection royale).
Investissements et duchés, la partie la plus secrète de sa fortune
C’est la partie la plus secrète de toute la fortune des Windsor puisqu’ils ont été dissimulés par diverses sociétés-écrans. Ainsi la fortune d’Elizabeth II s’est retrouvée, en 2017 au cœur du scandale des Paradise Papers. Cette enquête sur les pratiques d’optimisation fiscale à grande échelle avait notamment affirmé que la Reine disposait « d’une dizaine de millions de livres sterling d’avoirs dans des fonds aux îles Caïmans et aux Bermudes, des territoires d’outre-mer du Royaume-Uni assimilés à des paradis fiscaux ».
Malgré la situation quelque peu nébuleuse, The Guardian estime tout de même que les investissements de la famille s’élèvent à 142 millions de livres (160.7 millions d’euros à l’heure actuelle).
Mais la véritable vache à lait de Charles est le duché de Lancaster. Soit un domaine foncier et immobilier qui est la propriété de la royauté depuis le Moyen-Âge. Il est des plus rentables puisqu’il affiche un actif de pas moins 653 millions de livres. Et il rapporte pas moins de 20 millions de livres par an (22,6 millions d’euros) toujours selon The Guardian. C’est cependant une moyenne, puisqu’en 2021, il avait remporté 24 millions de livres (27 millions d’euros).
Le palais qualifie le duché de “domaine privé détenu en fiducie pour le souverain”. Il n’en aurait donc que l’usufruit. Mais, dans le fait, pour Lancaster, c’est bien lui qui est le seul propriétaire effectif, précise The Guardian.
Le duché de Cornouailles pour William
On notera que le prince William a lui hérité du duché de Cornouailles, dont la valeur actuelle est estimée à 1 milliard de livres (1,1 milliard d’euros). La pièce maîtresse du duché est un lucratif portefeuille d’actions et d’obligations géré par des conseillers en lien avec les banques de la City. Il se distingue de l’autre duché par le fait qu’ils y ont un droit sur les successions sans héritier. Un bonus qui aurait rapporté l’an dernier plus d’un million d’euros. Le duché rapporterait à William pas moins de 20 millions de livres (22 millions d’euros) par an. Soit des bénéfices tout aussi intéressants que ceux du Lancaster et ici aussi non soumis à aucun impôt sur les sociétés ou les plus-values.
Des biens immobiliers privés d’une valeur de 330 millions de livres, mais un empire immobilier estimé à 25 milliards
Mais la plus grosse part du gâteau est son patrimoine immobilier. Il peut en effet compter sept palais, dix châteaux, douze maisons, 56 cottages (dont deux en Transylvanie, Charles étant en effet un parent éloigné de Vlad l’Empaleur) et quatorze demeures anciennes (dont beaucoup en ruine).
Ce patrimoine n’est cependant pas fait que de belles demeures. Il regroupe aussi, à hauteur de 12,9 milliards de dollars, des propriétés commerciales, résidentielles et agricoles à travers le Royaume-Uni. Celles-ci vont de l’hippodrome d’Ascot à, au moins, trois terrains de golf, une église privée et même Stonehenge. Le tout, selon Forbes, vaudrait 25 milliards de dollars. Buckingham avec ses 775 pièces vaudrait à lui seul 4,9 milliards de dollars.
Néanmoins, presque aucun de ces biens ne lui appartient réellement. Ils font partie du Crown Estate. Comme pour les voitures, il peut en jouir, mais ils appartiennent à la nation. Il ne peut donc pas les vendre par exemple. Selon Forbes, l’ensemble du Crown Estate vaut 19,5 milliards de dollars. Un patrimoine qui génère là aussi des bénéfices annuels. D’autant plus qu’il posséde aussi les fonds marins proches des côtes anglaises et qu’il a donc la main sur l’éolien offshore britannique. En 2020, le Crown Estate a généré près de 500 millions de livres (566 millions d’euros) de revenus et 270 millions de profits (305,6 millions d’euros). Contrairement aux Duchés, les revenus ne vont pas directement au roi, mais au Trésor. Seulement entre 15 et 25% de cette somme est reversée au souverain britannique pour financer les dépenses de la maison royale.
Balmoral et Sandringham
Il y a tout de même deux exceptions notables. Il a ainsi hérité de la reine Balmoral et Sandringham. Soit deux domaines qu’il possède désormais personnellement.
Le château de Balmoral, en Écosse, est estimé à 80 millions de livres Sterling (90,5 millions d’euros), le domaine de 21 725 hectares compris. Lieux mythique depuis la mort de Diana et celle de la reine, il vaudrait cependant moins que le moins connu Sandringham House. Cette vaste propriété dans le Norfolk aurait une valeur estimée de 73 millions de dollars selon Forbes et à pas moins de 250 millions de livres selon The Guardian (283 millions d’euros).
Car outre le manoir – que l’on peut visiter pour près de 26 euros – Sandringham compte des centaines de propriétés locatives. A cela s’ajoute 6 400 hectares de terres agricoles et des locations commerciales.
Rien que ces deux domaines représenteraient donc pas moins de 330 millions de livres (un peu plus de 373 millions d’euros).
Deux domaines sur lesquels le nouveau roi n’aurait pas non plus payé de droits de succession puisqu’il s’agit d’un leg entre monarques. Des biens sur lesquels, s’il était un citoyen lambda, il aurait dû payer une taxe de 40 %. Soit la taxe imposée aux patrimoines dépassant un seuil de 325 000 livres sterling (près de 368.000 euros).
Loin d’être le roi le plus riche
Au cours de son règne de 70 ans, la reine Elizabeth II avait accumulé, selon le Sunday Times, une fortune personnelle estimée à 370 millions de livres (419 millions d’euros). Une fortune qui aura été, principalement pour des raisons fiscales, presque exclusivement transmises à Charles. Le roi d’Angleterre a aussi hérité de son père mort en 2021. On ne connaît cependant pas le montant puisque le testament du prince Philip n’a pas été rendu public. La collection d’art du prince aurait cependant été estimée à 2,3 millions de dollars (2 millions d’euros).
Charles III peut se prévaloir d’une confortable fortune. Il reste cependant bien loin des 30 milliards de dollars du roi de Thaïlande. Et même des 20 milliards de dollars (18 milliards d’euros) du sultan de Brunei ou encore des 5 milliards de dollars (4.5 milliards d’euros) du roi Salmane d’Arabie saoudite. Et même de la très discrète, mais richissime, famille royale de Lichtenstein. Une famille dont la fortune est estimée à 4,9 milliards de dollars (4.4 milliards d’euros).
Si, dans l’absolu, ce n’est pas donné d’avoir une monarchie, David Haigh, PDG chez Brand Finance, cabinet spécialisé dans l’évaluation des marques nuance. Sa société a calculé que, pour un coût total de 330.6 millions d’euros, soit près de 5 euros par an et par habitant, la firme Windsor rapportait plus de 1,9 milliard d’euros aux Britanniques. Une bonne partie des retombées, plus de 566 millions d’euros, proviendrait du tourisme, si l’on inclut les entrées dans les palais royaux, les réservations dans les hôtels ou les restaurants.
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