Cent jours de Trump: 139 décrets, l’économie malmenée, la paix en jachère et des sondages en chute libre


Le président américain est l’un des plus actifs de l’histoire. Mais son comportement erratique et sa vision chaotique portent préjudice à son propre slogan “America great again”. Les sondages sont exécrables. Narcisse, il se voit pourtant le plus beau. “Vous n’avez encore rien vu!”, dit-il. Le monde s’inquiète.
Lorsque certains points du doigt son imprévisibilité ou sa folie, Donald Trump regarde toujours avec mépris. Depuis toujours, dit-il en parlant de lui même, c’est l’intelligence et la stabilité qui le caractérisent. Pas l’ombre d’un doute, au fond de lui.
Ses cent premiers jours à la Maison-Blanche pour un second mandat seraient une tornade, prédisaient les spécialistes. Cette fois, Donald Trump était prêt, sa feuille de route était rédigée et aucun contre-pouvoir ne pourrait se mettre en travers de sa route.
C’est bel et bien ce qui est arrivé. Au moment des cent jours, l’hyperactivité de Donald Trump frappe. Pas un jour sans qu’il ne fasse la une de l’actualité avec une annonce, un retour en arrière, une négociation pour l’Ukraine…
Pas moins de 139 décrets présidentiels ont été signés. Un record.
Roosevelt version chaos
Jamais un président américain n’avait à ce point signé des textes pour changer la donne. Donald Trump rejoint dans l’histoire Franklin Delano Roosevelt, dont le mandat présidentiel, débuté en 1933, avait pour mission de réagir fermement pour sortir de la Grande Dépression.
Ironie du sort, Donald Trump pourrait, lui, précipiter une récession. Les perspectives de croissance sont revues à la baisse et l’économie américaine risque de souffrir de sa fébrilité protectionniste. Son “America Great Again” est devenu une déferlante d’annonces spectaculaires de droits de douane, puis de retour en arrière.
Jusqu’au dernier moment: il vient d’assouplir les mesures prises pour le secteur automobile, tant celles-ci étaient contreproductives. Les experts pointent du doigt une volonté de réindustrialiser les États-Unis, à contre-courant d’un pays qui a fait des services et des technologies sa force dans la bataille.
Le secrétaire d’Etat au commerce, nous diait Tanguy Struye (UCLouvain) dans notre Trends Talk, ne cesse de faire du “damage control“ tant le président n’en fait qu’à sa tête, au risque de se mettre à dos les alliés ou de massacrer des secteurs.
C’est donc Roosevelt, version chaos. Parmi les 139 décrets signés, il y a les droits de douane, mais aussi la grâce pour les émeutiers du Capitole, le retrait de l’Organisation mondiale de santé (OMS) et de l’Accord de Paris sur le climat, mais aussi la pause des mesures pour protéger les États-Unis des cyberattaques, des mesures contre l’antisémitisme sur les campus ou… la volonté d’imposer l’anglais aux transporteurs routiers.
Le retour du bâton
Donald Trump reste plus déterminé que jamais à agir en mettant l’Amérique au centre. Le dollar s’affaiblit, ce qu’il souhaite. Le long terme, c’est une lutte à mort avec la Chine et un nouvel ordre mondial autour d’empires et de zones d’influence.
Pour l’instant, les sondages ne lui sont pas favorables. Donald Trump est plus impopulaire que ne l’était Joe Biden au même moment de sa présidence. Selon une enquête Washington Post/ABC/Ipsos, 53 % des Américains estiment ainsi que l’économie nationale s’est dégradée depuis son entrée en fonction.
Symbole par excellence, son allié Elon Musk, utilisé pour réduire l’administration américaine à la tronçonneuse, a perdu plus de cent milliards de dollars dans la bataille. Du jamais vu
Parmi les alliés canadiens ou européens, la consternation est de mise devant l’agressivité dont il fait preuve. Le lien transatlantique se désagrège, irrémédiablement. Même si certains espèrent que cette tempête finira par faiblir.
On ne pourra pas reprocher au locataire de la Maison-Blanche de tenter tout pour trouver une issue à la guerre en Ukraine, dont il espère la fin pour se consacrer pleinement à l’Indo-Pacifique. Mais le président russe, Vladimir Poutine, le promène et il commence à s’en rendre compte.
La Chine, elle, reste inébranlable, bien que subissant l’effet des mesures, et ressemble même… à un pôle de stabilité pour le monde.
Comment Donald Trump réagira-t-il à tous ses contretemps? “Vous n’avez encore rien vu!” a-t-il lancé devant ses partisans. Le monde, à vrai dire, s’inquiète de ce qui pourrait advenir.
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