Biden ou Trump, la guerre commerciale avec la Chine pour seul horizon

De la guerre commerciale menée par Donald Trump, la politique américaine à l’égard de la Chine est devenue plus ciblée sous Joe Biden. Mais l’un comme l’autre des deux probables adversaires de la présidentielle devrait maintenir le rapport de force avec Pékin.

Car, dans un pays très polarisé, il est un sujet sur lequel républicains et démocrates se retrouvent: la politique à l’égard de la Chine, qui n’ira, selon les experts, que vers un durcissement, quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle de novembre.

“Je pense que la pression ne peut aller que dans un sens à Washington, vers plus d’agressivité” à l’égard de la Chine, estime ainsi Joshua Meltzer, chercheur au centre de réflexion Brookings Institution.

A son arrivée à la Maison Blanche en 2021, Joe Biden a maintenu les tarifs douaniers tous azimuts de son prédécesseur Donald Trump, y ajoutant une série de mesures plus ciblées restreignant l’accès de Pékin aux technologies de pointe ou aux investissements américains.

Dans le même temps, le gouvernement a favorisé la relocalisation mais “le Congrès pousse pour aller plus loin”, souligne M. Meltzer.

L’approche à privilégier, en revanche, diffère entre les deux camps, remarque Jamieson Greer, avocat au cabinet international King & Spalding.

Pour cet ancien représentant de la Maison Blanche au Commerce sous Donald Trump, il y a d’un côté ceux qui voient la Chine comme une menace existentielle tant sur le plan économique que sécuritaire; de l’autre, ceux qui s’inquiètent d’une surestimation du risque chinois qui entraînerait des mesures néfastes pour le commerce et l’économie.

“Embarquer les alliés” ou “s’isoler”

Mais de part et d’autre, l’idée d’un risque associé à la Chine est devenue majoritaire depuis une dizaine d’années.

“Cela a pris de l’ampleur lors de l’élection présidentielle de 2016, lorsque le candidat Donald Trump s’est fait entendre sur les questions commerciales et sur la Chine en particulier”, estime Jamieson Greer, soulignant que le républicain a exprimé quelque chose que beaucoup pensaient sans oser le dire.

De son côté, Joe Biden ne s’attend pas à “conclure un accord avec la Chine qui contiendrait ces réformes et changements majeurs” mais son administration cherchera plutôt à “s’adapter à la réalité” et “embarquer les alliés”, avec aussi l’idée “d’abaisser le risque sécuritaire”, anticipe Joshua Meltzer.

A l’inverse, Donald Trump préférera accentuer la pression sur la Chine pour la faire évoluer, pense le chercheur, en ligne avec son approche durant son mandat et un accord commercial arraché sur fond d’escalade sur les tarifs douaniers.

Le républicain a d’ores et déjà annoncé des tarifs douaniers à 60%, une hausse qui devrait entraîner une riposte chinoise, au risque de paralyser le commerce entre les deux premières économies mondiales, craignent les experts.

“Les Etats-Unis risquent d’être plus isolés”, notamment par rapport à leurs propres alliés, dont beaucoup se méfient déjà d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, craint Joshua Meltzer.

“Restrictions dans le domaine technologique”

Un Joe Biden réélu devrait donc poursuivre sa politique actuelle de mesures ciblées, tout en renforçant la coopération avec la Chine sur des sujets tels que le réchauffement climatique, la nécessité de paraître intraitable face à Pékin se faisant moindre avec un Donald Trump battu.

Quelle que soit l’issue de la présidentielle, la volonté de maintenir l’avantage technologique américain perdurera. “Le gouvernement américain maintiendra les restrictions dans le domaine technologique et en ajoutera même”, dans les biotechnologies ou les véhicules électriques et intelligents, prédit Paul Triolo, spécialiste de la Chine pour la société de conseil Albright Stonebridge Group.

Mais, selon lui, une administration Trump pourrait faire moins en faveur de la relocalisation de la production de semi-conducteurs, ainsi que les investissements locaux dans les véhicules électriques et matériaux stratégiques.

Pour Pékin, batteries et véhicules électriques sont considérés comme un relais de croissance, avec le risque d’une capacité excessive de production.

Et les restrictions pourraient aussi concerner le transfert de données vers des entreprises ou organisations basées en Chine, prévient M. Triolo

Le mois dernier, la secrétaire au Commerce Gina Raimondo a ainsi estimé que les véhicules électriques chinois représentaient un risque pour la sécurité, compte tenu de la quantité de données qu’ils collectent.

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