Bernard Keppenne (CBC) sur les tensions en mer Rouge : “Cela démontre une nouvelle fois la fragilité de nos économies”
La multiplication des incidents en mer Rouge est un vrai sujet de préoccupation, selon Bernard Keppenne, économiste de la banque CBC.
Ce samedi 16 décembre, le destroyer américain USS Carney, opérant en mer Rouge, a abattu 14 drones kamikazes lancés depuis les zones du Yémen contrôlées par les militants houthis soutenus par l’Iran. Cette intensification des attaques contre les navires commerciaux pousse les compagnies maritimes à éviter le canal de Suez. BP a interrompu ses expéditions par la mer Rouge (où transite 12 % du commerce mondial), tandis que le géant belge Euronav a décidé de maintenir temporairement ses navires à l’écart de la zone.
Ces attaques en mer Rouge vous inquiètent-elles ?
C’est un vrai sujet de préoccupation, et ce n’est pas sans raison que les Etats-Unis ont décidé de protéger la zone en déployant une force d’intervention. Cela démontre une nouvelle fois la fragilité de nos économies, le coût de notre dépendance et la nécessité de réfléchir à une réindustrialisation de nos économies.
Doit-on craindre le pire pour le commerce mondial, comme pendant la crise du covid ?
On ne doit pas craindre le pire dans la mesure où il s’agit d’une situation totalement différente, à savoir que le trafic peut être dérouté et que cela ne va pas entraîner en arrêt des livraisons. En revanche, cela va allonger les délais de livraison, ce qui signifie un coût plus élevé pour des compagnies maritimes qui doivent déjà faire face à une forte chute du trafic compte tenu du ralentissement de l’économie mondiale. C’est précisément sur ce point que la situation est totalement différente de celle que nous avons connue au moment de la reprise post-covid.
Quid du pétrole et du gaz dont les prix sont repartis à la hausse ?
On observe effectivement une petite tension sur les prix car si les cargos doivent éviter la zone ils vont inéluctablement consommer plus. Mais comme la demande est inférieure à l’offre pour le pétrole et que les réserves de gaz en Europe sont à des niveaux largement suffisants, il ne faut pas craindre de fortes tensions.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici