Le Premier ministre François Bayrou a fixé au 8 septembre un rendez-vous politique crucial. Face aux risques de censure et aux blocages prévus en septembre, il engagera la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale lors d’un vote de “confiance” exceptionnel, aussi inattendu que périlleux.
L’enjeu ? La question centrale du surendettement de la France et la validation de près de 44 milliards d’euros de mesures pour réduire le déficit public. Selon M. Bayrou, ce vote permettra de consacrer “la dimension de l’effort” avant que ne débute la discussion détaillée sur “chacune des mesures de ce plan d’urgence”.
Un pari politique audacieux pour le Premier ministre, qui place le financement public et la crédibilité de son gouvernement au cœur d’une confrontation inédite avec les députés. Sans “accord” à l’Assemblée, M. Bayrou considérera que “l’action” est “impossible”.
“Faire tomber le gouvernement”
Révélant la dimension périlleuse de ce choix, la France insoumise (LFI, gauche radicale) et le Parti communiste français (PCF) ont aussitôt annoncé qu’ils voteront alors pour “faire tomber le gouvernement”.
Les Ecologistes ont dit la même chose, soulignant que ce vote de confiance était “de fait une démission”.
Le Rassemblement national (RN, extrême droite) a lui aussi assuré qu’il n’accorderait pas la confiance, son président Jordan Bardella prédisant “la fin du gouvernement”, dont le sort dépend désormais du choix du Parti socialiste (PS).
“En l’état, rien ne va et c’est la censure assurée”, avait réaffirmé dimanche le député Arthur Delaporte, ajoutant que les socialistes présenteraient des “propositions alternatives” dans les “prochains jours”.
Lutter contre le “surendettement”
M. Bayrou a répété, lors de sa conférence de presse de rentrée, que sa priorité était de lutter contre le “surendettement” de la France, dans un contexte de multiples appels à bloquer le pays à partir du 10 septembre.
“Y a-t-il ou pas urgence nationale à rééquilibrer nos comptes publics et à échapper, parce que c’est encore possible, à la malédiction du surendettement (…) ? Et cela en choisissant une trajectoire de retour à la maîtrise de la dette en quatre ans d’ici à 2029, en dépensant moins et en produisant plus”, a martelé le Premier ministre d’un ton grave et solennel.
Mais tout à sa volonté de recadrer le débat, il n’a pas abordé le fond des mesures qui composeront son budget.
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Menaces de censure et blocages
Les principales annonces du chef du gouvernement sur ce projet de budget remontaient au 15 juillet. Soit 43,8 milliards d’euros d’économies via de nombreuses mesures : année blanche fiscale, gel des pensions et prestations sociales, suppression de deux jours fériés à laquelle s’opposent 84% des Français selon un sondage.
Depuis, M. Bayrou fait face à une menace de censure brandie par la gauche et l’extrême droite. Il doit aussi affronter des appels à bloquer le pays le 10 septembre, nés sur les réseaux sociaux et soutenus par LFI, qui a dit espérer “la grève générale”. Les socialistes, les écologistes et les communistes appuient également cet appel.
Circonspects face à ce mouvement, les syndicats de salariés, opposés au budget Bayrou comme au projet gouvernemental de réformer à nouveau l’assurance-chômage, réfléchissent à leurs moyens d’action, avant une intersyndicale prévue le 1er septembre.
Après l’expérience de Michel Barnier, Premier ministre renversé au bout de trois mois fin 2024, François Bayrou “ne veut pas subir la rentrée”, avait souligné avant la conférence de presse un de ses proches. “Il ne va pas attendre qu’on le censure comme ça. Sans essayer de trouver des voies, des chemins, de réaffirmer un certain nombre de choses”, avait-il ajouté.
Dans l’actuelle Assemblée nationale, issue du choix de M. Macron en juin 2024 de dissoudre la précédente, le camp présidentiel et la droite, qui forment le “socle commun” du gouvernement, ne sont pas majoritaires.