Axe Trump – Poutine: la diplomatie “en danger de mort”, la brutalité en mode opératoire

Le pacte Trump - Poutine imagé au carnaval de Dusseldorf, en Allemagne. (AFP)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Suspension de l’aide militaire à l’Ukraine, humiliation dans le Bureau Ovale, menaces sur les alliés; droits de douane tous azimuts…: le modus opérandi du président américain rejoint verbalement celui de son homologue russe. La loi du plus fort s’impose. Les empires de retour. Des experts le qualifient de “Trumpine”.

Pour les Européens, la prise de conscience ne date pas d’hier, mais elle s’impose plus violemment encore depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. La loi du plus fort règne désormais et la rationalité a déserté l’arène internationale. Place aux empires et à la prédation.

L’humiliation subie par le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, à la Maison Blanche a sidéré les démocrates. La supension de l’aide militaire américaine plante le couteau un peu plus loin dans le dos.

“La loi du plus fort”

Gabriel Attal, ancien Premier ministre français, a dressé froidement le constat à l’Assemblée nationale française, lundi: la question est existentielle pour l’Europe.

“Le coût d’une victoire de la Russie serait infiniment plus fort que celui d’un soutien à l’Ukraine, estime-t-il. Ce n’est pas une guerre lointaine qui se joue, c’est notre vie quotidienne qui est en jeu. Il n’y a pas de question plus existentielle que ce conflit. La diplomatie est en danger de mort et elle pourrait être supplantée par un ordre mondial brutal fondée sur la loi du plus fort et les instincts de prédation.”

Un autre ex-Premier ministre français, Edouard Philippe, a également des mots très durs: “L’épisode qui s’était passé dans le bureau du président des Etats-Unis avec le présidzent Zelensky était une embuscade. Et la décision américaine de suspendre l’aide militaire est une trahison.”

Outre le clash Trump – Zelensky, la confirmation de droits de douane au Mexique et au Canada, les menaces contre les Européens, les déclarations matamoresques au sujet du Groenland, du Canada ou du canal de Panama: le retour de Donald Trump ouvre une nouvelle ère violente… qui était en gestation.

“L’Europe à la ramasse”

Tanguy Struye, professeur de relations internationale à l’UCLouvain, en avait dressé le constat dans une analyse académique, voici deux semaines, aalysant le retour des Empires. Avec des relents de Star Wars: “L’Empereur vous montrera la vraie nature de la force”.

“Conclusion: l’Europe est complètement à la ramasse face à Trump, Poutine, Xi et Modi. Ca fait 15 ans que les règles ont changé et l’UE n’a rien compris”, ramassait-il.

“Depuis 2010, la relation transatlantique évolue, parce que les Américains se recentrent sur l’Indo-pacifique et principalement la Chine, prolongeait-il au Soir, lundi. Je dirais donc qu’on a eu quinze ans pour se préparer, on ne l’a pas fait et on en paye aujourd’hui les frais. Trump voit une Europe faible et pour lui, tout ce qui est faible est une proie… Ces trois prochaines années, la relation transatlantique va donc souffrir.”

“Trumpine”

“Le clash du 28 février m’a fait penser au 11 septembre 2001, souligne le général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d’Etat major du Shape (OTAN). Tout le monde se souvient où il était et ce qu’il faisait. Dans 40 ans, tout le monde se souviendra du 28 février 2025 parce qu’on a changé de monde”.

Depuis quelques jours, ce consultant militaire a d’ailleurs affublé le président américain d’un nouveau sobriquet: “Trumpine”. Pour lui, il n’y a pas l’ombre d’un doute: Trump est bien l’homme de Moscou.

Et à vrai dire, tout ceci fait froid dans le dos.

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