Attaque iranienne contre Israël : 4 observations de Jonathan Holslag
Samedi dernier, l’Iran a lancé une attaque de drones contre Israël. Le lendemain, l’armée israélienne affirmait avoir repoussé “99 %” des quelque 300 drones et missiles iraniens. Que faut-il en retenir ? Jonathan Holslag, professeur de politique internationale, livre quatre observations.
1. Une attaque de représailles
Selon l’Iran, il s’agissait d’une attaque de représailles, baptisée “Honest Promise”. Représailles suite à une frappe aérienne israélienne sur une annexe du consulat iranien à Damas, la capitale de la Syrie, qui a tué 14 combattants des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
“La frappe iranienne était dirigée contre une cible principalement: la base aérienne de Nevatim, d’où a été menée l’attaque contre le consulat iranien”, résume le professeur Jonathan Holslag sur X. “En ce sens, la contre-attaque iranienne était proportionnelle à frappe. Il ne s’agit pas d’une attaque de grande envergure destinée à faire dégénérer la situation en guerre totale”.
2. Un grand nombre de missiles et de drones ont été interceptés
On sait qu’au moins les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Jordanie ont protégé Israël de cette attaque. “L’aide apportée par d’autres pays provenait principalement de l’extérieur des frontières israéliennes”, note M. Holslag.
Le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, affirme que l’Iran a tiré 170 drones sur Israël, mais qu’aucun n’a pénétré dans l’espace aérien israélien. Ils ont tous été abattus avant d’atteindre les frontières du pays. Les 30 missiles de croisière iraniens n’ont pas non plus atteint l’espace aérien israélien. L’Iran a également tiré 120 missiles balistiques ; certains d’entre eux ont touché le territoire israélien. La base aérienne de Nevatim a été légèrement endommagée.
3. La défense ne s’arrête pas aux frontières
Selon le professeur de politique internationale, nous pouvons tirer une leçon de tactique importante de la réussite de cette ligne de défense par plusieurs pays. Cela prouve l’importance d’une “défense aérienne avancée”. La défense ne commence ni ne s’arrête aux frontières.
Dans le cas de l’aide française et britannique, on sait que des avions de chasse ont décollé pour déjouer l’attaque ; il y a eu une coopération mutuelle. Dans un message condamnant l’attaque iranienne, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a qualifié de “succès” cette réponse coordonnée.
Le président français Emmanuel Macron a donné plus d’explications. Selon lui, la France est intervenue à la demande de la Jordanie. La Jordanie, pays situé entre l’Iran et Israël, a constaté que son espace aérien n’avait pas été respecté. “La France a une base aérienne en Jordanie et nous avons décollé et intercepté ce que nous devions intercepter”, a déclaré le président français à la chaîne d’information BFMTV.
4. La situation reste “très incertaine”
Dimanche, l’ambassadeur d’Iran aux Nations unies mettait en garde contre les conséquences de toute contre-attaque israélienne. Si Israël riposte à la frappe de samedi dernier, l’Iran lancera une attaque encore plus importante, a déclaré l’ambassadeur Amir Saeid Iravani, selon l’agence de presse iranienne Irna.
“Bien que l’Iran ait lancé une contre-attaque relativement contrôlée, l’avenir au Moyen-Orient reste très incertain”, a souligné M. Holslag. “Les forces nationalistes sont puissantes tant en Israël qu’en Iran. Les deux pays sont de plus en plus réticents à recourir à la force. Alors qu’Israël continue de moderniser ses armes nucléaires, l’Iran est dangereusement proche d’une ‘rupture'”.
Israël promet une “riposte” à l’Iran
Malgré les appels venus du monde entier, y compris des Etats-Unis, à éviter une escalade au Moyen-Orient, déjà ébranlé par la guerre dans la bande de Gaza, Israël va “riposter au lancement de ces si nombreux missiles de croisière et drones sur le territoire de l’Etat d’Israël”, a déclaré lundi soir le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, en visitant la base de Nevatim, dans le sud du pays, touchée par une frappe.
Et ce en dépit du fait que le président iranien Ebrahim Raïssi a une nouvelle fois prévenu mardi que “la moindre action” d’Israël contre “les intérêts de l’Iran” provoquerait “une réponse sévère, étendue et douloureuse” de son pays.
Que feront les États-Unis ?
M. Holslag s’intéresse à présent à la position qu’adopteront les États-Unis. Le porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, a appelé à éviter toute nouvelle escalade. Les États-Unis ne veulent pas d’une guerre plus large dans la région. Un responsable de l’administration a également laissé entendre à NBC que le président Joe Biden avait déclaré à Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, que les États-Unis ne participeraient pas à une opération offensive contre l’Iran. M. Kirby n’a pas souhaité confirmer ce message. Toutefois, le président américain a assuré du soutien “inébranlable” des États-Unis à la sécurité d’Israël.
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