Affaire des visas iraniens : Alexander De Croo en première ligne

Hadja Lahbib et Alexander De Croo © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR), est sur le grill de la Chambre, ce mercredi après-midi. Mais la responsabilité semble bien partagée avec le Premier ministre, qui sera lui aussi entendu. La Vivaldi en danger ?

Le secrétaire d’Etat bruxellois Pascal Smet (Vooruit) aurait-il dû vraiment démissionn pour avoir invité une délégation iranienne, comprenant le maire ultra-conservateur de Téhéran, au Brussels Urban Summit ? « Un devoir moral », a-t-il justifié, en laissant entendre que d’autres pourraient s’inspirer de son exemple. Depuis, tous les regards se tournent vers la ministre fédérale des Affaires étrangères, Hadja Lahbib (MR), politiquement responsables pour l’octroi des visas.

Depuis le début de la semaine, les coups de semonce se multiplient pour l’ancienne journaliste de la RTBF. La N-VA demande sa démission, de même que les Engagés ou DéFi : c’est de bonne guerre, venant de l’opposition. Mais au sein même de sa majorité, les dents grincent au plus haut niveau. « On ne distribue pas des visas comme du chocolat », a fait remarquer Georges Gilkinet, vice-Premier ministre Ecolo. « Nous attendons des réponses, cela doit être pris au sérieux », prévient Ludivine Dedonder, ministre PS de la Défense. Nous ne sommes pas loin du lâchage.

Mais ce lâchage ne pourrait-il pas être plus large et menacer l’existence même de la Vivaldi?

Un délicat exercice diplomatique

Le problème, c’est que la ligne de défense de la ministre libérale a changé au fil du temps et remonte désormais… directement vers le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), qui assume et la défend. Initialement, Hadja Lahbib rejetait initialement la responsabilité sur Pascal Smet. Puis, il est apparu qu’un coup de fil entre le secrétaire d’Etat bruxellois et la ministre (ou du moins leurs cabinets) avait changé la donne. Une circulaire ministérielle avait été émise pour demander que l’on traite cet octroi de visas au cas par cas et avec prudence. In fine, il apparaît que les visas en questions ont été accordés sur base d’une procédure express.

C’est le résultat, visiblement, d’une realpolitik enclenchée dès le moment où le ministre bruxellois Pascal Smet avait officiellement invité les Iraniens. En clair : pas question, dès lors, d’humilier ce pays avec lequel la Belgique a négocié la libération d’Olivier Vandecasteele et alors que d’autres Européens croupissent encore dans les prisons iraniennes, dont le Belgo-Iranien Ahmadreza Djalali, professeur invité de la VUB.

Texto, voici ce que dit le cabinet du Seize au Soir : « A partir du moment où une invitation officielle avait été envoyée, un refus (de visa) aurait été vécu comme une humiliation. Notre pays n’a pas voulu prendre ce risque, pour la bonne et simple raison que nous continuons à nous battre pour les droits et pour la libération d’Européens injustement emprisonnés en Iran. »

Voilà donc le Premier ministre en première ligne de ce qui apparaît désormais comme un délicat exercice diplomatique, après la libération d’un otage qui avait déjà nécessité la libération, en retour, d’un terroriste iranien. Hadja Lahbib, dans la tourmente pourrait-elle entraîner avec elle la Vivaldi dans son ensemble ?

La séance au parlement sera orageuse. Le Premier ministre devrait, lui aussi, être interpellé. La crise politico-diplomatique n’a peut-être pas encore livré tous ses secrets. Au vu des relations orageuses entre partenaires et de la difficulté majeure à négocier le moindre accord ambitieux (fiscalité, emploi, pensions…), la chute de la Vivaldi n’est-elle pas une issue possible ? Une sorte de porte de sortie?

C’est peut-ête aller loin, mais dès lors que le Premier ministre se mouille… En Flandre, toutefois, le sentiment prévaut que le MR ne lâchera pas Hadja Lahbib et que l’affaire n’est pas assez grosse pour toucher le Premier ministre.

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