1000 milliards contre une réhabilitation: l’idylle entre Trump et MBS se poursuit

MBS Trump
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a été reçu en grandes pompes par Donald Trump à Washington. © Nathan Howard-Pool/CNP via ZUMA Press Wire

Donald Trump a couvert d’éloges Mohammed ben Salmane mardi à Washington, le défendant vigoureusement concernant l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. En échange, le prince héritier saoudien a promis d’investir 1000 milliards aux États-Unis. Ce rapprochement fait sans doute un malheureux : Israël.

Sept ans après l’assassinat de Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien à Istanbul, Mohammed ben Salmane (MBS) a été reçu en grandes pompes à Washington par Donald Trump. Le président américain a choisi de le laver de tout soupçon dans cette affaire. La mise en cause du prince héritier par les services américains aura longtemps refroidi les relations bilatérales entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite : le chapitre est désormais clos, du moins aux yeux de Trump.

“Vous faites référence à une personne extrêmement controversée. Beaucoup de gens n’appréciaient pas cet homme dont vous parlez, que vous l’aimiez ou non, des choses se sont passées, mais lui (Mohammed ben Salmane) n’était au courant de rien”, a déclaré le président américain.

Trump a continué de défendre vigoureusement son “très bon ami”, s’en prenant vertement à une journaliste d’ABC qui avait posé une question sur Khashoggi. La qualifiant “d’insolente”, il a menacé sa chaîne d’être sanctionnée par le gendarme américain des communications pour sa diffusion de “fake news”.

Cet épisode mis de côté, Trump a couvert MBS d’éloges, saluant au passage son “incroyable” bilan en matière de droits humains : “Nous avons aujourd’hui dans le Bureau ovale un homme extrêmement respecté, un ami de longue date, un très bon ami. Je suis très fier du travail qu’il a accompli. Ce qu’il a fait est incroyable, tant en matière de droits humains que tout le reste.”

Des F-35 pour l’Arabie saoudite, coup dur pour Israël

Outre les louanges, cette réhabilitation passe par quantités d’accords et de promesses bilatérales entre USA et Arabie saoudite. MBS — qui gouverne de facto le royaume saoudien bien que son père, le roi Salmane, reste le souverain — a ainsi annoncé des investissements à hauteur de 1000 milliards de dollars sur le sol américain.

Ces accords concernent notamment l’armement. Trump a ainsi donné son feu vert à la livraison à l’Arabie saoudite d’avions de combat F-35. Cela constitue un rebondissement dans ce dossier hautement sensible. Jusqu’alors, les USA conditionnaient l’envoi de F-35 à la normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël. Finalement, Trump semble laisser tomber cette condition. Tout profit pour Riyad qui, si l’accord se finalise, obtiendra un fameux avantage militaire au Moyen-Orient, devenant le premier pays arabe à bénéficier de ces avions.

Selon les analystes, cette annonce constitue un revers pour Benyamin Netanyahou. “Trump a une affinité plus grande avec les pays du Golfe que n’importe quel président précédent, et sans doute plus encore qu’avec Israël”, a déclaré à CNN Daniel Shapiro, ancien ambassadeur américain en Israël. Il y a fort à parier que Netanyahou tente de convaincre Trump d’annuler le deal ou, au moins, d’y adjoindre d’autres conditions. Mais il semble avoir peu de chances d’y parvenir. Comme souvent avec Trump, les affaires passent avant les questions de politique étrangère.

Bien sûr, Trump n’a pas totalement mis de côté son intention de pousser l’Arabie saoudite et Israël à normaliser leurs relations. Il a à nouveau invité MBS à faire entrer le royaume saoudien dans les Accords d’Abraham. Le prince héritier lui a répondu y être favorable… à condition qu’une solution à deux États soit trouvée dans le cadre du conflit israélo-palestinien. Une voie impensable pour Israël.

Accords sur le nucléaire civil et sur l’IA

Parmi les autres éléments à retenir de cette rencontre, il faut aussi mentionner le fait que l’Arabie saoudite devrait devenir un allié majeur non-membre de l’Otan. Elle rejoindrait alors une liste d’une vingtaine de pays entretenant des relations militaires étroites avec les États-Unis.

Au volet énergétique, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ont ratifié une “déclaration commune” sur l’énergie nucléaire civile. Elle va constituer “la base légale pour une coopération se chiffrant en milliards de dollars sur plusieurs décennies” et “menée dans le respect de règles fortes de non-prolifération”, selon l’exécutif américain.

La discussion entre MBS et Trump a aussi permis d’aboutir à des avancées majeures en matière d’intelligence artificielle, les USA étant prêts à livrer des puces de haute technologie à une société saoudienne d’IA soutenue par Riyad.

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