Festivals cousins
Le Sfinks Mixed anversois et l’Esperanzah! de Floreffe proposent un mode de consommation culturelle se voulant détaché des strictes contingences commerciales. Décryptage.
Depuis 2013, Sfinks Mixed est gratuit. C’est l’un des seuls festivals belges d’envergure libre d’accès avec une programmation qui ne soit ni anecdotique ni purement locale. Depuis 1976, ce rassemblement installé à quelques kilomètres d’Anvers a réuni plus d’un million de visiteurs et 1.198 concerts.
Comme la plupart des prototypes d’été explorant initialement les musiques du monde, le Sfinks a élargi son patrimoine initial aux sonorités urbaines, sans pour autant se laisser vampiriser par elles. Un peu moins de 50 performances en quatre jours y scrutent la planète : de la vétérante du chaâbi algérien Khadija El Bidadouia aux Parisiens bambocheurs Négresses Vertes, des classiques sénégalais Orchestra Baoba à Baloji, belgo-congolais menant l’un des meilleurs groupes du moment. Ajoutez-y des outsiders comme Tassia Reis, jeune Brésilienne adepte de la samba/rap, la Suissesse Laurence Revey à la voix stratosphérique ou cette Esinam bruxelloise qui monte dans l’électro-pop, et les frontières musicales se dissolvent dans le plaisir de la découverte.
Devise qui s’applique à 100 km plus au sud, à l’abbaye de Floreffe pour Esperanzah! , festival à l’ADN cousin du Sfinks. Mêlant arts de la rue, cinéma, débats, animations pour enfants et bien évidemment, le produit d’appel principal qu’est la musique. Trente-neuf attractions où l’on pointe du hip-hop -Veence Hanao x Le Motel, Glauque – et d’autres Belges chercheurs comme Martha Da’Ro aux racines angolaises ou La Malanga, collectif aux convictions salsa des années 1960-1970. Au-delà d’artistes reconnus pour leur science appliquée du live – Caravan Palace, Feu! Chatterton, les soeurs franco-cubaines d’Ibeyi – les musiques noires contemporaines imposent Michael Kiwanuka et Blick Bassy. Le premier, né en 1987 à Londres de parents ougandais ayant fui le régime d’Idi Amin Dada, caresse l’antique fantasme soul d’une mélancolie folk. Alors que le second, un Camerounais né en 1974, a réalisé en 2019, l’album 1958, déjà l’un des plus disques les plus sensibles et élégants de l’année.
Sfinks Mixed, du 25 au 28 juillet, www.sfinks.be
Esperanzah ! , du 2 au 4 août, www.esperanzah.be
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