Entrepreneurs familiaux: la politique pour garder les pieds sur terre
A la tête de leur société familiale, des entrepreneurs attrapent aussi le virus de la politique. Et ils sont de véritables ” slasheurs “: ils combinent plusieurs activités et jonglent avec leurs agendas.
Nous avons rencontré quatre de ces entrepreneurs qui font de la politique. Ils sont conseillers communaux, échevins, bourgmestres ou parlementaires et se sont présentés lors des dernières élections à différents niveaux de pouvoir. Au-delà des quelques piques de campagne qu’ils ont pu s’adresser les uns aux autres, et des positions sur les sujets actuels, nous avons surtout voulu savoir quel impact avaient l’une sur l’autre leurs vies professionnelle et politique.
Et tous vous le diront : être entrepreneur et homme (ou femme) politique permet de rester au contact de la réalité. Rencontres.
“Vous êtes beaucoup plus libre dans votre entreprise que dans la politique” – David Clarinval
Dans le grand hall, les joutes verbales entre majorité et opposition ont laissé la place aux cris du métal que l’on travaille. Un univers on ne peut plus habituel pour David Clarinval, chef de groupe MR au Parlement fédéral, bourgmestre de Bièvre, et cogérant de l’entreprise Clarinval Constructions. De grandes poutres métalliques passent de poste en poste grâce à une grue qui coulisse tout le long du hall industriel. Du soudeur à l’atelier de peinture. Une fois transformées, ces poutres seront acheminées sur chantier afin de construire des étables, des box pour chevaux, des manèges, des halls industriels et logistiques, etc. L’entrepreneur explique le fonctionnement d’une machine de découpe au laser lorsque notre regard est attiré par plusieurs visages sur papier, dans un coin du bâtiment. David Clarinval précise d’emblée que cela n’a rien à voir avec l’entreprise : il stocke simplement ici ses affiches électorales.”
Dans son bureau, quelques minutes plus tôt, le libéral nous détaillait son emploi du temps. D’abord une course d’endurance qui commence dans le zoning de Bièvre, près de Paliseul. “Je commence à 6h30 tous les matins, raconte-t-il. Je suis ici jusque 8 h. Je pars ensuite à la commune les lundis, vendredis et samedis, ou à Bruxelles les mardis, mercredis et jeudis. Je ne dors pas là-bas, je reviens. J’ai aussi beaucoup de réunions communales le soir.” Un rythme de croisière qu’il n’est pas toujours simple de tenir. “La grosse difficulté dans la politique, c’est l’imprévu. Les agendas sont très rarement respectés. Il faut être proactif.”
David Clarinval, son frère Nicolas et sa soeur Sophie ont repris l’entreprise familiale en 2014. Nicolas parcourt les chantiers en tant que chef d’équipe. Sophie est responsable commerciale ainsi que du personnel et du suivi au jour le jour. David s’occupe des tâches administratives, financières et des contentieux. Retraité, Luc, le paternel, n’est jamais loin. Il pianote à côté de nous, sans un mot, sur son ordinateur. C’est lui qui a fondé la société. Fin des années 1970, son frère Jean et lui reprennent les établissements Albert, une entreprise de construction et de machines agricoles déclarée en faillite. Ils travaillent une dizaine d’années ensemble avant de se séparer en 1987. Luc créé alors Clarinval Constructions et poursuit l’activité de construction de bâtiments agricoles et industriels. L’entreprise se développe, puis se scinde en deux : FCM, l’atelier de fabrication des charpentes métalliques, et Clarinval Constructions, l’entreprise de montage sur chantier. Les trois enfants sont aujourd’hui à la tête d’une cinquantaine de travailleurs, répartis entre ces deux sociétés, pour un chiffre d’affaires annuel de 11 à 13 millions d’euros.
D’homme politique à entrepreneur
Diplômé de l’Université catholique de Louvain en 1999, David Clarinval participe à un examen de recrutement au MR et est engagé comme attaché parlementaire au Parlement wallon. Ses thèmes de prédilection ? L’énergie, l’emploi, et la formation.
En 2001, il se présente aux élections locales et devient bourgmestre de sa commune de 3.000 habitants. Quelques années plus tard, en 2004, le Mouvement réformateur est relégué dans l’opposition. Et peu de temps après, à Bièvre, son père connaît des ennuis de santé et doit s’absenter pendant plusieurs mois. David Clarinval rejoint donc l’entreprise familiale en 2005. Depuis cette époque, il assure à la fois ses responsabilités dans la société et son mandat de bourgmestre. Elu à la Chambre des représentants depuis 2007, il devient chef de groupe du Mouvement réformateur au Parlement fédéral en juillet 2017. L’homme politique est donc devenu entrepreneur, et jongle avec ses trois fonctions. “J’ai la chance d’avoir une femme et deux enfants qui sont compréhensifs, mais c’est vrai que je suis très peu présent chez moi. Heureusement, il reste le dimanche.”
Faudra-t-il cependant un jour renoncer à l’une de ces vies ? “Je suis jeune, j’ai une quarantaine d’années, assure-t-il. Mais sans doute, avec le temps, cela deviendra plus difficile. Pour le moment, je vois beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients.” Le libéral siégeait notamment dans la commission des Affaires sociales de la dernière législature. “Contrairement à ceux qui prônent le décumul intégral, je vis les problèmes au quotidien. Dans cette commission, il y avait plusieurs députés, notamment socialistes ou CD&V, qui sont issus du monde syndical. Eux aussi ont une vision très concrète de la vie dans les entreprises. Ce sont des gens pragmatiques. Nous n’avions pas la même approche mais nous avons des discussions plus en profondeur qu’avec certains députés qui sont dans la théorie.”
Ses prises de position au Parlement peuvent-elles nuire à son entreprise ? “Je suis en ligne directe avec Charles Michel ou Olivier Chastel. Le chef de groupe, il est là en ‘soutien d’attaque’, comme nous disons au football : pour défendre le gouvernement. Je suis sans cesse au téléphone pour demander la ligne qu’il faut défendre.” Néanmoins, cela peut être une source d’inquiétude pour les ouvriers… “Mes ouvriers ? Non, ils me connaissent bien. Mais au conseil communal, l’opposition m’a attaqué, avec une motion, sur les visites domiciliaires…”
Pour David Clarinval, l’entreprise est davantage un espace de liberté. “Vous êtes beaucoup plus libre dans votre entreprise que dans la politique. Vous vous levez le matin avec l’envie d’acheter un camion, vous l’achetez le soir même. Celui dont vous avez envie. Au niveau communal, cela va prendre un mois. Le camion que le bourgmestre aura acheté n’est pas nécessairement celui qu’il souhaitait. A la Chambre, c’est encore pire. Si vous avez envie de passer une loi, il faut un an. Et ce n’est pas toujours celle que vous aviez en tête au début. Le chef d’entreprise a donc beaucoup plus de liberté que l’homme politique, mais il est directement responsable. S’il n’a pas les moyens de payer son camion, c’est lui qui aura directement des problèmes. Au niveau communal, comme il y a beaucoup de garde-fous, il y a moins de risques, la responsabilité est plus diffuse.”
Le monde politique est encore assez machiste – Véronique Riez
A Momignies, près de Chimay, à deux pas de la frontière française, Véronique Riez jongle entre l’imprimerie familiale, son échevinat, son mari et ses trois enfants. “Je suis une ‘pièce rapportée’, précise-t-elle d’emblée par téléphone. Je suis l’épouse de l’imprimeur.” Son mari, Vincent Deshorme, a en effet repris l’imprimerie familiale en 1989. Fondée en 1933 par son grand-père, Raoul, l’entreprise se développe en plein centre du village de Momignies avant de s’installer dans le zoning industriel en 1989.
Licenciée en histoire, titulaire d’une agrégation à l’Université de Liège, Véronique Riez enseigne d’abord durant trois ans comme professeure dans le secondaire, avant de rejoindre son futur mari à la reprise de l’entreprise familiale au début des années 1990. Aidé par un employé, le couple propose aujourd’hui l’impression de revues, brochures, dépliants, tracts et affiches. Salariée de l’entreprise, Véronique Riez tient néanmoins un rôle important : elle seconde son mari en s’occupant des clients et de la gestion financière et administrative. Mais elle a aussi une seconde vie…
Véronique Riez a toujours été intéressée par la politique. “On m’a demandé à de multiples reprises de participer aux élections communales, mais j’avais des enfants en bas âge et ce n’était pas évident”, raconte-t-elle. En 2012, elle est à nouveau sollicitée pour les élections communales. Ses enfants, Hugo et Grégoire, sont en secondaire et Anouk, la cadette, termine ses primaires. Elle accepte donc et se lance dans l’arène pour le Parti socialiste. “Quand je me suis présentée, beaucoup pensaient que j’étais plutôt du côté du MR. Cela m’a fait beaucoup rire, sourit-elle. Ce ne sont pas du tout mes idées.”
Véronique Riez a en effet toujours baigné dans un milieu de gauche. Sa grand-mère, par exemple, était très impliquée dans la maison du peuple de son village. Elue au terme du scrutin de 2012, elle est directement plongée dans le bain en devenant échevine de sa commune. Elle est aujourd’hui en charge de l’Enseignement, de la Culture, du Tourisme, de la Participation citoyenne et de l’Egalité des chances.
Pour éviter les conflits d’intérêts, l’imprimerie ne peut toutefois plus compter la Commune parmi ses clients. “Comme nous sommes installés dans le village depuis 1933, la commune de Momignies venait vers nous quand elle avait des travaux d’impression à réaliser. Depuis que je suis échevine, c’est terminé. Cela été parfois difficile à faire comprendre… à mon mari notamment : j’entre en politique et je perds une partie de mon chiffre d’affaires !”
“Je ne suis pas une potiche“
“Il a fallu que je m’adapte à la lenteur de la gestion communale, la lenteur administrative, poursuit l’entrepreneuse. Dans le privé, nous n’avons pas l’habitude d’une telle lenteur.” C’est aussi un nouveau mode de vie à acquérir.
“L’organisation de la vie familiale a été complètement bouleversée”, confie l’échevine. Car ce mandat politique est aussi une affaire de famille. Pour pallier ces réunions tardives, les activités des ados, les longs déplacements, les contraintes liées à l’entreprise, etc., tout le monde est mis à contribution : de son mari à sa maman, en passant par ses enfants. Au travail, ce n’est pas toujours simple. “Je jongle avec les deux jobs en permanence : je remets un prix pour l’imprimerie, puis je règle un problème communal par e-mail, explique-t-elle. Je ne suis pas toujours présente dans l’entreprise. Je pensais, au départ, que mon implication politique allait m’occuper un gros mi-temps, mais il y a certaines semaines, je viens à peine deux jours à l’imprimerie.”
Mais il y a une différence entre monde politique et entreprise qui l’a profondément marquée à son arrivée en 2012. “Le monde politique est encore assez machiste, affirme Véronique Riez. Certaines réflexions m’ont fait tomber des nues !” Quel genre de réflexions ? “Par exemple, ce ne sont pas vos idées ou votre manière de faire qui intéressent certains, mais votre physique.” Des réflexions venant la plupart du temps de personnes plus âgées, y compris dans son propre parti. “J’ai pour habitude de répondre avec humour. En général, cela les perturbe et cela va beaucoup mieux après. Le fait d’avoir de la parité obligatoire sur les listes, la ‘tirette’ 1 homme/1 femme, cela ne leur plaisait pas. Encore maintenant, je pense que nous devons prouver plus qu’un homme. Je me souviens d’un collège communal où j’avais dit : ‘Si c’est une potiche que vous vouliez, ce n’est pas moi qu’il fallait venir chercher’.” Cela ne l’a pas empêchée de se représenter lors du dernier scrutin communal, et d’être à nouveau élue échevine en octobre 2018. Un collège MR-PS où quatre des six mandataires sont des femmes. Véronique Riez était également suppléante pour les dernières élections régionales, avec comme objectif de soutenir la liste PS. “Je ne voulais pas une ‘place de combat’ car ça allait devenir très compliqué. Mon objectif pour l’instant, c’est le niveau communal. Je ne peux pas lâcher mon job d’entrepreneur.”
Je n’ai jamais gagné ma vie avec la politique – Didier Wauters
“Je vous rends vos lunettes, lance Didier Wauters. Il faudra resserrer vos vis avant que vous ne partiez.” Sur la petite table surélevée, le miroir ovale habituellement tourné vers le client a été déplacé pour les besoins de l’interview. A notre gauche sont exposées plusieurs paires de lunettes dans de petites vitrines. Les autres sont soigneusement rangées dans de grandes armoires en forme de malles. Située dans le quartier des Marolles, à Bruxelles, cette boutique est le second magasin d’optique détenu par Didier Wauters et son épouse Barbara.
Son grand-père, Léopold Serpieter, tenait un magasin d’horlogerie, bijouterie et joaillerie à Jette avant d’y ajouter l’optique en 1943, et sa maman, Hélène, y a travaillé un temps, avant de reprendre l’affaire familiale et de s’installer à Laeken avec son mari, Armand Wauters, le père de Didier. En 1993, notre interlocuteur commence à travailler pour l’entreprise familiale, avant de la reprendre à son tour avec son épouse. Il ouvre une seconde boutique en 2017, un magasin qui fait la part belle à des lunetiers plus artisanaux et européens, a contrario de leur premier point de vente, qui privilégie les grandes marques.
Didier Wauters mène aussi une double vie : à côté de son métier d’opticien, il est conseiller communal à la ville de Bruxelles. Lors des avant-dernières élections communales, il a remplacé Joëlle Milquet à la tête de la liste cdH. Il pose d’ailleurs fièrement sur la porte de son établissement, aux côtés de Céline Frémault et de Georges Dallemagne. Selon cette affiche électorale, il était en lice pour la Région lors des récentes élections. “Je suis militant de longue date, explique-t-il. On m’a pourtant souvent dit : ‘Didier, quand on fait du commerce, il ne faut jamais afficher ses couleurs politiques’.”
L’homme n’est pas un nouveau venu chez les humanistes. Sixième d’une famille de sept enfants, Didier Wauters s’intéresse très vite à la politique.
Il s’investit d’abord dans le milieu associatif et lance, notamment, le marché floral de Laeken. “Assez naturellement, on a eu envie d’aller plus loin dans cet engagement citoyen.” Contacté par l’échevin Guy Levacq, il se présente pour la première fois sur la liste électorale PSC en 1994. En 2004, il devient le président du comité de la section locale du cdH de Bruxelles, puis se présente aux élections communales de 2006, qu’il rate de peu. Il est finalement élu en 2012 et devient conseiller communal. Réélu en 2018, il siège aujourd’hui dans l’opposition. “Je n’ai jamais caché mon engagement politique, dit-il. Cela n’a pas eu d’impact, ni positif, ni négatif. Du moins je crois. Les gens viennent chez nous pour la qualité du service. Je pense qu’ils s’en tapent royalement de savoir de quel parti je suis.”
“Si j’arrête la politique demain, il me reste ma boîte“
Chef d’entreprise et conseiller communal. “Je fais deux temps plein dans ma vie, vous pouvez demander à mes employés, sourit Didier Wauters. Et pendant la campagne électorale, c’était trois temps plein.” En rythme de croisière, les conseils communaux se déroulent tous les 15 jours, le lundi, jour de fermeture de ses magasins. Son équipe et lui peuvent ainsi les préparer le lundi précédent. “Dans notre groupe, chacun suit des thèmes. Nous regardons s’ils seront sujets à questions, interpellations, etc. Chacun prépare ensuite son intervention et l’envoie au secrétariat communal pour qu’elle soit inscrite à l’ordre du jour. Un conseil communal dure souvent de 16 h à 20 ou 22 h, voire parfois jusqu’à minuit.” Administrateur, notamment, de Hub.brussels, il prépare et assiste également aux conseils d’administration, organisés en semaine, de l’agence bruxelloise pour l’accompagnement des entreprises.
Pour Didier Wauters, être patron d’une entreprise en même temps qu’homme politique lui permet de bénéficier d’une plus grande liberté. “Je n’ai jamais gagné ma vie avec la politique, explique l’humaniste. Nous recevons deux jetons de présence de 75 euros brut par conseil communal. Vous redistribuez déjà 10% par jeton à votre parti, devez décompter le précompte professionnel, etc. Il ne vous reste plus rien.” Cette indépendance est sécurisante : il n’est pas nécessaire de s’accrocher au pouvoir coûte que coûte pour pouvoir vivre. “Si j’arrête la politique demain, il me reste mon boulot. C’est ma boîte.” Pour l’humaniste, cette sécurité permet aussi de garder une liberté de ton. “On ne m’a jamais imposé quoi que ce soit, explique-t-il. On n’a aucun moyen de pression sur moi. On ne peut pas me dire ‘si tu ne fais pas cela, tu n’auras pas ce poste’…”
Souhaite-t-il pour autant la disparition de ces “professionnels de la politique” qui existent dans tous les partis, y compris le sien ? Didier Wauters plaide pour une mixité des profils. “Si la politique doit représenter la population, j’aimerais qu’il y ait un plombier, un médecin, une assistance sociale, etc., explique-t-il. Je ne veux pas que la politique soit faite que par des détachés de cabinet.”
Au soir des élections du 26 mai, s’il est élu (notre interview a été réalisée quelques jours avant le scrutin), il faudra bien faire un choix : poursuivre sa double vie, s’installer dans l’enceinte régionale ou continuer son aventure entrepreneuriale. “Si je suis élu député, c’est ma femme qui deviendra la patronne ici, assure-t-il. Je ne vais pas cumuler, ça ne sera d’ailleurs pas possible. Je viendrai peut-être de temps en temps pour ajuster une monture… parce que ce sera plus fort que moi.”
L’occasion de revoir le fonctionnement de son entreprise – Laurent Agache
Dans le village de Templeuve, dans la région de Tournai, huit générations de brasseurs se sont succédé à la tête de la Brasserie de Cazeau depuis 1753. Une ferme-brasserie qui a traversé le temps, avec quelques interruptions, notamment durant la Première Guerre mondiale lorsque l’occupant allemand a réquisitionné le matériel en cuivre. La brasserie s’est alors retrouvée dépossédée de ses cuves. L’entreprise a ensuite redémarré en s’associant un temps avec deux autres brasseries locales, avant de reconstruire son outil de production. En 1969, le père de Laurent Agache, le gérant actuel, décide de stopper la production brassicole mais conserve la distribution de bières jusqu’en 1995. L’histoire aurait pu s’arrêter là.
Ingénieur civil de formation, Laurent Agache a travaillé une grande partie de sa carrière dans les travaux routiers, la dépollution de sols et de nappes phréatiques, et les chantiers immobiliers. Mais en 2004, il rachète du matériel d’occasion et réinvestit les anciens bâtiments de production. “Cela a toujours trotté dans un coin de ma tête”, confie le Tournaisien. Il s’associe avec un de ses amis et redémarre la brasserie. Il est aujourd’hui le premier actionnaire de sa société.
C’est en 2012 qu’il a été sollicité pour la première fois pour se présenter sur la liste Ecolo lors des élections communales. “J’ai décliné, explique Laurent Agache. Je n’avais pas l’équipe que j’ai maintenant à la brasserie”. Finalement, il accepte de rejoindre la liste des écologistes pour les élections régionales de 2014 et retente l’exercice lors des élections communales de 2018 à Tournai.
Le temps de la campagne
Les deux mois de campagne électorale ont été éreintants. Pour l’entrepreneur, s’engager en politique ne doit pas être pris à la légère. “J’étais moins présent dans l’entreprise, se souvient-il.
Il faut pouvoir s’appuyer sur une équipe. Il était même temps que ça s’arrête. J’ai passé la fin de l’année, entre Noël et Nouvel An, à rattraper mon retard.” Une période intense aussi pour sa compagne et leurs deux enfants. Mais une campagne payante puisqu’il est élu pour la première fois comme conseiller communal, dans la majorité PS-Ecolo.
Il partage aujourd’hui son temps entre la brasserie, son mandat de conseiller communal à la Ville de Tournai et Start Construction, la société coopérative qu’il a cofondée pour accompagner des demandeurs d’emploi qui veulent se lancer comme indépendants dans le secteur de la construction.
Le temps du mandat est également une source d’enseignement pour l’entrepreneur. “L’inconvénient, c’est l’organisation, explique-t-il. Je dois vraiment revoir la façon dont je m’organise dans l’entreprise. Ce n’est vraiment pas facile, mais cela peut s’avérer nécessaire, cela peut aussi être une manière pour l’entreprise de remettre en question son mode de fonctionnement.” Une occasion aussi pour apprendre à déléguer. “C’est une opportunité. Ce n’est pas facile, mais il le faut.” Pour Laurent Agache, confier une partie de la gestion de son entreprise peut lui permettre d’avoir un regard neuf sur sa société. Epingler ce qui ne fonctionne pas bien et tenter d’y remédier.
Mais pour l’heure, l’entrepreneur sait encore combiner ces différentes vies. Il s’est également présenté sur la liste des écologistes pour les dernières élections régionales. En tant que suppléant, il avait peu de chance d’être élu. Cependant, si on lui confie demain un mandat de député au Parlement wallon, il sera l’heure de faire un choix. “On ne peut pas quitter sa fonction du jour au lendemain quand on est entrepreneur. Si la situation se présente, il faudra prévoir une période transitoire où nous mettrons en place des moyens, en interne, pour reprendre ce que je fais actuellement. Tout en gardant un oeil. Cela reste toujours mon bébé.”
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