Peut-on se déconnecter complètement des réseaux de gaz et d’électricité?

compteur énergie électrique gaz
La seule façon de vous déconnecter du réseau tout en continuant à bénéficier d’électricité, c’est de produire votre propre énergie. © Getty Images
Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Vous estimez que votre poêle à pellets suffira à vous chauffer cet hiver ? Que vos panneaux solaires et batterie combleront vos besoins en électricité ? Pouvez-vous devenir indépendant des réseaux de distribution et tout bonnement vous « débrancher » ?

Les prix du gaz naturel jouent encore aux montagnes russes. Après une forte hausse la semaine dernière, liée à des craintes d’approvisionnement, les marchés se détendent légèrement, notamment en Europe, dans le sillage de déclarations rassurantes des États-Unis quant au conflit entre Israël et l’Iran. Mais pour les consommateurs belges, ces soubresauts tarifaires deviennent lassants.

Marre de subir ces hausses imprévisibles ? Vous avez décidé de reprendre le contrôle de votre consommation. Fini le gaz : place à une chaudière à pellets. Côté électricité, vos panneaux photovoltaïques viennent d’être complétés par une batterie domestique. Votre ambition ? Devenir autonome sur le plan énergétique et ne plus dépendre des grands réseaux publics. Est-ce vraiment possible en Belgique ? Et surtout… est-ce un choix judicieux ?

Que dit la loi ? Peut-on clôturer ses compteurs?

Légalement, rien n’interdit en Belgique de se déconnecter totalement des réseaux de distribution de gaz et/ou d’électricité. Concrètement, il suffit de résilier votre abonnement d’énergie auprès de votre fournisseur. Puis d’introduire une demande de clôture de compteur directement auprès du gestionnaire de réseau de distribution (GRD) responsable de votre localité.

Les GRD actifs en Wallonie sont :

  • AIEG (électricité),
  • AIESH (électricité),
  • ORES (gaz et électricité),
  • RESA (gaz et électricité)
  • et le Réseau d’Energies de Wavre (électricité).

Et à Bruxelles, il s’agit de Sibelga (gaz et électricité).

Une fois la demande acceptée, un technicien viendra sur place pour intervenir sur les compteurs. Il pourra soit les sceller (et les rendre inutilisables), soit les retirer physiquement, selon la situation.

Peut-on être 100% autonome en électricité?

La seule façon de vous déconnecter du réseau tout en continuant à bénéficier d’électricité, c’est de produire votre propre énergie et surtout la stocker. Une installation photovoltaïque et/ou éolienne couplée à une batterie remplit en général cette fonction. En théorie du moins… En pratique, plusieurs obstacles compliquent cette autonomie.

Tout d’abord, l’installation doit être suffisamment puissante pour pouvoir alimenter toute la maison et subvenir à tous vos besoins en énergie, de jour comme de nuit. Et ce, toute l’année. En termes de circuit court, on peut difficilement faire mieux que le combo « panneaux solaires et batterie domestique ». « Sachez cependant qu’une simple batterie domestique ne vous permettra pas de passer l’hiver sur vos réserves », prévient Sibelga. Tout au plus pourrez-vous combler vos besoins durant un voire plusieurs jours, confirme Test-Achats.

En effet, le climat en Belgique est loin d’être favorable pour garantir une autoproduction complète en énergie. Outre le soleil qui fait souvent défaut, en hiver, les journées sont également beaucoup plus courtes et surtout peu lumineuses. Si vous n’optez que pour des panneaux solaires et des batteries domestiques, Il faudra donc investir dans une installation bien plus large. Qui risque de coûter très cher ! Et de ne pas suffire… Même avec des batteries, si la production solaire n’est pas suffisante, vous ne parviendrez pas à stocker suffisamment d’énergie pour couvrir toute votre consommation.

Dernier problème, et pas des moindres : vos talents de bricoleur vous permettront-ils de vous sortir de l’impasse en cas de panne généralisée de votre installation ? Vous ne pourrez plus vous tourner vers le réseau si votre système off-grid vous fait défaut…

Et le gaz, est-il plus simple de s’en passer?

Grâce aux avancées technologiques, se passer du gaz naturel est bien plus facile en Belgique. C’est d’ailleurs l’un des grands objectifs climatiques du pays : mettre définitivement fin aux énergies fossiles. Les nouveaux chauffages fossiles ne seront d’ailleurs plus autorisés d’ici 2050.

Parmi les alternatives, on pensera notamment à la pompe à chaleur (PAC), alimentée en électricité. À condition que votre maison soit bien isolée, la PAC est un système beaucoup plus économe en énergie que les systèmes de chauffage traditionnel. Elle utilise l’électricité pour transférer la chaleur d’une source (air, eau, ou sol) vers un espace à chauffer, ou inversement pour le rafraîchir.

Il est également possible d’investir dans un système de chauffage central fonctionnant exclusivement au bois ou aux pellets. Mais attention, il faut veiller à avoir suffisamment d’espace disponible pour stocker les bois de chauffage ou le pellet.

En revanche, inutile d’espérer chauffer tout un logement avec de simples chauffages d’appoint. Un poêle ou une chaufferette électrique peut convenir pour la mi-saison ou une petite pièce, mais certainement pas pour affronter tout l’hiver belge.

Plutôt un système hybride

Se déconnecter totalement des réseaux de gaz et d’électricité est légalement possible en Belgique. Et sur le papier, de plus en plus de solutions techniques permettent d’envisager une certaine autonomie: panneaux solaires, batteries domestiques, pompes à chaleur ou chaudières à pellets… Mais dans les faits, cette indépendance énergétique reste un défi de taille. Le climat belge, l’irrégularité des énergies renouvelables, les limites du stockage et les coûts élevés des installations rendent une vie 100% off-grid complexe, surtout en hiver.

Pour la majorité des ménages, un modèle hybride – combinant autoconsommation partielle et lien avec les réseaux publics – reste aujourd’hui le plus réaliste. L’indépendance énergétique, oui… mais sans couper les ponts trop vite.

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