Photovoltaïque: le réseau électrique incapable d’absorber l’énergie des 230.000 panneaux solaires de Wallonie
L’ASBL Beprosumer, qui soutient les propriétaires de panneaux photovoltaïques en Wallonie, estime que l’énergie produite par les 230 000 installations photovoltaïques chez les particuliers wallons ne pouvait être absorbée par le réseau électrique local.
L’incapacité à absorber l’énergie entraîne le redémarrage ou l’arrêt des onduleurs solaires, qui convertissent le courant continu produit par les panneaux photovoltaïques en courant alternatif pour alimenter les appareils électriques. Beprosumer a souligné que lorsque les onduleurs sont arrêtés en raison d’une surcharge, cela peut durer des dizaines de minutes, voire des heures.
Jean-Michel Brebant, porte-parole de l’Opérateur des Réseaux Gaz & Électricité (ORES), a confirmé la situation à l’agence Belga. Il a expliqué que la crise énergétique des deux dernières années avait incité les consommateurs à produire eux-mêmes leur énergie, ce qui a généré une quantité importante d’énergie simultanément dans certains quartiers, alors que l’autoconsommation était assez faible à ce moment-là. Cela a entraîné le déclenchement des onduleurs pour éviter une surtension, privant ainsi les panneaux photovoltaïques de produire de l’énergie. ORES est conscient de cette situation et la déplore, car dans certains endroits, son réseau date d’il y a 20 ou 25 ans.
Plan de renforcement du réseau de 3 milliards d’euros
Pour remédier à cette situation, ORES a élaboré un plan de renforcement de son réseau, soumis au régulateur. Le projet, d’une durée de 15 ans, commencerait en 2023 pour se terminer en 2038, avec un budget initial fixé à trois milliards d’euros. Cependant, une dernière étude a indiqué qu’il faudrait un milliard supplémentaire. Selon les projections, le besoin en électricité augmentera rapidement avec l’arrivée de nouveaux équipements électriques, tels que les chauffages et les voitures électriques. ORES a donc demandé à la Commission wallonne pour l’Énergie (CWaPE) d’adapter les tarifs de distribution pour financer son programme.
Consommer de préférence durant les ‘heures solaires’
De son côté, le porte-parole du ministre wallon de l’Énergie, Philippe Henry, rappelle que “les GRD (gestionnaires de réseau de distribution, NDLR.) disposent de moyens importants dans le cadre de leur ‘revenu autorisé’, fixés par la CWaPE. En outre, le gouvernement a prévu une subvention de 168 millions d’euros dans le cadre du plan de relance au bénéfice des gestionnaires de réseau pour moderniser leur réseau. Cette ‘modernisation’ concerne notamment les renforcements et pilotages nécessaires à la multiplication des panneaux photovoltaïques”.
Il ajoute que “notre rôle est de motiver tous les consommateurs BT (Basse Tension, NDLR.) à consommer de préférence durant les ‘heures solaires’. Cela a été prévu par le décret du 5 mai 2022 et devait être traduit par des ‘tarifs incitatifs’ approuvés par la CWaPE à partir du 1er janvier 2024. La CWaPE a malheureusement dû reporter l’introduction de ces nouveaux tarifs au 1er janvier 2026. D’ici là, une demande aux citoyens, sur une base volontaire et gratuite, de consommer de préférence quand il y a du soleil peut être formulée”.
Beprosumer, lui, reproche aux autorités de ne pas avoir tenu de cadastre qui aurait permis de connaître avec exactitude les lieux où les problèmes sont les plus criants. “La question a été posée à la CWaPE qui doit interroger les GRD pour faire un monitoring des décrochages”, répond le représentant du ministre, Eric Biérin. “Nous savons déjà que les GRD sont mal équipés pour identifier les décrochages chez les prosumers qui ne sont pas pourvus d’un compteur communicant. D’où l’intérêt pour tous les prosumers d’en avoir un. Ceux qui en possèdent peuvent, outre une économie sur le tarif de distribution, disposer des informations nécessaires pour identifier les décrochages et chiffrer le manque de productible.”
Déterminer l’urgence des opérations à effectuer
“Pour faciliter ces différents aspects, le gouvernement a décidé une prime de 40% pour la domotique (favoriser le déplacement automatique de consommation vers les moments où le soleil brille) et à 100% pour le placement des compteurs communicants”, complète-t-il.
ORES se basera sur l’origine des plaintes et des signalements ainsi que sur la nature de son réseau pour déterminer l’urgence des opérations à effectuer. “À défaut, ils (les gestionnaires de réseau de distribution, NDLR.) devront compenser financièrement les prosumers qui pourront prouver, sur une période assez longue, l’ampleur du préjudice subi pour leur perte de productible” prévient Eric Biérin.
ORES fait partie des cinq gestionnaires de réseau de distribution en Wallonie.
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