Décrochage d’onduleur: quand le photovoltaïque s’attaque à votre portefeuille
En installant à leur tour des panneaux solaires, vos voisins peuvent potentiellement nuire à votre rendement. Et pour cause: un surplus d’énergie sur le réseau peut impacter le bon fonctionnement du photovoltaïque… et vous faire perdre une partie de votre production journalière.
Les énergies renouvelables – et ce compris le photovoltaïque – gagnent du terrain en Belgique: éolien, co-génération, biométhanisation et bien sûr, panneaux photovoltaïques poussent comme du blé. En 2021, la part d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie s’est élevée à 13,01%. En 2022, cette production a même battu de nouveaux records, avec une croissance marquée pour l’énergie solaire (+35%). L’explication derrière ce boom: la hausse soudaine des factures énergétiques qui pousse les particuliers à investir davantage dans cette transition verte.
Rien qu’en Wallonie, on compte en 2022 une production annuelle d’énergie solaire de 1630,3 GWh pour environ 465.802 foyers, alors qu’elle s’élevait à 1230,1GW pour 351.442 foyers en 2021, selon les chiffres du Service Public de Wallonie (SPW). Un aperçu néanmoins incomplet en raison d’un manque de données relatives aux installations solaires en Wallonie. Toutes les installations de panneaux solaires ne sont en effet pas déclarées aux autorités. Cette estimation doit donc sans doute être revue à la hausse.
Or, une augmentation trop rapide du nombres de prosumers – c’est-à-dire des producteurs-consommateurs d’électricité d’origine solaire – peut poser quelques problèmes en cas de réseau inadapté à l’afflux de production. Il peut en effet arriver qu’une petite installation de production photovoltaïque se déconnecte automatiquement du réseau, c’est ce qu’on appelle un « décrochage d’onduleur ».
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Pourquoi mes panneaux se déconnectent
Certains quartiers, voire villages, ne sont pas adaptés à l’explosion des panneaux photovoltaïques. « Quand il y a trop d’installations photovoltaïques reliées à la même cabine, les onduleurs [un appareil qui convertit le courant continu issu du photovoltaïque en courant alternatif identique à celui du réseau, NDLR] doivent augmenter la tension lorsqu’ils injectent le courant dans le réseau », explique l’ASBL BeProsumer. « La présence d’une nouvelle installation reliée à la même cabine peut donc provoquer une surtension, qui elle-même met à l’arrêt tous les onduleurs des installations qui se trouvent à proximité. »
En d’autres termes, sous l’effet d’un réseau saturé, une sécurité se déclenche. Toutes les installations reliées à une même cabine ne produisent dès lors plus d’électricité durant un certain temps. Par conséquent, le prosumer perd une partie de sa production, et avec elle, une partie de son argent. « Une perte qui se chiffre à des centaines d’euros par an », selon nos confrères de Livios. D’autant que si certains appareils (frigo, congélateur, lave-vaisselle…) fonctionnent durant ce décrochage d’onduleur, le ménage devra puiser son électricité du réseau et donc acheter cette énergie qu’il n’aura pas produite.
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Décrochage d’onduleur, un problème invisible?
Un dysfonctionnement qui fait de plus en plus de victimes en Belgique, à mesure que les installations photovoltaïques se multiplient. En témoignent les plaintes envoyées à l’organisation des consommateurs Test-Achats. Notamment celle d’un consommateur, qui fait état de « 80 à 120 décrochages par jour, pour un total de 8962 décrochages rien qu’en 2022 ».
Pour autant, de nombreux prosumers ne se rendent même pas compte de ces décrochages. La faute au manque de cadastre réel: comme ils ne sont répertoriés nulle part, si vous n’êtes pas un minimum vigilant quant au bon fonctionnement de votre installation, il est facile de passer à côté.
C’est pourquoi l’ASBL BeProsumer appelle les consommateurs à vérifier leur système régulièrement et à « avertir leur gestionnaire de réseau au plus vite, afin que cela soit résolu rapidement ». En attendant, la seule solution pour limiter la casse serait d’inciter les prosumers à consommer massivement durant les pics de production, de façon à éviter un afflux trop important d’énergie sur le réseau. Ou au contraire, d’introduire une forme de pénalisation si l’on consomme trop souvent aux heures pleines. Bref, le bâton ou la carotte, à vous de choisir…
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