Damien Ernst sur la recapitalisation d’Elia: “Le contribuable payera la transition énergétique”

Damien Ernst (ULiège). © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le professeur de l’ULg évoque l’investissement annoncé de la SFPI dans le gestionnaire de réseau électrique. “On a occulté le prix des réseaux”, dit-il. Voici pourquoi nous payerons.

Damien Ernst (ULg), spécialiste de l’énergie, souligne depuis longtemps l’importance des réseaux électriques dans la transition énergétique. Il commente pour Trends Tendances l’investissement annoncé de la SFPI, bras financier de l’Etat fédéral, dans Elia, gestionnaire du réseau.

Les réseaux électriques sont vitaux pour la transition énergétique, l’a-t-on sous-estimé?

J’écris depuis longtemps que ce sera une priorité et que cela représentera des milliards d’investissements. La Boucle du Hainaut, son homologue Ventilus en Flandre, le renforcement des lignes existantes, les interconnexions aux frontières, les îles éoliennes en mer du Nord…: ce sont des chantiers considérables.

Pourquoi Elia doit-il chercher des capitaux?

Il y a déjà eu une augmentation de capital de 600 millions en 2022. Mais dans les réseaux, le gros problème, c’est qu’il y a beaucoup de Capex (Capital Expenditure, du matériel immobilisé). A partir du moment où l’on arrive dans une période de taux d’intérêt très élevés, cela devient difficile de trouver du capital. Il ne faut pas oublier qu’Elia est un monopole régulé: en d’autres termes, le régulateur veille à ce qu’il ne fasse pas trop de bénéfices. Tant que cela reste comme ça, cela devient difficile d’attirer des investisseurs, dès lors que les bons d’Etat rapportent davantage.

De la part d’Elia, c’est un appel à l’aide?

C’est un appel à l’aide, oui. Il ne faut pas oublier non plus que dans la transition énergétique, nous sommes dans un marché de vendeurs: ce sont eux qui fixent les prix. Il y a eu une très forte hausse, ces derniers temps, et le coût du chantier de l’île en mer du Nord a explosé. Dans certains pays, on remet même ces investissements en question.

Au bout du compte, avec cette intervention de la SFPI, c’est le contribuable qui paye?

En fin de compte, c’est le contribuable, bien sûr.

Pourtant, cela avait été nié par les politiques…

On a complètement occulté l’importance des réseaux et le prix que cela coûterait. Je l’avais dit. Maintenant que l’on a décidé de sortir du fossile, d’opter pour le renouvelable et de ne pas investir dans le nucléaire, on n’a plus le choix. Et pour être honnête, dans les calculs, je n’avais pas imaginé qu’il y aurait une telle hausse des taux.

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